
C’est curieux : parfois, au réveil, les rêves sont encore présents, mais ils refusent le mode narratif du monde éveillé; mêmes les images demeurent réfractaires à la description, parce que leur sens est ailleurs, sortes de messages cryptés ou augures que l’on comprendra plus tard.
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Temps gris et automnal, rien à voir avec la déferlante de feu qui a ravagé la Grèce et Corfou.
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Plus le niveau des horreurs monte comme une eau sale, plus je suis consciente de la nécessité de faire preuve de prudence face à l’extrême mauvaise foi dans laquelle nous baignons constamment; elle nous place à risque de sombrer, soit dans des protestations d’indignation impuissante, soit dans le découragement de type ‘à quoi bon protester, ils sont les plus forts.’ Ce qui, nécessairement, garantit la victoire à la mauvaise foi. Chaque jour, l’annuler de l’intérieur et poursuivre sa route, je ne trouve aucune autre façon d’exprimer ce que je veux dire.
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Nouvelles au sujet de la jeune ukrainienne et de ses cours de français à Albi: sa mère a dû se résoudre à l’héberger chez deux vieilles ukrainiennes en pleine dépression. Heureusement, les cours sont de 8h à 17h, avec des compagnons agréables et un prof excellent. Il n’empêche que, question santé mentale, les nouvelles leur provenant d’Odesa n’ont rien pour simplifier la donne. Mais les tyrans n’en ont rien à foutre de la santé mentale, notion en contradiction totale avec leur façon d’être.
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Correction de texte; j’en aurai fini demain au plus tard. Je reprendrai alors le travail sur un autre écrit laissé en plan.
(L’illustration se lit “Quand la loi se fout du dictionnaire”, mais j’ai surtout l’impression que nous vivons une époque où la loi se fout de la signification des mots – je pense ici tout spécialement aux récentes lois en Russie dé-pénalisant les horreurs qu’inflige son armée sur l’Ukraine et sur le monde. Des lois nazies dans la pleine acceptation du terme, quand la commission du mal devient un devoir, et son évitement, un crime.)
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Odd: sometimes upon waking, the dreams are still present but they refuse the narrative mode of the waking world; even the images remain opposed to description, because their meaning is elsewhere, like encrypted messages or omens to be understood later.
A grey and autumnal day, nothing like the fire storm that ravaged Greece and Corfu.
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As the level of horrors keeps growing like the rise of dirty water, I’m ever more aware of the need to be careful of the extreme bad fatih in which we are plunged constantly; it places us at risk of sinking, either into powerless sputtering, or in discouragement of the ‘what’s the use, they are the strongest’ variety. Which, necessarily, guarantees the victory of bad faith. Every day, cancelling it internally and keeping on one’s way, I can’t think of any other way to express what I mean.
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News concerning the young Ukrainian and her French classes in Albi: her mother had to settle to having her stay with two old Ukrainians in full-blown depression. Luckily, the classes run from 8 AM to 5 PM, with pleasant companions and an excellent prof. Still, as far as mental health goes, the news from Odesa have nothing to make matters simpler. But tyrants couldn’t care less about mental health, a notion in total contradiction with their way of being.
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Text editing: I should be done by tomorrow. I’ll then pick up on another piece of writing I left unfinished.
(The illustration reads “When the law doesn’t give a damn about the dictionary” but I feel as if we’re living through times when the law doesn’t give a damn about the meaning of words, period – special mention here to the recent Russian legislation de-penalizing the horrors its army is inflicting on Ukraine and the world at large.Nazi laws, in the full meaning of the term, where the commission of evil becomes a duty and its avoidance, a crime.)