
Hier, les potiches du régime ont eu droit à deux heures des mensonges débités par Vladimir Valdimirovitch, mensonges qu’il a conclu avec les mots: “La vérité est de notre côté.”
Certains en ont profité pour se payer des petits roupillons, inconscients du fait qu’ils étaient filmés. Je doute fort qu’il s’agissait “d’être rêvés par un livre qui parlait en eux”, selon la phrase magnifique dans le 10e texte de Jacqueline Risset, “Dante dans la poésie contemporaine”* . (La citation exacte est de Jean-Charles Vegliante et se lit: “Il s’agit d’être rêvé par le livre qui parle en nous.” Rêve éveillé, il va sans dire.
(Oui, ici, la révision avance, quoique de façon un peu poussive. Livre qui parle en moi, j’apprécierais que tu me parles un peu plus fort, je deviens dure d’oreille en vieillissant. Merci !)
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J’habite une petite ville laquelle, comme beaucoup d’autres en France se retrouve avec une pénurie de médecins. Résultat; nous sommes environ un millier à devoir consulter ailleurs. Dans mon cas, le médecin se trouve dans une autre ville. Quand une de mes connaissances est libre (et que je me sens de demander de l’aide, ce qui n’est pas souvent le cas), la personne m’emmène en voiture, m’attend et me ramène. Aujourd’hui, par contre, personne n’est disponible. Je vais donc prendre le bus et me rendre à pied au cabinet médical. Ça n’est pas la fin du monde sauf que nous sommes en période de vacances scolaires, conséquemment, les horaires de bus sont réduits. Le rendez-vous est à 14h, je devrai ensuite attendre le bus de 17h pour rentrer chez-moi. Je vais m’apporter de la lecture, bien sûr, et un cahier pour prendre des notes. Mais, après une vie dans laquelle l’autonomie personnelle a toujours été une priorité, je ne saurais dire à quel point il me pèse de dépendre des autres qui, je le comprends très bien, ont leur propre vie à vivre.
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Hier, j’ai reçu des services provinciaux et fédéraux les documents nécessaires pour la production de ma “déclaration de revenus 2022”; heures attelés à déterminer ce qui appartient à la ligne 11300 (montant qui se trouve à la case 16 ou 26 avec le code 44) et autres folichonneries dans le même genre. Tout comme l’année dernière, le Québec a omis l’envoi d’un feuillet essentiel; se rajoutera donc le plaisir de tenter de communiquer avec un “agent 1045X12” au sujet du pourquoi du comment de cette omission. Je me souhaite fortitude, patience et égalité d’humeur, surtout considérant les montants désespérément limités en cause, qu’il me faudra ensuite transférer en équivalent euro sur un document administratif français, pays dont je reçois exactement rien du tout= zéro, mais la déclaration en ce sens est requise quand même.
Journées follement amusantes, on l’aura compris. Je préférerais et de beaucoup me remettre à la révision, devant me contenter de me saisir des quelques phrases flottant dans ma tête, à la recherche de leurs assises. (Oui, je sais, comme pour les naissances, tous les écrits ne suivent pas le même parcours vers leur conclusion. Certains s’écrivent presque tout seuls, et d’autres, non.)
*Jacqueline Risset, 33 écrits sur Dante, conçu et présenté par Jean-Pierre Ferrini et Sara Svolacchia, éditions Nous 2021
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Yesterday, the Party faithful who serve as the regime’s window dressing were subjected to two hours of Vladimir Vladimirovitch running through his full list of lies which he concluded with the words: “Truth is on our side.”
Some of them used the opportunity for a few snoozes, unaware of the fact they were being filmed in their slumbers. I truly doubt they were “being dreamt by the book speaking to them”, according to the splendid sentence in Jacqueline Risset’s tenth text on Dante and contemporary poetry (the precise quote is by Jean-Charles Vegliante and reads: “It consists of being dreamt by the book speaking to you within.” Dreaming it while awake, it goes without saying.
Yes, the revision proceeds over here, although in a somewhat listless way. (Book that dreams me, I’d appreciate you talking a bit louder within, I’m becoming hard of hearing in my old age. Thanks !)
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I live in a small town in which, like many others in France, there is a dearth of medical doctors. As a result, we are about a thousand who must seek medical aid elsewhere. In my case, the doctor is in another town. When one of my acquaintances is free (and I feel up to asking for help, which is not often the case), the person drives me to the appointment, waits for me, and brings me home. Today, however, no one is available. So I’ll take the bus then walk to the doctor’s office. This is not the end of the world, except thatwe’re in a school break period, consequently the bus schedules are reduced. The appointment is at 2 PM, I’ll have to wait until 5 PM for the bus home. I’ll bring some reading and a notebook, of course. But after a life during which personal autonomy has always been a priority, I can’t say how it weighs on me to depend on others who, I understand full well, have their own life to live.
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Yesterday, I received from the provincial and federal services the required documents for the production of my 2022 tax return; hours spent in determining what belongs on line 11300 (amount in box 16 or 26 with code 44) and other jollities in the same spirit. As was the case last year, the provincial services omitted an essential document; thus adding to the pleasurable attempts at communicating with an “1045X12 agent) concerning the why of the how of this omission. I herewith wish myself fortitude, patience and equanimity, even more so considering the distressingly limited amounts involved in this yearly process which I will then have to transfer into euro on different administrative documents for the French government (from which I receive a total of zilch=zero but the tax return is required nonetheless).
Madly amusing days, as one can imagine. I would much rather be revising but, for the time being, must settle for grabbing the sentences floating by in my head, in search of their grounding. (Yes, I know, as with childbirth, not all stories follow the same course to conclusion. Some practically write themselves and others, not.)