
Ça n’a rien à voir, évidemment, mais après avoir lu et re-lu la traduction par André Markowicz du poème de Li Shang-Yin (812-858)* où il est question du piège de fer que les Chinois de l’époque posaient dans la mer pour le corail s’y agrège, les mots du Full fathom five thy father lies of his bones are coral made de Shakespeare dans The Tempest se présentent d’eux-mêmes, parce que c’est comme ça que fonctionnent les associations – soit par un mot, une tonalité, une odeur, une sensation en rappelant une autre – fils ténus comme “les fils de la Vierge dans la brise“.
*
Tel est l’entrée de journée dans ce dimanche à 16 petits degrés sous un ciel encore enclin à la pluie et où je me demande si le début de la peinture d’une fresque murale extérieure par des amies aura bien lieu ce matin. Le contraste ne saurait être plus brutale avec l’épisode caniculaire dont nous venons de sortir, épisode qui semble avoir été fatal au développement des kakis sur l’arbre dans la cour de l’école de cirque derrière chez moi.
*
Pendant ce temps ici, entre séances d’écriture à partir de souvenirs dans l’ordre où ils se présentent, je lis plus d’un seul livre à la fois, comme d’habitude selon…je ne sais pas, l’impulsion du moment, je suppose.
Impulsion qui m’a fait ouvrir hier soir, plutôt que les Contes de la solitude d’Ivo Andric**, Une histoire de la résistance en Europe occidentale par Olivier Wieviorka***. Je n’en suis qu’aux premiers chapitres, mais la présentation de l’auteur est telle qu’on dépasse enfin le récit purement national que chaque pays européen a construit à partir de la résistance sur son propre territoire durant la 2e guerre mondiale, pour une vue d’ensemble des réalités – disputes et tiraillements compris – de ce que furent ces mouvements. Née immédiatement après cette guerre et sous d’autres cieux, je n’y étais pas, évidemment, mais de ce que j’ai connu de divers milieux politiques dans ma vie, la description des embrouillaminis entre divers services me paraît terriblement parlante – et doit être tout aussi parlante de nos jours, lors des prises de décision concernant l’aide à l’Ukraine dans la guerre que lui mène la Russie. Les “heures glorieuses” existent, bien sûr, mais surtout en rétrospective, une fois tombée la poussière des embrouilles, et que la victoire a fourni le baume nécessaire.
*
Aujourd’hui ? Le régime habituel : marché du dimanche, écriture, lecture.
*André Markowicz, Ombres de Chine, Douze poètes de la dynastie Tang (680-870), éditions inculte/dernière image, 2018
**Ivo Andric, Contes de la Solitude, nouvelles traduits du serbo-croate par Sylvie Skakic-Begic, Pascale Delpech et Mauricette Begic, éditions Zulma 2023
***Olivier Wieviorka, Une histoire de la résistance en Europe occidentale, éditions Perrin, 2023
*
This is totally unrelated, obviously, but after reading and re-reading André Markowicz’ translation of a poem by Li Shang-Yin (812-858) in which there is mention of the iron trap the Chinese of that period would set down in the sea so coral would grow on it, the words Full fathom five thy father lies of his bones are coral made from Shakespeare’s The Tempest show up on their own, because that is how associations work – either through a word, a tone, a smell, a sensation calling up another – like those gossamer thin clouds known in French as “the Virgin’s threads”.
Such is the introduction to this Sunday with 16 tiny Celsius degrees under a sky still leaning toward rain and where I ask myself if my friends will really begin painting the outdoor mural this morning. The contrast could not be more brutal with the heatwave from which we’ve just emerged, an episode that seems to have been fatal to the development of the kumqats on the tree in the yard at the circus school behind my place.
*
Meanwhile, between writing sessions based on memories in whatever order they show up, I’m reading more than one book at a time, as usual, depending on…I don’t know, the impulse at that moment, I suppose.
Impulse that led me to opening Olivier Wieviorka’s History of the resistance in Western Europe, rather than Ivo Andric’s Tales of Solitude. I’m only on the first chapters but such is the author’s presentation that we are finally taken beyond the purely national tale each country has built up about the resistance on its territory during the 2nd World War, for an overall view of the realities – including the arguments and inside fighting – of what those movements were about. Born immediately after this war and under other skies, I wasn’t there, obviously, but from what I have experienced of various political environments, the muddles between various services strike me as most telling – and they must be just as telling nowadays over the decisions for aid to Ukraine in the war launched against it by Russia. The “glorious hours” exist, of course, but mainly in retrospect once the dust of kerfuffles has settled and victory has provided the necessary salve.
*
Today ? The usual program – Sunday market, followed by writing and reading.