11 juillet 2023

Je tourne la tête vers la fenêtre, au moment où passe une femme tenant son téléphone à bout de bras devant elle, à hauteur des yeux…somnambule intégrale en plein jour. Après une nuit de rêves difficiles et un réveil qui l’est aussi, il faut croire que la journée ne pourra que s’améliorer…ou le contraire, évidemment.

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Souvenir qui a surgi, comme ça – quand on vit seule sans télé ni radio, on peut contempler les idées qui passent comme des nuages … Donc, je pensais aux mensonges (et non aux bombes) à fragmentations de la propagande russe, ces mensonges divers, variés et contradictoires sur un même événement et qui fonctionnent sur le même principe que la bombe – un ou un autre des fragments fera le travail requis pendant qu’un autre s’en chargera plus loin. Et je me suis souvenue soudain de cette personne à qui j’avais dit, indignée: “Mais…tu mens !” et qui m’avait répondu: “Oui, et alors?”

Après lecture du fouillis intégral dans les livraisons de munitions à l’Ukraine par l’UE, ça résume à peu près ce qu’il en est des braves déclarations de solidarité de la part de nos cornichons de dirigeants. L’image, l’image, vous savez, surtout ne pas écorner l’image.

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Bon, pour ce qui est de la nuit, je suppose qu’il ne pouvait guère en être autrement : il y a 54 ans de cela maintenant, soit le 11 juillet 1969, je donnais naissance à ma fille unique qui depuis lors, s’est brodée un roman autour de ressentiments et de rancunes, roman qui semble plus important qu’une résolution acceptable dans la vie; roman me transformant en mère indigne, si ce n’est dénaturée. Et voilà ce qui en est de l’image fort moche, et dans sa tête et dans celles des personnes avec lesquelles elle la partage. Je me fous de ce que de parfaits étrangers peuvent se raconter à mon sujet, mais pas de ce qu’elle se raconte au sujet de sa propre enfance. L’impossibilité de communiquer avec ma fille ne cessera jamais de me désoler et semble devoir faire partie de l’ADN de mon parcours personnel. Une faille impossible à comber, la réconciliation nécessitant un geste de la part de celle ayant claqué la porte et l’ayant fermée à clé depuis l’intérieur.

C’est en cela, je suppose, que les mots “Nous portons les ombres qui nous portent” dans le poème cité par André Markowicz ce matin sur facebook ont eu une telle résonance pour moi. Oui, le livre Orbe* fait partie de ceux que je compte acquérir.

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Voilà. Pour le meilleur comme pour le pire, je crois avoir amené l’écriture du 34, rue des Arcades à son terme. Il y aura sans aucun doute des ajustements et des corrections mais, pour l’essentiel, je ne vois pas ce que je pourrais y faire d’autre.

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*André Markowicz, Orbe, Les Éditions Mesures.

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I turn my head toward the window just as a woman walks by holding her phone at arm’s length, in front of her eyes – a complete sleepwalker in the light of day. Following a night of difficult dreams and an early morning of the same ilk, I suppose the rest of the day can only be an improvement…or the opposite, of course.

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A memory that cropped up, just like that – when you live alone without a tv and without a radio, you can watch the ideas drifting by like clouds…So, I was thinking about the cluster lies (not bombs) in Russian propaganda, those many, varied and contradictory lies about a given event and the fact that they function on the same principle as the bomb – one or another of the fragments is bound to do the job, while another does the same further down the line. And I suddenly remember that person to whom I had said, most indignantly: “But…you’re lying!” and who answered: “Yeah, so what?”

After reading about the total mess in the supply of ammunitions to Ukraine from the EU, that’s about the size of it when it comes to the gallant displays of solidarity by our bunch of nincompoop leaders. The image, the image, you know, must not dent the image.

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OK, as for the night, I guess there was no way it could have been different: 54 years ago, on July 11th 1969, I gave birth to a daughter, my only child. Since then, she has embroidered an entire tale based on grudges and resentments that seem more precious to her than attempts at resolving them. A tale that gives me the image of an unworthy, not to say perverted mother. So much for the very lousy image in her own head and in that of the people with which she shares it. I care not a whit what perfect strangers think of this imaginary me, but not about what she tells herself about her own childhood. The impossibility of communicating with my daughter will never cease to grieve me so I suppose it will have to be part of the DNA of my ongoing journey. A rift impossible to breach, the reconciliation requiring a gesture on the part of the one who slammed the door shut and locked it from inside.

I guess this is why the words “We bear the shadows that carry us” resonated so strongly for me this morning in the poem mentioned by André Markowicz on facebook. Yes, the book Orbe is on the list of those I intend to acquire.

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Voilà. For better or for worse, I think I’ve taken the writing of 34, rue des Arcades as far as it will go. There will still be the correcting of typos and various adjustments, but for now, I don’t see what else I can do with it.

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