2 juin 2023

Les invendues de la Fête des Mères” – Hier après-midi, devant la caisse au supermarché discount: quatre ou cinq bottes de roses fripées en solde. Les apercevant, la femme devant moi dans la file se déchaîne (pour une raison que j’ignore, j’ai souvent l’occasion d’être l’oreille recueillant des propos de ce genre); Ah, oui, des roses, parlons-en ! Son père n’en avait que pour elles, ses foutues roses ! Sa femme, ses enfants? Que dalle ! Mais ses roses, alors…!

Ce n’est que le début parce que la cliente devant elle avait une grosse commande, alors j’ai eu droit à des morceaux choisis de ses malheurs (multiples et désolants, en effet). On l’aurait dite tout droit sortie d’un épisode pas encore écrit dans 34 rue des Arcades, sur lequel je me suis remise à travailler hier, en attendant l’aide qu’on m’a promise pour la mise en page des couvertures des Contes d’Exil.

Ou alors, c’est plutôt que 34 rue des Arcades est tout droit sortie de cette “arrogante actualité des faits” qu’évoque Nastassja Martin dans l’introduction à “Les âmes sauvages“. Les vies mutilées, celles qui réussissent à survivre comme ces plantes poussant dans les interstices des trottoirs défoncés de petites villes à l’abandon, ici et ailleurs.

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À part ça ? On m’a rendu visite, prendre de mes nouvelles en raison de mon absence à la réunion de l’assemblée citoyenne et me dire qu’on avait tout de suite penser à moi pour la rédaction d’une présentation du rassemblement citoyen. Trop aimable, merci. Et me parler d’une manifestation prévue par l’extrême-droite dans la ville voisine de Réalmont en opposition à l’installation d’un CADA (centre d’accueil pour demandeurs d’asile). S’y rendre pour s’opposer à l’opposition = échauffourées garanties (pas ma tasse de thé); il me semble plus important d’informer les Réalmontais eux-mêmes; un feuillet d’info me paraît plus urgent qu’un papier sur les prémisses timides d’existence d’un rassemblement citoyen dans cette ville-ci.

À voir. Mais vraiment, le climat politique devient de plus en plus délétère. Nous nous sommes trouvés, mon visiteur et moi, à évoquer l’Italie des années 1920, quand un certain Mussolini faisait encore figure de gauchiste charismatique…Ah, ces sauveurs de la nation …

*Nastassja Martin, Les âmes sauvages face à l’Occident, la résistance d’un peuple d’Alaska, éditions La Découverte 2022

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“Mother’s Day Leftovers” – Yesterday afternoon in front of the cashier at the discount supermarket : four or five bunches of wilted roses on sale. At the sight of them, the woman standing in front of me in the line erupted (for some reason, my ear is often the one chosen to receive these kinds of comments): Ha! Roses ! Right, let’s talk about them ! Her father cared for nothing else but his bloody roses! His wife, his children, to hell with them, but his roses, ah….!)

This was only the beginning because the woman in front of her had a huge order, so I was the recipient of choice moments in her miseries (many and truly distressing, no doubt about it). She seemed straight out of a still unwritten part of 34 rue des Arcades on which I resumed working yesterday, while awaiting the promised help for the layout of the cover pages on Contes d’Exil.

Or maybe it’s more a question of 34 rue des Arcades being taken straight from what Nastassja Martin calls “the arrogant topicality of facts” in her introduction to “Les âmes sauvages“. Mutilated lives, the ones that manage to survive like those plants growing in the cracks of busted sidewalks in abandoned small towns her and elsewhere.

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Apart from that ? I had a visitor come to enquire about me, because of my absence from the Tuesday night meeting at the citizens’ assembly; and to tell me they had all thought of me when the topic was mentioned of writing up the early days of this experience; most kind of them, thanks so much. And to tell me of a demonstration planned by the extreme-right right in the neighbouring town of Realmont, in opposition to the installation of a CADA (a center for asylum seekers). Showing up to oppose the opposition promises nothing but street scuffles (not my cup of tea). It seems more important to write up an information sheet for the local residents, this strikes me as more of a priority than a write-up about the timid beginnings of a citizens’ movement in this town.

We’ll see. But truly, the political climate is becoming more and more toxic. My visitor and I ended up talking about Italy of the 1920s when a certain Mussolini was the rising charismatic star of the Left… Ah those nation saviors…

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