29 mai 2023

Les décalages effarants entre ce qui est proposé à notre attention, et ce qui se discute entre dirigeants… Parfois, on en saisit des bribes en lisant des articles apparemment sans lien entre eux, dans des journaux de différents pays. Par exemple, un aperçu de ce que l’ambassadeur russe à Londres entend par “destructions d’une puissance jamais encore vues“, lorsque mis en relation avec cette déclaration d’un militaire américain affirmant que “s’il faut se battre dans l’espace, nous le ferons“. Où l’on découvre que certains pays ont déjà tenté la destruction de leurs propres satellites obsolètes, “pour voir” ce que ça pourrait donner – destructions suivies de pauses, parce que, ce que ça donne, ce sont des quantités invraisemblables de débris mettant en péril toute la ceinture satellitaire entourant notre planète. Perspective fabuleuse, n’est-ce pas, d’un anneau de débris enchâssant la Terre ? (Aujourd’hui, dans The Guardian, s’y rajoute un avertissement du Japon à l’endroit de la Corée du Nord qui compte lancer son propre satellite-espion; le Japon promet de le détruire. Alors, pour ce qui est des lendemains qui chantent au soleil, je plains les frères humains qui après nous vivrons…)

Quand le portrait d’ensemble devient vraiment trop dingue au vu du peu de pouvoir que j’ai de l’affecter, j’ai tendance à me réfugier dans l’absurde. Les “limericks” d’Edward Lear, par exemple.

“Ils prirent la mer en tamis, oh oui,

en tamis, ils prirent la mer:

malgré les avis de tous leurs amis

un matin d’hiver, par temps pourri

ils prirent la mer en tamis !

et quand il se mit à tournoyer

et tous de crier “vous allez vous noyer!”

ils crièrent; ” notre tamis a beau être petit

que nous importe, il n’y a pas de soucis,

en tamis, nous prendrons la mer !”

*

The horrifying gaps between what is offered up to our attention and what the discussions are about between leaders… Sometimes we get glimpses of this by reading apparently unrelated articles in newspapers from different countries. For example, a glimpse of what the Russian ambassador in London meant by “destructions the power of which has never been seen before“, when connected with a declaration by an American military leader stating that “if we must fight in space, we will do it“. In which article one discovers that some countries have already attempted the destruction of their own obsolete satellites “to see” what result this might achieve – destructions that were followed by pauses because, what this achieved was an unbelievable amount of debris placing at risk the entire belt of satellites encircling our planet. What a fabulous outlook, yes, that of a ring of debris ringing the Earth ? (In today’s The Guardian, Japan adds a warning to North Korea who intends to launch its own spy-satellite: Japan vows to destroy it. So, as for tomorrows that sing in the sunshine, I pity the poor human brothers that shall live after us…)

When the overall picture becomes really too insane, given the limited power I have in influencing it, I tend to take shelter in the absurd. Edward Lear’s limericks, for example.

“They went to sea in a Sieve, they did,

   In a Sieve they went to sea:

In spite of all their friends could say,

On a winter’s morn, on a stormy day,

   In a Sieve they went to sea!

And when the Sieve turned round and round,

And every one cried, ‘You’ll all be drowned!’

They called aloud, ‘Our Sieve ain’t big,

But we don’t care a button! we don’t care a fig!

   In a Sieve we’ll go to sea!’ (opening lines to The Jumblies)

   

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