
Il y a un peu de tout dans notre famille – comme dans bien d’autres, je suppose : des succès, des échecs, des partis sans laisser d’adresse… De temps en temps, je lance une recherche au sujet de ceux appartenant à cette dernière catégorie. Samedi, je suis tombée sur des informations les concernant; aux dernières nouvelles, ils seraient toujours vivants. C’est bon à savoir. Mais on se croiserait dans la rue, je ne suis pas certaine qu’on se reconnaîtrait. Bonne continuation à eux, que dire de plus ?
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C’est la partie de cette longue nouvelle que j’ai eu le plus de mal à écrire – et que je trouve la plus difficile à réviser. Les “histoires d’amour” semblent un genre parfaitement convenu; pourtant, comme dit Moïra dans Une Poule Avertie en Vaut Deux, c’est un mot tellement vaste, amour, qu’on peut y mettre tout et son contraire dedans. Et l’ironie lui vient plus facilement que les déclarations rose bonbon, c’est le moins que l’on puisse en dire.
Alors, je procède lentement. Mot à mot, en fait. Et pour m’accompagner dans cet exercice, la 6e Élégie du Nord d’Anna Akhmatova, celle qui s’ouvre sur les mots “Les souvenirs passent par trois époques“; cet exercice requiert une concentration sur la première de ces trois époques lorsqu’on “se croirait hier” – non pas pour y reproduire ce qui fut, mais pour retrouver quelque chose des émotions pouvant agiter une jeune femme de 26 ans au parcours chaotique.
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A part ça, à part ça ? Rien de particulièrement intelligent à ajouter. Dimanche. La terre tourne et le soleil s’est à nouveau levé à l’Est. Les informations sont insupportables entre le pire des horreurs et les bêtises les plus stupides imaginables, avec des pauses incongrues entre les deux. Les incongruités permettant un fragile moment d’équilibre, je suppose.
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There’s a bit of everything in our family – as in many others, I guess: successes, failures, some that departed leaving no forwarding address…From time to time, I do a search for those in the latter category. On Saturday, I came across information about them; in the latest news, they are still alive. Which is good to know. But our paths would cross on the street, I’m not sure we would recognize one another. Happy trails to them. What more can I say?
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This is the part of the long short story I had the most trouble writing – and that I’m finding the hardest to revise. “Love stories” seem to be a perfectly conventional genre; yet, as Moira says in Once Bitten Twice Shy, that word, love, is so vast that you can stick anything and its opposite in it. And irony comes to her more easily than candy pink declarations, that’s the least that can be said about it.
So, I’m proceeding slowly. Word after word, in fact. And accompanying me in this exercise, Anna Akhmatova’s 6th Northern Elegies, the one that opens on the words There are three ages to memories. And this exercise requires concentrating on the first of the three, when it is just like yesterday – not in order to reproduce what was then, but to recapture some of the emotions experienced by a young woman of 26 years with a chaotic history.
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So, what else, what else ? Nothing particularly intelligent to add. Sunday. The earth is turning and once again, the sun rose in the East. The news are unbearable, ranging from the worst of horrors to the dumbest stupidities imaginable, with incongruous pauses in between. The incongruities allowing for a fragile sense of balance, I suppose.