
Rêve qui m’a paru interminable la nuit dernière, sorte de version personnelle du Château de Kafka dans lequel, debout à un guichet des postes, je tentais d’envoyer ma déclaration d’impôt mais le personnel avait constamment mieux à faire. (Evidemment, aux dernières nouvelles, nous sommes plus de 8 milliards d’humains sur terre, alors chacun son tour, ça entraîne des longueurs, parfois.)
Le bon moment de la journée d’hier (57 minutes, en fait): l’enregistrement d’une joute poétique entre Stéphane Hessel et André Markowicz dans laquelle le présentateur dit que la poésie “rit dans la noirceur du monde“. Et que lors de cet échange – en français, en russe, en allemand, en latin, en anglais, André Markowicz, après lecture du Requiem d’Anna Akhmatova traduit l’un de ses vers par les mots “ces années satanisées”. Encore et toujours d’actualité.
Je peine ? Oui. Les uns et les autres sont partis en vacances et le poids saisonnier de la solitude se fait sentir, même si je passe toujours le plus clair de mon temps seule à l’année sans en souffrir le moins du monde. Mais il faut croire que l’humain a tout de même besoin d’un minimum d’échanges avec ses semblables, raison pour laquelle je me rendrai sur le marché du jeudi, ne serait-ce que pour y faire quelques pirouettes de conversations banales et sans conséquence – question d’hygiène mentale, au fond.
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Voilà. Révision, comme d’habitude, plus quelques notes qui se rajouteront sans doute vers la fin d’Une Poule Avertie en Vaut Deux.
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L’illustration ci-haut: à l’entrée du quartier médiéval de la ville en ruines, la dernière bribe de l’affiche de Piero, l’ami trompettiste mort d’un cancer fulgurant, au moment où son groupe musical commençait à recevoir une reconnaissance certaine. Comme certains s’amusent dorénavant à l’arracher, je me suis dit qu’il valait mieux saisir ce qu’il en reste pendant qu’il était encore temps.
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A dream that seemed endless last night, a kind of personal version of Kafka’s The Castle in which I stood at a counter in the post office, attempting to mail off my income tax return but the staff constantly had better things to do. (Of course, in the latest countdown, there are over 8 billion of us on earth so, to each his turn, which can lead to occasional slowdowns.)
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The best moment of the day yesterday (57 minutes, in fact): a poetic ‘joust’ between Stéphane Hessel and André Markowicz in which the introductory words include the notion that poetry “laughs in the world’s darkness”. And during this exchange – in French, in Russian, in German, in Latin, in English, following his recitation of Anna Akmatova’s Requiem, André Markowicz translates one of her verses with the words ” these satanized years“. Still of current accuracy.
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I’m struggling ? Yes. This one and that one have gone off on holidays and I’m experiencing the seasonal weight of solitude, even though I spend most of my time alone, year round, without experiencing it as a hardship at all. But I guess humans need a minimum of contact with their kind, reason for which I’ll take a walk to the Thursday market, if only for a few trivial and inconsequential conversational pirouettes – bottom line, a matter of mental hygiene.
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Voilà. Revisions as usual, plus some additions that will probably find their way into the final pages of Once Bitten Twice Shy.
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The illustration above: at the entrance to the town’s decrepit medieval quarter, all that is left of a billboard representing Piero, a trumpet playing friend who died of a fulminating cancer, just as his musical group was starting to achieve significant recognition. As some are now having fun with tearing it down, I figured I had better grab what’s left while it’s still there.