
Des collections de poèmes – de Mandelstam, notamment – j’en ai plusieurs. C’est dans ma copie de la collection bilingue publiée par les éditions de la Librairie du Globe de Paris en 1992 que j’ai collé les diverses traductions que j’avais du poème de Mandelstam; celui qui s’ouvre sur l’image de quelqu’un dans une cour, se lavant la nuit dans un tonneau d’eau glacée dans laquelle se reflète la lueur des étoiles grossières “comme du sel sur la hache” (le poème que cite André Markowicz dans sa chronique facebook aujourd’hui).
Cette collection-ci est de 1992. J’y ai donc collé des versions recueillies pendant mes trois années en Israel, dont la version dans la traduction anglaise par W.S. Merwin et Clarence Brown, que je n’aime pas (raturée dans ma copie avec des modifications que m’inspiraient les versions en français.) Cette version-là, je me souviens de l’avoir photocopié d’une revue sur une Xerox à Ovda dans le désert du Sinaï. Les journées y étaient torrides et les nuits, glaciales. Quant à la solitude sur ce chantier à vocation militaire, elle atteignait parfois une limpidité extraordinaire dans laquelle les champs d’étoiles semblaient croître et crépiter.
Aujourd’hui, la page d’accueil de la Librairie du Globe s’ouvre sur son soutien à l’Ukraine où les exactions plongent dans l’horreur sans recours, quelque ‘justice’ qui puisse y être appliquée un jour, comme un sparadrap sur une plaie béante.
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Il se passe des choses entre mes connaissances ukrainiennes. L’une a décidé de poursuivre ses cours de français en ligne; mais j’ai surtout l’impression qu’elle n’a pas envie de passer du temps avec sa demi-soeur qui semble traverser un drôle de moment. J’en saurai plus cet après-midi sans doute.
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Quant à la révision, je suis dans ce moment de suspension où j’ai conscience qu’il se passe quelque chose en sous-sol, concernant un des personnages souvent évoqués mais qui n’apparaît jamais directement dans le récit. Une sorte d’expédition d’excavation à la recherche de l’image ou des mots qui rendront comment cette femme fut déterminante sur le parcours de Moïra.
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Au final, V a déplacé le jour et l’heure du cours de français trois fois…et n’est pas venue, n’a pas laissé de messages…Je suis rentrée après l’avoir attendue presque une heure et demi. De son côté, je vois que L a téléphoné pendant mon absence; il ne se manifeste que lorsqu’il a besoin d’un “petit service” et comme ma bonne volonté est sérieusement en berne aujourd’hui, il attendra au moins jusqu’à demain.
La bonne volonté; comme la nappe phréatique, elle a besoin de renflouement externe, sinon, elle s’épuise.
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I have several collections of poems – those of Mandelstam, notably. In my copy of the bilingual collection published by the Paris Librairie du Globe in 1992, I’ve glued the various translations I had of the poem that opens on the image of someone in a courtyard washing at night in a barrel filled with icy-cold water in which the light from coarse stars reflects as would ‘salt on an axe-blade’ (the poem André Markowicz quotes in his facebook column today.
This collection dates from 1992. In it, I glued the versions collected during my three years in Israel, including the version in English translation by W.S. merwin and Clarence Brown which I don’t like much (scribbled over in my copy with the modifications inspired by the French versions.) But that particular version, I recall, I had photocopied from a magazine on one of the Xerox machines at Ovda in the Sinai desert. The days there were torrid and the nights, ice-cold. In the solitude of that military building site, it sometimes reached an extraordinary limpidity in which fields of stars seemed to grow and crackle.
These days, the opening page on Librairie du Globe’s website professes its support for Ukraine where the exactions plunge into a horror without recourse, no matter what ‘justice’ may be applied to it eventually, like a bandaid on a gaping wound.
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Things are happening between my Ukrainian friends. One of them has decided to pursue her French lessons online; but I mainly get the impression she does not want to spend time with her half-sister, who seems to be going through an odd moment. i’ll know more about it this afternoon, no doubt.
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As for the revision, I’m in that suspended time when something is taking shape in the underground of the story, concerning a character often evoked but who never appears as such in the narrative. A kind of excavation expedition in seach of the image or the words conveying how this women’s influence determined Moira’s course.
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Finally after moving both the day and the hour of the French lesson three times, V didn’t show up and didn’t leave a message either. I came home after waiting almost an hour and a half for her. Meanwhile, I see L called; he never does unless he’s in need of a “small favour” and since my supply of goodwill is all dried up, he’ll just have to wait at least until tomorrow.
Goodwill: it’s like the water table, it need external replenishment without which it dries up.