
De temps en temps, l’indicateur de l’origine des lecteurs signale le passage de quelqu’un depuis la Chine. Qui, en Chine, peut s’intéresser à ce blog perdu parmi des milliards d’autres ? Un parmi les mystères du monde informatique.
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Autre mystère : D’où sort-il, celui-ci ? Aucune idée. Il n’appartient à aucun des récits en cours. Il est apparu, comme ça, mardi après-midi. Il m’a dit s’appeler Jacob.
Jacob
“Il avait toujours été fort en maths, m’a-t-il dit. Toujours à l’aise avec les nombres. Il se souvenait, enfant, d’avoir jouer avec eux. Il aimait la façon dont les séquences se répétaient, la merveilleuse infaillibilité dans la reproduction de certaines opérations, au sein des flots déconcertants de confusions et d’ambigüités; ça lui avait toujours plu.
De la même façon qu’il aimait les lignes mélodiques, la façon dont une progression de sons demeurait fidèle à elle-même. C’était très vieux jeu de sa part, évidemment, pas du tout dans l’air du temps, où les lignes mélodiques se disloquaient , se fracassaient comme des vases de cristal trop parfaits, remplacés par des unités perçantes de sons enchevêtrés, discordants, à la recherche d’un nouvel ordre.
Au milieu de tout ça, Jacob continuait à prendre plaisir aux nombres, à Chopin; il demeurait fidèle à quelques poèmes, quelques couleurs, quelques souvenirs précis.“
Et…c’est tout ? C’est tout. Il appartiendra peut-être à un autre récit qui attend quelque part dans l’inconscient. (Personnellement, les maths et moi n’ont jamais été particulièrement proches; j’étais plutôt du genre à me demander pourquoi il fallait résoudre des équations puisque la maîtresse avait les réponses dans son livre.)
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Cette voix. Comment la décrire ? Stridente, claironnante, criarde, coupant la parole à tout le monde, refusant de respecter des tours de parole (“À mon âge ? claironne-t-elle. Comme à la p’tite école ?”), soulevant un tollé général dont elle se fiche royalement.
Pourquoi faut-il qu’il y en ait toujours une dans les assemblées citoyennes ? (Ici, c’est toujours la même. Depuis des années. Elle m’épuise, et pas seulement moi.)
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Pendant ce temps, la révision de Là où s’amusent les enfants procède, une ligne à la fois. Le “vrai” monde se montre de plus en plus insupportable. Mais, de l’autre côté de la rue, la rivière coule toujours dans la même direction. Vu tout le reste, c’est déjà pas mal.
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From time to time, such as yesterday, the indicator of the origin of a reader signals a visit from someone in China. Who in China, can find an interest in this blog, lost among billions of others ? One among the mysteries of the computer world.
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Other mystery :Where did he come from ? I have no idea. He doesn’t belong to any of the works in progress. He appeared out of the blue, Tuesday afternoon. He told me his name was Jacob.
Jacob
“He’d always been good at math, he told me. Always had been comfortable with numbers, and remembered playing with them as a child. The Way sequences always repeated themselves, the marvelous, unfailing way certain combinations reproduced amidst a steady stream of disconcerting confusions and ambiguities; this had always appealed to him.
The same melodic lines appealed to him also, the unswerving way a pattern of sound maintained its course. Mos old fashioned of him, of course, not at all with the times, where melodic lines were dislocated, shattered, like too perfect crystal vases, replaced by piercing units of sound, scrambled, discordant, in search of a new order.
Amidst all that, Jacob went on enjoying numbers, Chopin, and remained faithful to a few poems, certain colors, a few specific memories.”
That’s it ? That’s it. Maybe he’ll belong to another story waiting somewhere in the unconscious.(Personally, math and I were never close friends. I was more the type to wonder why we had to resolve equations, since the teacher had all the answers at the back of her book.)
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That voice. Stridulent, brassy, loud, interrupting everyone, refusing to respect her turn (“At my age ? she bellows. Like in school ?”) raising an outcry from everyone but what does she care.
Why does there always have to be one in citizens’ assembles ? (Over here, it’s always the same one. For years already. She exhausts me, and I’m not the only one.)
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Meanwhile, the French rewrite of Where the Children Play proceeds, one line at a time. The “real” world gets more and more insufferable. But on the other side of the street, the river keeps on flowing in the same direction. Given all the rest, that’s still something.