
J’occupe la chambre du fils aîné, au rez-de-chaussée (dorénavant, il habite à Toulouse). La chambre contient encore les traces de ses divers enthousiasmes d’un plus jeune âge, dont une collection de bd des Lapins Crétins.
Je m’éveille en pleine nuit, aux cavalcades des deux chats dans l’escalier. J’arrose et je cueille des tomates, je découpe des articles, je lis, en alternance, Ottoline et le vétérinaire des monstres * de Yann Appery et La vallée de la Sinistra d’Adam Bodor**, j’écris entre les collages d’articles, dans l’autre cahier, quelque chose qui a commencé sur les mots : “À force de me taire, j’en suis venue à vouloir te parler de monstres, de vrais. À vouloir t’obliger à regarder certaines horreurs en face. Mais je ne le fais pas. Pourquoi? Parce que je crains que tu n’y trouves rien d’autre que motifs pour te plaindre, pauvre prisonnière de tes propres malheurs – les inventés et les réels qui en ont découlé.”
Tournent en boucle dans ma tête, ces mots de la chanson Pourquoi chanter, interprétée jadis par Louise Forestier: “pour le plaisir de faire plaisir, d’inventer quelque chose.”
Inventer.
Je suis à l’autre bout de la ville. Impression d’autarcie partagée avec deux chats.
* Yann Appery, Ottoline et le vétérinaire des monstres,éditions Pocket Jeunesse PKJ, 2023
**Adam Bodor, La vallée de la Sinistra, éditions Cambourakis, 2014
*
I’m settled into the eldest son’s bedroom on the ground floor (he now lives in Toulouse). The room still holds traces of his various enthusiasms from younger years, including a collection of the cartoons of the Lapins Crétins (Dumb Rabbits).
I wake up in the night to the sound of the cavalcade of the two cats in the stairs. I water and pick tomatoes, cut out articles, read, alternating between Ottoline et le vétérinaire des monstres by Yann Appery and La vallée de la Sinistra by Adam Bodor, I write between a collage of articles in the other notebook, something that started with the words : “Having kept silent for so long, I developed an urge to speak to you about monsters, real ones. An urge to force you to look squarely at certains horrors. But I don’t. Why ? Because I fear that you might find in them nothing other than an excuse to complain, poor prisoner that you are of your own miseries – those you invented and the real ones that flow from them.”
Looping in my head, words from the song Pourquoi Chanter ? (Why sing?) interpreted by Louise Forestier: “for the pleasure of pleasing someone, of inventing something.”
Inventing.
I’m at the other end of town. An impression of autarky shared with two cats.
2 chats = 1 chien?
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hm…pas vraiment, non; les chats se promènent tout seuls 🙂
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