
Comme d’y être ? Bien sûr que non. Il n’existe pas, le livre qui puisse rendre l’intégralité d’une expérience vécue. Mais, lisant L’Internat de de l’Ukrainien Serhiy Jadan*, on a tout de même l’impression de saisir quelque chose de la réalité pour les civils du Donbass en guerre. Et comme le livre a été publié en 2017, les choses n’ont fait qu’empirer depuis. Nous sommes loin des images de militaires et de leurs petits chiens ou chats, images sélectionnées avec soin pour un public occidental, en soutien, certes, mais qu’il faut aussi rassurer par la même occasion.
Lecture de soirée – s’étonner ensuite des bizarrerires vécues en rêve…
Mais, finalement, pas plus bizarre que de travailler “les procédés littéraires de la tirade finale d’Oreste à l’Acte V, Scène IV d’Andromaque de Jean Racine”, en après-midi, avec une adolescente préparant une évaluation sur ce sujet. Une fois explorées toutes les ressources stylistiques de cette tirade, la jeune personne résume son sentiment personnel avec les mots: “Franchement, il aurait dû oublier Hermione et se trouver une autre copine; elle était pas la seule femme au monde, quand même.” (Mais elle se souvenait de la métaphore, et de l’antithèse que nous avions abordées l’année dernière, quand son passage de la 3e à la 2e n’était pas assuré.)
*Serhiy Jadan, L’internat, traduit de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn, Les Éditions Noir sur Blanc, 2022
*
Passage au marché du dimanche. Les courses se limitent aux essentiels, les achats de livres à la fin janvier se répercutent sur ce qui reste pour le mois de février, évidemment. Des regrets ? Aucun. Quelqu’un me demande si je pourrais donner un coup de main à une Sud-Africaine qui peine à apprendre suffisamment de français pour une demande de citoyenneté. Vu que ‘mes’ deux Ukrainiennes volent plus ou moins de leurs propres ailes dorénavant, va pour l’Afrique du Sud. (En échange d’argent ? Non, je fonctionne au troc – de services, de nourriture, d’objets, c’est selon.)
*
Je continue de piocher dans les vieux cahiers et à compléter des nouvelles abandonnées en cours de route.
*
Like being there ? Of course not. No book exists that can convey the fullness of a lived experience. But reading Serhiy Jadan’s The Orphanage, you do get the impression of understanding something of the reality for civilians in war-struck Donbass in Ukraine. And as the book, published in 2017, became available in English translation in 2021, things have only gotten worse since. We are far removed from the images of soldiers with their little dogs or cats, images carefully selected for a Western public, a supportive one undoubtedly, but one that needs reassuring by the same token.
Evening reading – no wonder the dreams that follow are bizarre…
But, in final analysis, no more bizarre than to work during the afternoon on “the literary processes in Orestes’ final tirade in Act V, Scene IV of Jean Racine’s tragedy, Andromaque“, with a teenager preparing an exam on the topic. Once we’ve finished exploring all the stylistic resources applied in this tirade, the young person summarizes her ppersonal feeling with the following words: “Frankly, he should have dropped Herminione and found another girlfriend; she wasn’t the only woman in the world, after all.” (But she remembered metaphor and antithesis, which we had dealt with last year, when her admittance into the penultimate class prior to the BA was less than certain.)
*
Sunday market . Purchases restricted to essentials, the books acquired at the end of January affect the money left for the month of February, obviously. Regrets ? None. Someone asks me is I can give a hand to a South African woman who’s having trouble acquiring enough French for a citizenship application. Seeing as “my” two Ukrainians are now more or less flying on their own, South Africa sounds fine by me. (In exchange for money ? No, I work on the barter system – exchanges of services, of food, of objects, depending.)
*
Still digging through old notebooks and polishing off half-finished stories.