À tous les niveaux, l’impression de vivre, non pas au sein d’une seule dystopie, mais dans un brouillage de dystopies se faisant concurrence – ça, c’est pour le niveau général quand je jette un regard sur les informations. Au niveau personnel ? Un téléphone qui ne me transmet pas les appels qu’on m’adresse; le signal se coupe quand j’essaie d’appeler quelqu’un. Me reste le sms et le mail comme moyens de communication…quand la connexion internet fonctionne normalement – ce qu’elle fait environ une fois sur cinq. Evidemment, je n’ai absolument pas les moyens d’acquérir un nouveau téléphone, si le mien est la source des problèmes.

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Sur un autre sujet ? Pas vraiment. Une pensée terrible, hier. J’aimerais bien ne pas l’avoir, mais elle est là. Elle est là, notamment parce que je poursuis la ré-organisation des livres dans mes rayonnages et, ce faisant, je suis tombée sur Le traître et le néant* dans lequel les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme dissèquent nombre d’épisodes dans le parcours du président actuel de la France. Et ce qui me revient en mémoire, c’est son double jeu lors de la vente du journal Le Monde. Se prétendant l’ami et le soutien des uns, tout en travaillant en sous-main pour le concurrent. Et l’impression, lorsque je l’avais lu que c’était une attitude fondamentale chez lui, toujours prêt à pencher du côté qui l’avantagera le plus. Le type à rejoindre la parade du vainqueur… et de s’y faufiler au premier rang pour y prétendre en être l’instigateur. À poutouner Zelenskyi en public, et lui donner la Légion d’Honneur, tout en maintenant des ouvertures du côté de Poutine, parce qu’on ne sait jamais, n’est-ce pas ? Un homme à s’entourer de médiocrités qui lui donnent l’apparence de briller au-dessus d’eux. Ou du moins, le croit-il. Bref, un être sur lequel personne ne peut compter.

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Je ris aux mots “maintenir le cap” qui se présentent à mon esprit. Le cap ? Quel cap ? De plus en plus, j’ai l’impression d’appartenir à une race en voie d’extinction. Une race plutôt sympa, dans l’ensemble, mais totalement inadaptée au monde actuel. Ça n’est même pas une question de choix, plutôt une forme d’incapacité à adhérer à ce mélange de cynisme et d’opportunisme dans lequel la si mal-nommée “intelligence artificielle” sert à nous formatter à tous les niveaux.

A part ça, “la mer est calme et tout va bien” comme disait Lino Ventura dans le film La Bonne Année – juste avant de se rendre compte qu’il s’était piégé à l’intérieur de la bijouterie qu’il dévalisait. (Mais, bien sûr, je retiens la formulation, je n’ai rien à voir avec des vols chez Van Cleef’s.)

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J’écris toujours ? Bien sûr. J’écris donc je suis, les mots écrits sont des compagnons, du moins, ils le sont pour moi.

*Gérard Davet, Fabrice Lhomme, Le traître et le néant, fayard 2021

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At all levels, I have the impression of living, not in the midst of a single dystopia, but in a fog of competing dystopias – this being at the general level when I take a look at the news. At the personal level ? A phone that no longer gives me access to incoming calls: the signal breaks off when I attempt to call someone. I’m left with sms and email as means of communication…when the internet connection functions normally, that is – which is on an average of once out of five tries. Obviously, I absolutely cannot afford a new phone, if mine is the source of the problems.

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On another topic ? Not really. A terrible thought yesterday. I would love not to have it, but there it is. It is there notably because I’m still re-organizing the layout of books on my shelves and, in so doing, I came across Le traître et le néant (The Traitor and the Void) in which journalists Gérard Davet and Fabrice Lhomme dissect a number of episodes in the career of the current President of France. And what comes back to mind is his doublecrossing during the sale of the signature newspaper, Le Monde. Pretending to be the friend and support of the ones, while working under handedly for the competitor. And the impression in reading this and his other ‘achievements’ that this is a basic attitude of his, always ready to lean to the side most advantageous for him. The kind of person to join the victor’s parade…and to make his way to the front line as its pseudo-instigator. The kind to publicly hug Zelenskyi and award him the Legion of Honor, while maintaining openings toward Putin, because you never know, do you? A man surrounding himself with mediocrities that give him the appearance of shining above them. Or so he thinks. In short, a being no one can trust.

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I laugh at the words ‘staying the course‘ that show up in my head. The course ? Which course ? More and more, I have the impression of belonging to a species becoming extinct. A rather sympathique species, on the whole, but totally unadapted to the current world. It’s not even a question of choice, but more a form of inability to adhere to the mix of cynicism and expediency in which ill-named “artificial intelligence” is used in order to format us in every way.

Apart from which “the sea is calm and all is well” as actor Lino Ventura says in the film La Bonne Année – just before realizing he has trapped himself inside the jewelry shop he was robbing. (But, of course, I refer here to the words, I have nothing to do with robberies at Van Cleef’s.)

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Writing ? Yes, of course. I write, therefore I am, written words offer companionship, at least, they do so for me.