(Illustration de la strophe “et le bâton frappa le chien” dans la chanson Chad Gadya, gravure de Lazar Lissitsky, avant qu’il ne soit connu comme le futuriste russe El Lissitsky (1890-1941)

Je suis à transcrire le texte composé en atelier lundi et je me rends compte à quel point mon écriture est différente dans ces exercices publiques et dans mes écrits en solitaire. D’une part, je suppose parce qu’en atelier, il s’agit d’un exercice à partir d’un thème et d’ajouts proposés en cours de la journée – ce qui me met davantage dans une disposition d’esprit proche de la dissertation scolaire et parce que, d’entrée de jeu, je ne tiens pas plus qu’il faut au thème en question, y voyant simplement une occasion de construire quelque chose qui se tienne. J’en viens à produire quelque chose qui se tient, certes, comme le font bien des articles de revues, mais …pour quoi faire ? Rien d’autre, en fait, qu’un exercice, utile pour la discipline intellectuelle en jeu, tout comme la marche est utile pour le corps.

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L’assemblée citoyenne à la salle de la Démocratie de la mairie était à l’instigation des enseignantes et enseignants de la commune. D’autres sont venus de communes environnantes jusqu’à et y compris Albi. Plusieurs des gilets jaunes locaux aussi. Et le conseiller municipal local représentant le RN, avec deux ou trois de ses affidés. (Il n’était pas en territoire ami et lorsqu’il a tenté de lancer un plaidoyer en faveur de son Parti, la salle n’a pas apprécié.)

Le moment de franche rigolade: un citoyen d’Albi racontant comment, au lendemain du lancer de poubelle contre la préfecture, le préfet a commandé la présence accrue de CRS sur le secteur. De telle sorte qu’à la fin d’une petite manif le jour suivant, six braves citoyens sont restés tranquillement à deviser, en présence de…11 cars bourrés de CRS immobilisés dans l’attente d’une action…qui n’est pas venue. À retenir comme façon de maintenir une groupe de policiers tranquilles, pour une fois.

Un très grand naïf (ou un provocateur, ils sont parfois difficiles à distinguer au premier contact) a demandé si on allait discuter des actions “coups de poing” ou se contenter de parlote. Il lui fut répondu que les actions en question auraient lieu, qu’on les souhaite ou non, sans qu’elles soient le fait de cette assemblée. (Il est resté alors je ne sais pas encore dans quelle catégorie l’inscrire.) De toute façon, si ce sont les “actions coups de poing” qui l’intéresse, il pourrait toujours s’enrôler dans un des corps policiers de l’Etat qui ont entière liberté pour tabasser tout ce qui bouge.)

Mise à part l’inévitable personne à la voix criarde plus utile en manif qu’en assemblée et incapable de respecter les tours de parole, le tout s’est même terminé avec des prises de décisions. Premier rendez-vous local au marché de dimanche prochain pour une opération tractage des plus pacifiques.

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Sans surprise, Emmanuel Macron choisit de maintenir sa première ministre en poste. Et pourquoi se priverait-il d’une personne si disposée à encaisser les coups à sa place ? (Et vu le remplaçant qui se profile – nul autre que Darmanin, l’ignoble ministre de l’intérieur “responsable” des forces policières, la gabegie se poursuit tout aussi bien avec avec les mêmes têtes d’affiche.)

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“Orbe. — Une fenêtre orbe est une fenêtre aveugle. Une douleur orbe, une douleur intérieure, profonde, sans trace à l’extérieur. L’orbe, c’est le monde et le cercle. Hurbn, c’est, en yiddish, le nom du génocide, la catastrophe. Orbe regroupe l’ensemble de mes textes en cercle, — utilisant la forme mémorielle, européenne, du sonnet. J’essaie, de spirale en spirale, d’y construire des figures saisies comme juste sous la surface de l’eau.”

Je ne connaissais pas cette signification au mot orbe. C’est le titre d’un recueil de sonnets par André Markowicz que je pourrai peut-être me permettre d’acquérir, un jour.

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I’m transcribing the text I wrote in the workshop on Monday and realize how different my writing is in those public exercises and in my writing alone. For one, I suppose that in the workshop, it’s an exercise based on a theme, with additional suggestions throughout the day – which leads me more to a state of mind resembling a school dissertation and because, from the onset, I don’t necessarily care all that much about the theme, seeing in in nothing other than an opportunity to build something that holds together. I end up producing something that holds together as do many magazine articles, for instance, but…to what purpose ? None, in fact, other than as an exercise useful for intellectual discipline, just as walking is good for the body.

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The citizens’s assembly in the Democracy Room at City Hall was at the instigation of local teachers. Others came from surrounding towns including from Albi. Several of the local gilets jaunes (yellow jackets)were also in attendance. So was the local town counsellor from the extreme-right RN Party with two or three of his cronies. (He was not in friendly territory and his attempt at launching a call for his Party, his intervention was not appreciated.)

The burst of laughter was provided by a citizen from Albi relating how, the day after the garbage container thrown against the préfecture, the prefect ordered an increased presence of CRS (riot police) in the sector. So that at the end of a small demonstration the next day, six brave citizens remained quietly chatting, in front of …11 vans filled with immobilized CRS awaiting an action …that neveer happened. Worth noting as one way to keep a group of policemen quiet for a change.

An incredibly naive young man (or a provocateur, they are sometimes hard to distinguish one from the other on a first contact) asked if we would discuss strong arm tactics or if this was just going to be a gab fest. He was told that the kind of actions he was referring to would no doubt occur, whether we wanted them or not, but that they would not be initiated by this assembly. (He stayed so I still don’t know under which category he fits.) In any event, if ‘strong arm tactics’ are his thing, he should apply to one of the State police corps who are free to punch, kick and attack anything that moves.

And so the assembly went and, except for the inevitable person with the squawking voice more useful in a demonstration than in an assembly and incapable of respecting her turn to speak, it all ended with decisions that were voted in a show of hands. First local meeting: on the market, next Sunday for a distribution of flyers as peaceful as peaceful can be.

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Unsurprisingly, Emmanuel Macron chooses to maintain his Prime Minister at her post. And why would he deprive himself of one so willing to take the hard knocks in his place ? (Seeing who is chafing in the wings for the job – none other than Darmanin, the ignoble Minister of the Interior “responsible” for the corps of policemen, the general mismanagement will proceed just fine with the same headliners.)

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In English, the word “orb” doesn’t seem to have the layers of meaning of the word “orbe” in French where it can represent the shape of a blind window. A deep inner pain with no external traces. Orb is a circle, the world. In Yiddish, the word is Hurbn and means genocide, catastrophe.

Orbe is the title of a book of sonnets by André Markowicz which he describes as “an attempt to construct figures, as if they were seen just below the waterline.” Perhaps I’ll be able to acquire it, some day.