10 mai 2023

Hier, je suis tombée dans De Vie à Vie*; en fait, je l’ai dévoré, pour ce qui est du texte de Marina Tsvétaïéva, le récit de cette rencontre entre deux êtres hors-normes, au début de laquelle Volochine a une intuition fulgurante d’une vérité à son sujet lorsqu’il lui dit : “Quand vous aimez quelqu’un, vous avez toujours envie qu’il parte, pour penser à lui.” (Ce qui est le sentiment que j’ai eu en lisant la correspondance que se sont échangés Tsvetaïéva et Pasternak pendant des années; je suis convaincue que leur présence physique dans un lieu commun aurait mis fin au déploiement d’imagination que permettait la distance.)

Pour ce qui est des poèmes de Volochine à la fin du livre, je les aborde beaucoup plus lentement, les relisant peu à peu; la proximité de la guerre en Ukraine leur donnent des résonances contemporaines quasi insoutenables, bien loin des images aseptisées de la propagande ukrainienne visant à détourner les regards de l’horreur insoutenable, justement, en insistant sur les moments touchants entre les soldats et les bêtes qu’ils adoptent en route. Je n’ai rien contre et j’en partage certains sur ma page facebook, tout en ressentant un certain agacement, parce qu’à force d’insister sur les euphémismes, on peut facilement laisser perdurer l’inacceptable qu’est cette guerre prolongée par le refus de l’Occident d’en finir avec ses petits arrangements – commerciaux et autres – avec l’agresseur russe.

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Puis, je poursuis la lecture des thèses “sur le concept de l’histoire”, de cet autre écrivain hors-norme et inclassable, Walter Benjamin. Avant de passer à des activités plus domestiques – la préparation, notamment, de l’arrivée du premier chaton cet après-midi, qui conduit à examiner les lieux en fonction des déplacements prévisibles d’un petit animal (un peu comme on le ferait avant la visite de quelqu’un avec un jeune enfant touche-à-tout.)

Question écriture personnelle, une ré-examination de 34 rue des Arcades paraît de plus en plus imminente.

*Marina Tsvétaïéva Maximilian Volochine, De Vie à Vie, traduction d’André Markowicz, Éditions Mesures, février 2023

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Yesterday, I fell into De Vie à Vie; I devoured it, in fact, as pertains to Marina Tsvetayeva’s text, relating this meeting between two extraordinary beings, at the beginning of which Volochin has a dazzling intuition about her when he says: “When you love someone, you always wish he would leave so that you can think about him. ” (This is the feeling I had when reading the correspondence between Tsvetayeva and Pasternak which carried on for years; I’m convinced that their physical presence in a common location would have put an end to the display of imagination allowed by distance.)

As for Volochin’s poems at the end of the book, I approach them much more slowly, re-reading them bit by bit; the proximity of the war in Ukraine gives them contemporary resonances that are almost unbearable, far removed from the sanitized images of Ukrainian propaganda aimed at turning eyes away from unbearable horror, precisely, by insisting on touching moments between soldiers and the animals they adopt along the way. I have nothing against this, and share some of them on my facebook page, while experiencing a certain annoyance because by constantly playing on euphemisms, one can easily prolong the unacceptable of this war dragged out by the West’s refusal to end its little arrangements – commercial and other – with the Russian aggressor.

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Then, I continue the reading of the theses “on the concept of history”, by that other extraordinary and unclassifiable writer, Walter Benjamin. Before moving on to more domestic activities – notably, the preparation of the arrival of the first kitten this afternoon, which lead to re-examining the space according to predictable movements of a small animal (a bit like one does prior to the visit of someone with a young child at the exploration age.)

As far as personal writing goes, a re-examination to 34 rue des Arcades seems more and more imminent.

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