15 juillet 2023

Long rêve, complexe et détaillé, clairement inspiré des schismes religieux et politiques dans Le Nom de la Rose transposés à l’époque actuelle et impliquant trois membres d’une même famille déchirée par une répression violente – la première, dans l’opposition, la seconde rendue folle par la peur et le troisième, complètement vendu au tyran.

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Lors de la Nocturne à l’Artonef jeudi soir, une jeune plasticienne dont j’aime beaucoup le travail m’a approchée sur un projet qu’elle aimerait réaliser avec moi, celui d’une reliure pour une série de ses dessins. Nous avons évoqué la possibilité d’une reliure permettant l’exposition à plat de chacun des dessins grâce à l’une ou l’autre des techniques de reliure japonaise. Un travail artisanal, nécessairement, le genre de projet qui me plaît beaucoup.

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Macron/Modi au défilée du 14 juillet à Paris: l’homme à sa maturité devient ce vers quoi il a tendu toute sa vie; ce vers quoi il s’oriente ensuite dans sa vieillesse demeure une question ouverte. Mais je dois dire que je ne suis pas optimiste à ce sujet, dans le cas présent.

Et oui, bien sûr, j’ai trouvé très intéressantes les réflexions de jeudi matin avec des jeunes gens sur divers projets de communalisme, mais, comme toujours, elles faisaient l’impasse sur les conflits et oppositions plus que prévisibles qu’entraînent tout projet de remise en question de l’organisation politique et économique actuelle, et leurs conséquences sociales . Sans parler de la gestion des conflits internes dans tout groupe, aussi bien intentionné qu’il soit. Or, le modèle économique et politique dans lequel nous évoluons se crispe de plus en plus sur les valeurs de conservatisme d’une droite extrême qui ne voit aucune autre issue que l’autoritarisme et la répression violente à toute contestation de son pouvoir. Alors, la question fondamentale concerne le comment naviguer les mers de plus en plus houleuses devant nous, avec ou sans communalisme. (Je n’ai pas de réponses, uniquement des questions.)

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Lors de ma première lecture de Le Nom de la Rose, il y a une trentaine d’années déjà, j’ai dû en sauter les nombreux passages en latin qui rendent le texte assez laborieux (intentionnellement de la part de l’auteur, si je m’en fie à son apostille.) Pour l’heure, ce sont les réflexions d’Eco dans cet apostille qui me paraissent le plus utile dans l’exercice, au niveau personnel.

Notamment, en ce qui concerne les réactions de rejet provoquées chez les deux lecteurs du texte Une poule avertie en vaut deux, l’une d’elle se disant incapable de lire plus loin que la page 70 parce que “c’était trop”. Il faut dire que la narratrice adopte un ton ironique très prononcé pour parler de son histoire personnel incluant un rapt, des viols, de l’inceste et des abus en famille d’accueil. C’est beaucoup, j’en conviens; malheureusement, je connais des enfants qui ont vécu tout ça alors la question n’est pas tant de savoir si le récit en fait “trop”, mais plutôt si les réactions sont dues à un mauvais choix de premiers lecteurs ou à des fautes d’écriture. Faut-il y rajouter une sorte d’avertissement, comme on trouve maintenant dans les journaux: “Attention, ce texte comporte des évocations de scènes de violence sexuelle ne convenant ni aux personnes recherchant une jouissance sadique de voyeurisme, ni à celles qui en recevrait une résurgence d’images traumatisantes” ?

Je ne sais pas. Une relecture s’impose, après une mise à distance de quelques mois.

Incidemment, un tel garçon (maintenant adulte) s’est retrouvé devant ma porte avec ses amis hier soir alors que je fermais ma fenêtre. Il m’a reconnue des années passées lorsque je l’accompagnais dans son travail scolaire et nous avons parlé pendant un bon moment. Il a terminé ses études et ne trouve pas de travail (j’ai failli écrire “évidemment” parce que tel est le sort de nombre de jeunes gens comme lui qui ont le tort d’avoir les “mauvais” ancêtres et d’avoir été élevés dans le “mauvais” quartier.

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Long, complex and detailed dream, clearly a transposition of the political and religious schisms in The Name of the Rose to the current period and involving three members of one family torn apart by a violent repression – the first being in the opposition, the second driven crazy by fear and the third completely devoted to the tyrant.

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At Thursday evening’s nocturnal at the Artonef, a young visual artist whose work I much enjoy approached me with a project involving a binding for a series of her drawings. We discussed the possibility of a binding allowing for full laying out flat of each drawing, thanks to one or another of the techniques used in Japan. A small-scale home-made project, necessarily, the kind I most enjoy.

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Macron/Modi at the July 14th military parade in Paris: The full-grown man becomes whatever he tended toward all his life; what he then becomes in old age remains an open question, but in this case, not an optimistic one, I must say.

And yes, of course, I found the reflections with young people concerning communalism most interesting Thursday morning, but as always they glided over the more than predictable oppositions to every project questioning the current political and economic system and its social implications. This before even mentioning the management of internal conflicts in any group, no matter how well-intentioned. Now, the current economic and political model in which we navigate is tensing into ever increasing reliance on extreme right-wing conservatism that sees no other solutions than authoritarianism and violent repression of any opposition to its power. So the basic question is how to navigate the ever increasing stormy seas ahead, with or without communalism. ( I have no answers, only questions.)

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When I first read The Name of the Rose some thirty years ago or so, I must have skipped the many passages in Latin that render the text a fairly slow-moving affair (intentionally on the part of the author, if I take his meaning in the addendum.) For the time being, Eco’s reflections in this addendum are what I’m finding the most useful in the exercise, at a personal level.

Notably as pertains to the reactions of rejection provoked in the two readers of the text Once Bitten Twice Shy, one of them being unable to read further than page 70 because it was all “too much”. I should add that the narrator uses a heavily ironic tone to talk about her personal history involving a kidnapping, rapes, incest and abuse in a foster home. Which is a lot, I agree; unfortunatly, I know children who lived through all that so the question is not so much knowing if this tale is “too much” but rather if the reactions are due to a bad choice of first readers or to faulty writing. Should I add a kind of warning, like those we now find in newspapers: “Warning, this text includes evocations of rape, incest and sexual abuse in a foster home, unsuitable both to persons seeking sadistic voyeuristic enjoyment and to those in whom it might trigger the re-awakening of traumatic images” ?

I don’t know. A re-reading is required after a few months of distancing.

Coincidentally, one such boy (now grown) happened to be in front of my door with friends when I shut the window last night. He recognized me from many years ago when I coached him in school and we talked for a good while. He completed his schooling and can’t find a job (I almost wrote ‘of course’ because such is the fate of a number of young men like him who happen to be from the “wrong” ancestry and raised in the “wrong” neighborhood.)

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