15 septembre 2023

Et bien voilà. Après une matinée à lire et griffonner au café de la librairie Ombres Blanches de Toulouse, et la collecte de mes 20 copies chez l’imprimeur, j’ai réussi à attraper le bus de 15h45…et j’ai vendu la première copie à l’arrêt à une connaissance qui rentrait sur ce même bus. (Le caddie a très bien fait l’affaire.)

Cette connaissance était accompagnée d’une Sud-Africaine qui veut des cours de français, nécessaires à son obtention de la nationalité française. Mais avant de s’engager, elle me demande si je parle “le français-français ou le français du Québec”. Je suis tentée de lui demander si elle parle l’anglais-anglais de Grande Bretagne, ou celui d’Afrique du Sud ou de l’Australie comme son amie, mais je n’en fais rien; je réponds simplement qu’après vingt ans en France, tout le monde semble me comprendre sans difficulté.

*

Pourquoi un “nom de plume” ? Autant de raisons que d’écrivains, je suppose. Dans mon cas, ça provient de la réflexion suivante: Dans notre société, à la naissance, un garçon reçoit un prénom et le nom de famille de son père, qu’il conservera toute sa vie. La fille de même, qu’elle gardera toute sa vie ou échangera pour celui d’un mari – reliquats de toutes ces coutumes faisant des femmes des possessions- monnaies d’échange entre familles.

L’intérêt du nom de plume pour ceux et celles qui préfèrent réserver ce nom de naissance (ou de mariage) à leurs obligations civiles, est de pouvoir inscrire leurs écrits sous un nom choisi librement et qui leur soit réservé. Dans ce cas-ci, ce nom de Maria Damcheva a une profusion de significations personnelles qui se rattachent à la voix , à la musique et à la parole. Il me fait un peu l’effet d’une ombre protectrice et bienveillante.

*

Ombre envers laquelle j’ai envie de m’excuser quand vient la déception cuisante en tournant les pages, à la vue des erreurs de mise en page que je découvre. Evidemment, à l’échelle des catastrophes affligeant le Maroc, la Libye, l’Ukraine, l’Ethiopie – et j’en passe – les déplacements de blocs de texte et autres problèmes que je découvre ne méritent même pas une mention, mais il ne s’agit pas de cela. “J’ai la honte”, comme disent les jeunes ici, d’un rendu aussi peu professionnel; je me vois mal demander qu’on paie pour une mise en page d’un tel amateurisme. Que dire. La honte, c’est tout, et mes excuses aux personnages que je souhaitais honorer en leur fournissant la “maison” d’un vrai livre. Apparemment, dans ce cas-ci, ils devront se débrouiller dans une “maison” comme celle dans le conte dans laquelle ils devront passer l’hiver, après l’incendie.

Presque le sentiment d’une fatalité, en fait. Comme si l’objet- livre était à leur image.

*

Je clos sur une réflexion sans rapport avec ce qui précède: En lui-même et de lui-même, Vladimir Poutine est un vaste angle mort. Qui règne sur une cour de gens qui acceptent de nourrir, et de se nourrir, de cet angle mort et de répandre l’aveuglement aussi largement qu’ils le peuvent. Apparemment, vivre dans un angle mort convient assez à beaucoup, beaucoup de monde. Ça signifie aussi une vie en enfer pour ceux et celles qui voient.

*

Well, there it is. After a morning spent reading and scribblling in the coffee shop at the Ombres Blanches Bookstore in Toulouse and retrieving the 20 copies of my book, I managed to grab the 3:45 bus…and sold the first copy at the bus stop to an acquaintance riding home on the same one.

This acquaintance was with a friend from South Africa who needs French conversation lessons in order to obtain her French citizenship. But before committting to language lessons, she wanted to know if I speak “French-French or French from Québec”. I was tempted to ask her if she spoke English-English, or the versions spoken in South Africa or in Australia, like her friend. I didn’t. I simply said that after twenty years in France, people seemed to understand me quite well.

*

Why a pen name ? There are as many reasons as there are writers, I suppose. In my case, it flows from the following reflection: In our society at birth, a boy receives a personal name followed by the family name of his father, and keeps both for his whole life. The same is true for a girl, except if she marries and takes on her husband’s family name. A relic of all those centuries of women being possessions to be exchanged between families.

For those who prefer to keep this birth or marriage name for their civil obligations, a pen name allows to place the writing under a chosen identity reserved to it. In this case, the name Maria Damcheva carries a number of personal meanings relative to voice, to music, and to words, with personal connotations of a benevolent and protective shadow.

*

A shadow to which I feel an urge to apologize for the crushing disappointment in discovering the layout problems as I turn the pages. Obviously, on the scale of the disasters afflicting Morocco, Libya, Ukraine, Ethiopia – and more – the shifts in blocks of text and other problems don’t even rate a mention; but that’s not the issue. “I have shame” as the kids say over here as I view such an unprofessional appearance, and can’t see myself asking anyone to pay for such an amateurish result. What can I say. Shame sums it up, with my apologies to the characters I wished to honour by providing them the “home” of an honest-to-goodness book. Apparently, in this version, they’ll have to make do in something resembling the “home” in the tale in which they will have to spend the winter, after the fire.

In fact, almost the feeling of a fatality. As if the book-object was in their image.

*

I close on a reflection unrelated to what appears above : In and of himself, Vladimir Putin is a huge blind spot. Who reigns on a Court of people who accept to feed this blind spot, to feed off it and to spread the blindness as far and wide as they can. Apparently, living in a blind spot suits a lot, a lot of people, more or less. It also means living in hell for those who see.

Leave a comment