23 janvier 2023

C’est juste un peu drôle – réconfortant aussi – parce que ce qu’écrit André Markowicz dans sa chronique du jour sur facebook, correspond à mes propres opinions; de les trouver exprimées aussi justement, ça fait plaisir.

D’autant qu’hier sur Facebook justement, j’étais tombée sur l’article d’un noble et brave défenseur de l’Ukraine qui se faisait fort de démontrer que l’oeuvre de Dostoïevski contenait tous les fondements de la doxa fasciste de l’idéologie dominante en Russie; il le faisait dans le style de la condamnation de la Russie entière, en esprit et en vérité. La chose n’était pas difficile, évidemment, puisque l’oeuvre de Dostoïevski reflète de façon magistrale les grands courants sociaux et politiques de pensée traversant la Russie entre 1846 et 1880.

Cela dit, je crois que si ce monsieur s’était donné la peine d’examiner la littérature française sur la même période, il y aurait trouvé matière à fustiger un cocardisme outrancier (ne serait-ce que dans les manuels scolaires où il envahit tout), sans parler des protestations sur la mission sacrée de “la fille aînée de l’Eglise”, l’antisémitisme, le racisme et le colonialisme plus qu’assumés. Même chose pour les Etats-Unis avec sa “destinée manifeste”. Même chose pour la construction de l’Allemagne autour de la Prusse conquérante….Bref : Oui, les personnages de Dostoïevski expriment leur peu d’amour pour la France et les Européens en général (tout particulièrement les Allemands) et exaltent le mysticisme “inhérent à l’âme slave”.

Mais l’aspect le plus grave dans la construction de l’Etat Russe actuelle, c’est l’absence de quelque pratique réelle d’un régime démocratique véritable fondé sur l’Etat de droit et la représentativité des élus – deux notions fort mises à mal chez nous, mais dans des peuples en connaissant et la pratique et les exigences de la démocratie, de ses droits et de ses libertés.

Bref encore : répondre à la campagne de satanisation du Kremlin par une glorification excessive d’une Ukraine sans tache et sans reproche ne règlera strictement rien, le jour où les louanges auront pris quelques vilains coups de la part de réalités moins inspirantes.

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Je poursuis la révision du récit de Moïra à la première personne. J’ai demandé à quelqu’un de me donner son avis en comparant le même extrait à la première et à la troisième personne. Je n’ai pas encore reçu son opinion, mais, personnellement, je me sens plus à l’aise dans le mode première personne puisque, essentiellement, à travers les événements quotidiens, elle tente de reconstituer sa propre histoire à partir de bribes parfois horribles, mais parfois précieuses aussi.

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It’s just a bit funny – comforting also – because what André Markowicz writes in his facebook column today matches my own opinions : finding them expressed so aptly is truly a pleasure.

Especially since yesterday, precisely on Facebook, I came across the article from a brave and noble defendor of Ukraine who wished to demonstrate that Dostoyevsky’s entire production contained all the foundations of the fascist doxa of the dominant ideology in today’s Russia. He did so in the style of a total condemnation of Russia in its entirety, both in spirit and in fact. This was not difficult, of course, since Dostoyevsky’s work reflects in a masterful way the social and political currents of thought spreading through Russia between 1846 and 1880.

That said, I think that if this gentleman had taken the trouble of examining French literature of the same period, he would have found there plenty with which to castigate an outrageous level of chauvinism (if only in the schoolbooks where it invades everything), without mentioning the claims of a sacred mission devolved to “the Catholic Church’s eldest daughter”, the full display of antisemitism, racism and colonialism. The same applying to the United States and its “manifest destiny”. Same with the construction of Germany around conquering Prussia… In short: yes, Dostoyevsky’s characters express their absence of affection for France and for Europeans in general (particularly the Germans) and exalt the mysticusm “inherent in the Slavic soul”.

But the most serious lack leading to the construction of the current Russian State is the absence of any real practice of a real democratic regime based on the rule of law and the representativity of its elected ones – two notions severely mishandled under our skies, but in countries where the people are cognizant of the practices and requirements of democracy, of its rights and of its liberties.

In short once again : responding to the Kremlin’s campaign of satanization by an excessive glorification of a spotless Ukraine above reproach will solve strictly nothing on the day when the praise will have taken a few ugly knocks from realities less inspiring.

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I’m pursuing the revision of Moira’s tale in the first person. I’ve asked someone to provide his opinion in comparing the same excerpt written in the first and in the third voice. I haven’t received his comments yet but, personally, I feel more at ease in the first person mode since, essentially, through the lens of daily events, she attempts to rebuild her own story, using bits that are sometimes horrible, but precious also, at times.

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