Je prends mes marques – la chambre, les chats, la cuisine, le jardin. La chatte de douze ans vomit – à surveiller. Le temps est estival. Dans le salon : une pile de Téléramas couvrant une dizaine de mois et, en les feuilletant, l’impression d’un précis du prêt-à-penser d’une certaine catégorie de gens “cultivés” (catégorie à laquelle j’appartiens). L’effet cumulatif: celui d’un papillonnage au royaume de la bien-pensance, l’idée étant d’être au courant, afin de pouvoir échanger de façon informée lors d’un dîner entre amis – savoir que tel film est “d’une sensibilité troublante”, tel documentaire “sidérant”, et ainsi de suite. Une sorte de bon goût passif, en somme, sur tous les sujets “qui comptent”.

Evidemment, il faut savoir – comment agir, sinon ? Mais, souvent, agir ne semble pas une priorité réelle – au final, un trop-plein d’information ayant un effet aussi paralysant qu’un trop peu, je crois.

Mais bon. Je découpe certains articles – se dessinent les contours d’une sorte de collage impressionniste. Les mots suivront. J’ai apporté un cahier vide pour ce qui se présentera.

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pensée à un jeune homme (début de la trentaine) que je ne connais que par son surnom et avec qui j’ai mangé mardi (lorsqu’il est en ville, nous alternons les repas chez lui et chez moi). Il a un Master en sociologie, fait son beurre en travaillant deux mois par année dans une fabrique de vin industriel (après description du processus de fabrication, je ne recommande pas l’achat du vin en ‘cubi’). Avec ces deux mois de salaire pour un travail éreintant, il vit pour l’année sur un peu moins de 5 000 €.

Conversations des plus intéressantes pour les perspectives qu’elles ouvrent sur l’activisme contemporain comparé à ce qu’il était lorsque j’avais cet âge. Chose certaine, l’âge des illusions est bel et bien du passé – ce qui n’implique nullement l’ensommeillement dans la passivité.

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Getting my bearings – the bedroom, the cats, the kitchen, the garden. The twelve-year old cat vomits – must keep an eye on this. The weather is summer-like. In the living room: a pile of Téléramas covering some ten months and, leafing through them, the impression of a compendium of correct-thinking for a certain category of ‘cultured” people (category to which I belong). The cumulative effect: like flitting though the kingdom of correct-thinking, so as to know what to say in an informed way during a dinner with friends – knowing that such and such a film is “terribly moving”, such a documentary “astounding”, and so on. Basically, a kind of passive tastefulness on all the topics that “matter”.

Of course, we need to know – how can we act, without knowledge ? But often, acting doesn’t seem to be a real priority – the upshot often being that too much information is as paralyzing as too little, I think.

But so be it. I cut out some of the articles – the contours of a kind of impressionnistic collage are taking shape. Words will follow – I brought along an empty notebook for whatever shows up.

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Thoughts about a young man (in his early thirties) I know only by his nickname and with whom I ate on Tuesday (when he’s in town, we alternate with meals at my place and at his.) He holds a M.A. in sociology, earns his keep by working two months a year in a factory producing industrial wine (after listening to his description of the production process, I do not recommend buying your wine in a box.) With those two months of back-breaking work, he lives off some 5 000€ for the rest of the year.

Most interesting conversations for the perspectives it opens up on contemporary activism compared to what it was when I was that age. One thing is certain – the age of illusions is dead and gone – which does not in any way imply a slumbering into passivity.