
L’autre jour, en dépieutant la pile de Téléramas fournis par une amie, je suis tombée sur un numéro dans lequel des auteurs français donnaient la liste de leur dix livres préférés. L’un d’eux (je ne me souviens plus lequel) plaçait en tête de sa liste personnelle La passion selon G.H. de l’écrivaine brésilienne, Clarice Lispector. Je me suis dit: tiens, c’est vrai, je n’ai jamais rien lu d’elle. Avant de lire ladite passion, j’ai acheté un petit recueil de ses nouvelles que j’ai trouvé bien observées, alors va pour La passion selon G.H., vendue en coffret avec L’Heure de l’Etoile.
J’ai commencé la lecture de La Passion lundi soir; j’ai tenu jusqu’au troisième chapitre où je me suis dit: peut-être qu’il vaudrait mieux que je commence par L’Heure de l’Etoile; que j’ai mis de côté à la page 17.
Le problème ? Dans La passion, les deux premiers chapitres sont consacrés aux hésitations de l’auteur à savoir si oui, si non, elle va raconter cette histoire au lecteur, histoire, l’avertit-elle, dans laquelle elle a découvert – ah ! qu’est-ce qu’elle n’a pas découvert ! Et ainsi de suite, alors cette lectrice-ci avait juste envie de dire “Allez, Clarice, on se lance, on y va, on raconte avant la fin de l’année, oui, bout de chandelle ?” (Le troisième chapitre l’a finalement emmenée jusqu’au lieu des révélations apocalyptiques – la chambre de la bonne – mais…)
Quant à L’Heure de l’Etoile, Clarice confie dès la page 12 que l’histoire est le récit d’une lente révélation et, vraiment, je ne vois aucune raison de douter de la lenteur en question.
Reprise des tentatives hier soir, depuis le début. J’en suis à la page 73 dans La Passion et je crois que le problème de base, c’est que je n’ai aucune sympathie pour les révélations stupéfiantes du personnage qui 1. trouve une blatte dans une armoire (elle a horreur des blattes, elle n’est pas la seule dans son cas); 2 tente de tuer la blatte et se découvre ainsi, à sa grande horreur, une âme de tueuse (de blattes? j’adhère); et 3. comme la blatte n’est pas morte, elle plonge dans une horreur encore plus grande à l’idée que la vie puisse contenir des blattes ou qu’elle soit de même nature qu’une blatte, ou… D’accord. C’est alors que j’ai triché pour aller lire la dernière phrase : “La vie m’est. Je ne comprends pas ce que je dis. Et alors, j’adore.”
Moi, non, je n’adore pas pour ce qui est de son écriture. Mais, ça n’est pas grave que l’écriture de Clarice Lispector ne soit pas à mon goût. Apparemment, c’est au goût de plein d’autres gens, dont l’auteur français qui la recommande (et dont j’oublie le nom.) Tout comme ça n’est pas grave si on n’aime pas la mienne d’écriture. Je n’en suis pas moins écrivaine pour autant. Mais pas dans le style Clarice Lispector.
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Le nombre de personnes qui avalent la propagande de Poutine ? Effarant. Qui sont prêtes à s’écraser devant une dictature ? À s’accommoder de génocides, tant qu’ils ne se déroulent pas chez eux ? À donner le tournis. Même des personnes que j’aime bien, autour de moi qui préfèrent vivre en somnambules. Qui semblent considérer l’indifférence envers les autres comme le summum de l’expérience humaine ?C’est assez décourageant.
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The other day while picking apart a pile of Telerama magazines provided by a friend, I came across one copy in which French authors provided the list of their ten favorite books. One of them (I don’t remember which one) placed at the top of his personal list The Passion According to G.H. by the Brazilian writer, Clarice Lispector. That’s true, I told myself, I’ve never read anything of hers. Before buying said Passion, I acquired a small collection of her short stories and found them well observed, so OK for the Passion, sold in a boxed combo with her L’Heure de l’Etoile.
I started reading the Passion Monday night, and lasted into the third chaper when I told myself: perhap I’d be better off beginning by L’Heure de l’Etoile – which I set aside on page 17.
The problem ? In the Passion, the first two chapters are devoted to the author’s hesitations over, yes or no, will she relate this story to the reader, in which she discovered – ah! but what did she not discover ! And so on, so that this reader at least just wants to say “OK, Clarice, get a move on, are you going to tell the story or not before the year is out ? (The third chapter finally brings her to the place where the apocalyptic revelations will play out – her maid’s bedroom – but…)
As for L’Heure de l’Etoile, on page 12, Clarice confides that the story is a tale of slow revelations and, truly, I see no readon to doubt said slowness.
Second attempts last night, from the beginning. I reach page 73 in The Passion and I think the basic problem is that I exeprience no sympathy for the stupefying revelations of the character who 1. finds a cockroach in an armoire (she has a horror of corckroaches and she is not the only one); 2 attempts to kill the cockroach and thus discovers, to her great horror that she has the soul of a killer (of cockroaches? I’m with her); and 3. as the cockroach is not dead, she plunges into an even greater horror at the thought that life should contain cockroaches or that she should be of the same essence as a cockroach or… OK. I cheated and had a look at the final sentence. “Myself belongs to life. I don’t undertand what I’m saying. And so, I adore it.”
Well, I don’t adore her writing. But it doesn’t matter if Clarice Lispector’s writing is not to my taste. Apparently it appeals to plenty of other people, including the French author recommending it (I forget his name.) Just as it doesn’t matter if some people don’t like my writing. I’m still a writer anyway. But not in Clarice Lispector style.
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The number of people swallowing Putin’s propaganda ? Frightening. Who are ready to cave in when facing a dictatorship ? Who are just fine with genocides, as long as they don’t occur in their neighborhood ? Astonishing. Even people around me I like well enough, who prefer living like sleepwalkers.Who seem to consider indifference toward others as the heighth of the human experience ? It’s rather discouraging.