
À chaque nouvelle horreur commise aux ordres du Kremlin par ses affidés, la comparaison qui s’impose à moi est celle de ces hommes qui torturent et qui tuent les femmes pour leur “crime” de se refuser à eux. L’Ukraine refuse de céder aux brutalités de la Russie ? Et bien, qu’elle crève dans la douleur la plus extrême possible. Et si les conséquences de cette vindicte sont catastrophiques pour la Russie, tant pis. La seule chose qui compte, c’est que Poutine ait le dernier mot. (Je ne serais pas du tout étonnée qu’il en soit à ‘orchestrer’ les affrontements entre les diverses factions qui s’agitent autour et sous lui. Rien d’autre ne l’intéresse que d’avoir le dernier mot.)
“Tout se joue sur le temps long.” C’est une phrase dans l’article de Livia Garrigue et Antoine Perraud sur Médiapart “En Russie, l’heure est à la reproduction des crimes du passé” dans lequel on trouve un excellent documentaire “Le droit à la mémoire” – documentaire sur l’historien et militant des droits de l’homme co-fondateur de Memorial, Arseni Roguinski. Article publié à la veille du procès d’Oleg Orlov pour “discrédit de manière répétée des forces armées.”
Je crois que l’une des choses fondamentales que la plupart des Américains et des Européens ne parviennent pas à comprendre au sujet de la Russie, et que Roguinski expose clairement : la suprématie entière et totale de l’Etat sur les individus composant la nation. Il n’y a jamais eu de régime politique en Russie où cette suprématie n’était pas affirmée et démontrée à tous les niveaux de l’existence. Pendant qu’ici, la supposée suprématie de l’individu se dissout en sollicitations et injonctions constantes à “être soi-même”…grâce à telle marque de chaussure ou de bracelet-montre, ou de téléphone ou de démonstration de son si-brillant et délirant talent à se peindre les ongles des doigts de pied…
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Ecrire. Sentiment très affirmé ce matin de n’avoir écrit qu’une seule chose qui me tienne vraiment à coeur au cours de toutes ces années : ces Contes d’Exil que je parviendrai peut-être à faire imprimer un de ces jours. Non pas qu’ils soient particulièrement réussis ou marquants; simplement parce que, de tout ce que j’ai écrit, ils se rapprochent sans doute le plus de ce que je voulais exprimer. Et, pour l’heure, le reste me fait l’effet de tentative inabouties tendant vers…quelque chose que je ne parviens pas à saisir. Non, il ne s’agit pas d’une ‘condamnation’, tout simplement d’un constat. Je ne saurais dire ce qui en résultera.
Entretemps, aux informations, l’heure est déjà à passer à autre chose parce que les inondations causées par l’explosion du barrage de Karkhovka font déjà l’effet de “old news”.
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With each new horror committed by order of the Kremlin by its minions, the comparison springs to mind of those men who torture and kill women for their “crime” of refusing to give in to them. Ukraine refuses to yield to Russia’s brutalities? Fine, may it croak in the worst possible ways. And if the consequences of this vindictiveness are catastrophic for Russia, that’s just too bad. The only thing that matters, is that Putin have the last word. (I would not be the least bit surprised if he were ‘orchestrating’ the conflicts between the various factions bubbling around and under him. Nothing interests him except for having the final word.)
“Everything plays out in the long run “- a sentence in the article on Médiapart by Livia Garrigue and Antoine Perraud titled “In Russia, the times are to reproducing crimes from the past”. In which is included an excellent youTube documentary on the Memorial co-founder, historian and activist Arseny Roginsky. Article published on the eve of Oleg Orlov’s trial for “repeatedly discrediting the armed forces.”
I believe one of the fundamental things most Americans and Europeans don’t seem able to comprehend about Russia, and that Roginsky exposes clearly : the complete, total supremacy of the State over the individuals making up the nation. Russia has never known a political regime in which this supremacy was not proclaimed and demonstrated at every level of existence. While over here, the individual’s so-called supremacy is dissolved in constant calls and injunctions to “be yourself”…thanks to this or that brand of shoes or watch or phone, or thanks to your incredible and stupendous talent in painting your toenails…
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Writing. A strong feeling this morning of having written only one thing that truly matters to me during all these years: those Tales of Exile I might finally manage to get printed one of these days. Not because they are particularly impressive or accomplished; simply because, of everything I’ve written, they come the closest to what it was I wanted to express. And for the time being, all the rest strikes me as unaccomplished attempts tending toward…something I haven’t managed to grasp. No, it’s not a negative ‘indictment’ type of appraisal, just a statement of fact. I can’t say what will come of it.
Meanwhile the flooding caused by the explosion of the Karkhovka dam already has the status of ‘old news’.