
(Paul Klee, Chemin principal et chemins latéraux, 1929)
Ce matin, contre le gris du ciel, le rose de la floraison du prunier sauvage est carrément vibratoire, comme le blanc dans un tableau original de Gauguin. Je ne sais pas ce qui est à l’origine de ce phénomène.
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Il y aura bientôt vingt ans que j’habite en France. Je n’arrive pas encore à m’habituer à la délectation des uns et des autres pour des joutes verbales sur des abstractions – le plaisir de la joute l’emportant complètement sur la réalité à laquelle se réfère l’abstraction en question.
C’est le cas, par exemple de ces joutes entre politiciens ‘professionnels’ dans les partis. Mais pas seulement. Que de batailles rangées sur des mots transformés en trophées, alors que la réalité, elle, se traîne péniblement d’un quotidien délavé à un autre.
J’y peux quelque chose ? Pas vraiment. Alors, je note.
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Quant à “Là où s’amusent les enfants” : franchement, à cette étape-ci de la dé-construction, le tout ressemble à la préparation d’une brocante – des parties que je garde, d’autres que je mets de côté pour un autre récit (parce que, vraiment, il y a matière à plusieurs histoires et je plains le lecteur qui aurait tenter de s’y retrouver); et je ne sais pas encore dans quel ordre je vais rassembler les divers morceaux- ni spatial, ni chronologique, quel personnage exprimera son point de vue avant celui d’un autre…
Si jamais l’expression anglais “writing is re-writing” a eu du sens, this is it.
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This morning, seen against the specific greyness of the sky, the pink flowering of the wild plum tree literally vibrates, the way the white does in an original Gauguin. I don’t know what is at the origin of this phenomenon.
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My stay in France will soon hit the twenty year mark. I still haven’t gotten used to the delectation taken by one and all in verbal jousts on abstractions – the pleasure of the joust thoroughly having the edge over the reality to which said abstraction refers.
This is the case, for instance, of these jousts between “professional” politicians in parties. But not only. So many close battles over words transformed into trophies, while the reality slogs on miserably from one colorless daily grind to another.
I can do something about it ? Not really. So, I take note.
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As for the French translation of “Where Children Play” : frankly, at this stage of the deconstruction, the whole thing is starting to look like preparations for a garage sale – pieces I’m keeping, others I’m setting aside for another story (because, really, there’s enough material for several stories and I feel sorry for the reader who would have attempted to make his or her way through it); I don’t know yet in what order I will re-assemble the various part – either spatial or chronological, or which character will express a point a view before another does.
If ever the English expression “writing is re-writing” has made sense, this is it.