
Ce matin, donc, le Washington Post choisit de faire sa manchette sur les “révélations” issues de communications interceptées dans lesquelles, en séances privées, le président de l’Ukraine propose des interventions musclées à l’intérieur des frontières de la Russie, le journal contrastant ces propos avec l’image de stoïcisme et de calme que l’homme projette en public.
Et moi, je me dis qu’il serait surtout incroyable que la tension et la frustration causées par la destruction de l’Ukraine et la mort de ses civils comme de ses soldats ne provoquent pas de telles expressions de rage et de désir d’en découdre directement chez l’agresseur, dans un contexte où les alliés lui font la fine bouche sur les délais de livraison des armes requises pour faire reculer l’attaque russe. Les propos qui peuvent se tenir en privé n’ont de valeur que s’ils se traduisent par des ordres et des agissements concrets. À moins, évidemment, de ne plus opérer la moindre distinction entre intention et acte, ce qui semble être la grande tendance d’un monde plus porté sur la présomption de culpabilité que sur son contraire.
Evidemment, on peut s’attendre à ce que le Kremlin joue la malheureuse victime bafouée sur le mode “vous voyez? Ils veulent nous détruire, il faut bien que nous nous défendions !”
Au moins, ça donne un exutoire aux accès de nausée que me provoque le nouveau traitement médical.
*
Cela dit, pour reprendre les mots d’une amie : “si on enlève tout ce qui va mal, finalement, ça ne va pas si mal que ça, en fait.” Et, vrai, ça n’est pas la grande forme ici, mais je vais mieux qu’hier et sans doute moins bien que demain.
Et hier, quand l’effort de la lecture me paraissait trop grand, j’ai eu le plaisir de profiter d’une connexion internet qui ne ramait pas ! Conséquence : j’ai pu écouter sur youtube plusieurs interventions enregistrées de France Culture, dont un document exceptionnel: “Marina Tsvétaïeva par Anouk Grinberg et André Markowicz” lors du Festival d’Avignon de 2012, avec introduction et clôture sur une musique de Prokofiev. La connexion s’est dégradée ensuite mais une heure complète, et sans interruptions publicitaires ? Un cadeau.
*
Visite aussi d’une autre amie qui se débat encore et toujours avec une mairie dite “de gauche” entièrement déconnectée des réalités, abonnée à une politique des “grands projets” et pour laquelle la culture ne fait pas partie des priorités pour les “pauvres” -qu’ils se gardent bien de qualifier ainsi, tout en décidant, par exemple, qu’une fresque peinte sur les murs de béton gris de leur quartier est sans le moindre intérêt, malgré l’enthousiasme et la participation à une autre fresque de ce genre. (À noter: les fresques déjà réalisées avec la participation des citoyens n’ont pas subi la moindre dégradation en près d’un an, ont donné du travail à des artistes locales et même encouragé des jeunes mères à venir y contribuer avec leurs enfants. Mais, évidemment, pour la “gauche tendance caviar”, tout ça n’est pas important.)
Bref: matière à réflexion lors de la prochaine assemblée des citoyens, mardi prochain.
Pour l’heure: bref séance de tractage au marché pour ladite réunion, puis repos. On verra bien ce que ça donnera.
*
So,this morning, the Washington Post chooses to make a headline out of “revelations” from intercepted communications in which, in private sessions, the President of Ukraine suggests strong-armed interventions inside Russia’s borders, the paper contrasting these words with the stoicism and calm the man projects in public.
Personally, I tell myself it would mostly be incredible if the tension and frustration caused by the destruction of Ukraine and the death of its civilians like its military did not induce such expressions of rage and wish to deal directly with the aggressor on his own turf, given a context where allies keep pussy footing over delays in delivering the weapons required to push back the Russian attack. What is said in private only takes on meaning when it translates into orders and concrete actions. Unless, of course, one no longer operates the slightest distinction between intention and action, which seems to be the major tendency in a world more inclined toward the presumption of guilt than its opposite.
Of course, we can expect the Kremlin to play the role of the poor downtrodden victim – “you see? They want to destroy us, no wonder we have to defend ourselves.”
At least, that gives an outlet to the bouts of nausea induced by the new medical treatment.
*
That said, in the words of one of my friends: “if we remove all that isn’t going well, things aren’t so bad, in fact.” True enough, I’m not in the greatest of shape over here but I do feel better than I did yesterday, and probably not as well as I’ll feel tomorrow.
And yesterday, when reading felt like too much of an effort, I had the pleasure of taking advantage of a stable internet connection!
As a result, I was able to listen to several programs from France Culture recorded on youtube, including an exceptional document of readings by Anouk Grinberg and André Markowicz of writings by the poet Marina Tsvetayeva, with opening and closing excerpts of music by Prokofiev. The connection went back to patchy afterwards but a full hour with no interruptions for ads? A gift.
*
Also the visit from another friend locked in endless struggles with a so-called “leftist” City Hall totally disconnected from reality, and subscribing to policies of “big projects” in which culture does not figure as a priority for the “poor” – they are careful not to describe them in those terms, while considering that a wall painting to cover one of the grey cement walls in their neighborhood is devoid of any interest, despite the enthusiasm and participation displayed at the same kind of project earlier. (Noteworthy : none of the wall paintings done so far with the participation of the residents have been defaced in any way after more than a year, provided work for local artists and even induced some young mothers to contribute with their children. But, of course, for the ‘caviar-leaning Left’, none of that is the least bit interesting.
In short: grist for the mill at next Tuesday’s citizens’ assembly.
For now: a brief session of leaflet distribution at the market for said meeting, then rest. We’ll see how that goes.