
La tristesse paralyse. La colère donne de l’énergie. Pourquoi il en est ainsi, je ne sais pas. Je le constate, c’est tout.
Sur le chevet, à côté du second volume de Kolyma de Chalamov, un pocket de 1972 de chez Calmann Levy: Du mensonge à la violence d’Hannah Arendt, traduction de son Crises of the Republic. Tout y est déjà des contours de ce que nous vivons maintenant. Ça n’est pas que la tristesse en soit moindre, peu s’en faut, mais j’essaie de la contourner, autant que possible, pour la raison évoquée ci-haut.
J’ouvre au hasard. Le livre s’ouvre à un passage lu, relu et souligné: “D’autre part, si nous cherchons à voir comment , au cours de l’histoire, des hommes engagés ont pu devenir positivement des enragés, la cause principale n’en est pas seulement l’injustice, mais bien l’hypocrisie.“
C’est cela même.
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Ici au quotidien du jour le jour: dernière classe de la saison au cirque en matinée; trajet express chez le médecin de la ville voisine pour renouvellement d’ordonnance; préparation du sac à dos pour le trajet de demain (départ au petit matin pour rejoindre le bus à Toulouse qui m’amènera à Angers – quelque chose dans l’ordre de 15 heures de trajet, en tout.) Retour prévu pour lundi prochain. Possiblement donc, silence radio d’ici mardi.
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Bref regard à quelques vers cités par Chalamov dans le texte intitulé L’écriture :
Hier, j’ai entrouvert la cage
De ma prisonnière éthérée
J’ai rendu le chant au bocage
En lui rendant la liberté.
Il s’agit sans doute de la volia mentionnée dans l’hymne nationale de l’Ukraine, à la différence de la svoboda de la liberté extérieure (distinction essentielle mentionnée par André Markowicz dans sa chronique du jour sur Facebook).
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Sadness paralyzes. Anger provides energy. Why this is so, I don’t know. I notice it, that’s all.
On the bedside table, next to the second volume of Chalamov’s Kolyma, a 1972 pocket version of the French translation to Hannah Arendt’s Crises of the Republic. It contains everything already of the contours to what we are living through nowadays. Not that this lessens the sadness of it all, far from it, but I attempt to sidestep it, as much as possible, for the reason stated above.
I open at random. The book opens on a passage read, re-read and underlined: “On the other hand, if we attempt to find how, in the course of history men who were engagés* could become positively enragés*, the main reason is not only injustice, but hypocrisy.”
*in French in the original
That’s it in a nutshell.
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Over here today in the humdrum of daily life: last class at the circus for this season; express medical visit to the neighbouring town for a prescription renewal; preparing the backpack for tomorrow’s early morning departure to Toulouse where I’ll catch the bus for Angers – something in the order of a 15 hour trip in all.) Return scheduled for next Monday. Thus, a possible radio silence until next Tuesday.
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A quick look at a few verses quoted by Chalamov in the text titled Writing:
Yesterday I half-opened the cage
of my ethereal prisoner
by setting freedom free
I released its song onto the grove.
This must be the volia mentionned in the Ukrainian national anthem as distinguished from the svoboda of external freedom (an essential distinction mentioned by André Markowicz in this morning’s column on Facebook.)