
Réveil au milieu de la nuit, au sortir d’un rêve dans lequel des enquêteurs démontraient détenir la preuve indéniable que j’étais coupable d’un crime, que je niais; en vain.
Il faut dire que sur Arte hier soir (ma connexion se montrant suffisamment stable pour en profiter) j’avais visionné une série de trois documentaires, Les poisons de Poutine, sur les assassinats, et tentatives d’assassinat perpétrés aux ordres de Poutine, depuis celui de Litvinenko, sur fond d’un terrifiant aveuglement des dirigeants occidentaux et le sentiment d’avoir été roulée dans la farine comme tous ceux qui se sont laissé conter n’importe quoi sans y regarder de trop près, alors que tous ces crimes portaient la marque incontestable d’actes commandés par le Kremlin.
Aveuglement dont nous vivons tous dorénavant les conséquences qui n’ont pas encore révélées toutes les horreurs. Au nouveau réveil, ce matin, il est question sur The Guardian d’une baisse préoccupante du niveau d’eau dans les bassins de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia. La marque infâme de Poutine s’étend constamment davantage, lui que personne n’a eu la lucidité et le courage d’arrêter alors qu’il en était encore temps.
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Dans un autre ordre d’idée: Peut-être n’est-ce qu’une illusion mais je me dis parfois que les traces que j’aurai laissées ici, si jamais quelqu’un choisit de les lire, lui diront peut-être (ou lui rappelleront) qui j’étais en dehors de son imagination, et lui donneront un aperçu de ce à quoi je me serai employée durant les années interminables de son silence.
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Entre les séances de correction des coquilles dans le texte d’un ami d’une amie, et mes propres notes manuscrites pour 34, rue des Arcades, je lis Les lances du crépuscule *. Comme les contacts de Philippe Descola et de sa compagne Anne Christine avec les Achuar (qu’on appelle des Jivaros) ont eu lieu en 1976, je n’ai aucune idée de ce qu’il reste de leur monde. Mais je note attentivement la manière dont les femmes, seules gardiennes des jardins qu’elles entretenaient dans la forêt, s’adressaient à leurs plantes : “L’âme des chiens comme celle des plantes ne supportent pas les interpellations trop directes. La sensibilité de ces interlocuteurs susceptibles se rebellerait devant l’exposé explicite de ce que les hommes attendent d’eux et doit être ménagée par des injonctions détournées qui effacent la crudité des exigences, et jusqu’au nom même de l’être destiné à les incarner.”
* Philippe Descola, Les lances du crépuscule, avec les Indiens Jivaros de Haute Amazonie, Terre Humaine Poche, Plon 1993
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Awake in the middle of the night, after a dream in which investigators proved they held undeniable evidence of my guilt in a crime, which I denied; in vain.
I should add that on Arte last night (my connection proving sufficiently stable to take advantage of it), I watched a series of three documentaries titled Putin’s Gift on the assassinations and assassination attempts conducted on Putin’s orders, starting with that of Litvinenko, all on a terrifying background of self-deception on the part of Western leaders, leaving me with the feeling of having been hoodwinked, like so many others who gave credence to their words without examining them too closely.
A self-deception the consequences of which we are currently experiencing and that has yet to reveal all its horrors. Upon re-awaking this morning, The Guardian speaks of concern over a discrepancy in water levels in the cooling pools at the Zaporizhzhia nuclear power plant. Putin’s vile imprint keeps on spreading because no one had the clear-sightedness and courage to stop him when it was still time.
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In another train of thought : It may only be an illusion but sometimes I tell myself that the traces I will have left here, if ever someone chooses to read them, might tell (or remind) one of who I was outside her imagination, and how I spent my time during the endless years of her silence.
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Between sessions of correcting typos in the text of a friend of a friend’s, and my own notes for 34, rue des Arcades, I’m reading Les lances du crépuscule, (The Spears of Dusk). As the contacts between Philippe Descola and his companion Anne Christine with the Achuar (those we call Jivaros) occurred in 1976, I have no idea of what still remains of their world. But I note carefully the way in which the women, who are the sole gardians of the gardens they tend in the forest, speak to their plants: “The soul of dogs, like those of plants, cannot bear being addressed in overly direct ways. The sensitivity of these susceptible interlocutors would rebel if subjected to an explicit presentation of what men expect of them, and must be spared through roundabout injunctions that temper de crudeness of the requirements, and this, even in the use of the name of the being meant for their embodiment.”