Tirée du sommeil au milieu de la nuit par un rêve dans lequel je réalisais mon impuissance à consoler une femme prostrée dans la douleur. Mes yeux s’ouvrent sur la pensée :

Poutine est un médiocre, chef d’une médiocratie. Un envieux dévoré par la haine de tout ce qui dépasse ses vues médiocres, avec ce besoin impossible à combler de rabaisser tout ce qui le dépasse. Son seul plaisir consistant à corrompre (c’est à cette aune qu’il mesure sa ‘supériorité’), il ne supporte pas qu’on résiste à la corruption. Son plaisir inquiet consistant alors à détruire ce qui lui résiste. Plaisir inquiet obligeant à une vigilance constante. Un médiocre a toujours à craindre un plus médiocre que lui parmi ceux qu’il attire.

Sa médiocrité et la leur est ce qui pose le plus gros souci. La seule question qui vaille : comment la contrer.

Sur Facebook, je vois qu’on se réjouit du succès de l’attaque israélienne sur l’usine d’armes en Iran, telle que rapportée par le Jerusalem Post. Succès de la frappe, oui, bien sûr. Et zone de tous les dangers aussi. Souvenir personnel du moment en juin 1981 suivant l’attaque sur l’installation nucléaire en construction en Irak. Nous étions là, dans l’immeuble le plus élevé de Tel Aviv, à l’époque, à attendre la riposte, avec plein de blagues du plus mauvais goût échangés avec les gars de l’armée de l’air d’Israël dans l’étage au-dessus de la nôtre. Puis, reprise du travail, comme la riposte n’était pas venue.

*

Le poème stupéfiant de Zabolotski, traduit par André Markowicz. Je ne tenterai nullement de le rendre en anglais. Qu’il me suffise de dire que je prie pour que certains rêves et poèmes prophétiques soient suffisamment puissants pour détourner les eaux vers d’autres courants.

Un rêve

Humain terrestre âgé de cinquante ans

Avec son lot de chance et de malchance,

Je me suis retrouvé un jour, quittant

Le monde, dans un monde de silence.

L’homme n’y existait qu’un petit peu,

Des derniers restes de ses habitudes

Mais sans désir aucun, sans aucun vœu,

Et n’avait ni surnom ni matricule.

Mille visages indifférenciés

M’accompagnaient, pris dans un cercle étrange ;

J’entrais dans la fumée de grands brasiers

Je m’y recomposais, nouveau mélange.

J’allais flottant, j’étais heureux d’errer,

Indifférent, muet et solitaire 

Et j’écartais d’un geste mesuré

Le fin ruban d’un rougeoiement, la terre.

J’avais encore en moi comme un rebut

De vie pour me tenir à l’identique

Mais l’âme ne tendait que vers un but —

Ne plus être âme et être corps physique.

Des éléments flottaient sur l’étendue,

Surfaces rêches dans surface lisse.

Des ponts d’une amplitude jamais vue

Avaient été jetés sur les abysses.

Je vois les éléments originaux

Qui traversaient l’espace à la dérive, —

Réseaux de fermes, toiles des canaux,

Tracés d’une structure primitive.

Pas de raffinement dans le détail,

Le maniérisme y semble sans usage

Mais on n’y voit pas trace de travail

Quoique tout bouge et tout soit à l’ouvrage.

Dans le comportement de leur pouvoir

Pas ombre de violence ou d’arbitraire ;

Quoique sans peur moi-même et sans vouloir,

Je faisais tout ce que j’avais à faire.

Jamais je n’ai pensé à dire « non »

Ni dire « oui » dans une ardeur factice.

J’aurais erré longtemps, et sans façon,

Si mon errance avait rendu service.

Un jeune gars flottait là par hasard,

Il m’a parlé pendant une heure entière,

Et même lui, pareil à un brouillard,

Était moins un esprit qu’une matière.

Nous sommes arrivés à un étang.

Il a lancé sa ligne, — un dernier reste

De terre a fait surface ; dans l’instant,

Lui, lentement, l’a repoussé d’un geste.

Nikolaï Zabolotski

*

Pulled out of sleep in the middle of the night by a dream in which I fail in consoling a woman prostrated in sorrow . My eyes open on the thought:

Putin is a mediocre person, head of a mediocracy. An envious man devoured by the hatred of anything greater than his mediocre views, with a need impossible to fulfill of lowering everything that is greater than he is. His only pleasure consisting of corrupting, (his success at it being how he rates his ‘superiority), he cannot stand that which resists corruption. His anxious pleasure then consists of destroying that and those which resist. An anxious pleasure requiring constant vigilance. A mediocre person always needs to fear those he attracts around him, both the less and the more mediocre than he.

His and their mediocrity is what poses the greatest concern. The only question worth asking : how best to counter it.

*

On Facebook, I see there is rejoicing over the success of the Israeli attack on the weapons facility in Iran, as announced in The Jerusalem Post. A successful hit, yes, no doubt. And a zone of all the dangers also. Personal recollection of the moment in June 1981 when Israel struck the nuclear installation being built in Irak. There we were in what was the highest building in Tel Aviv at the time, waiting to discover, with many lousy jokes exchanged with the folks from the Israeli Air Force on the floor above ours, if an immediate retaliation would come. When it didn’t, we went back to work.

*

I certainly won’t attempt to render into English, Nikolay Zabolotsky’s stupendous poem, as translated in French by André Markowicz. Suffice it to say I can only pray that the warnings in some prophetic dreams and poems be sufficiently powerful to divert the waters into different streams.