
289e journée de l’invasion de l’Ukraine. Les compromissions continuent de s’étaler au grand jour. Tenir devient une sorte de mot d’ordre devant sa propre lassitude. Jour après jour, je découvre à quel point ma vision de jeunesse de la France était naïve, nourrie qu’elle était des oeuvres de Camus; comme si, portés par des mots justes, même les pires vilenies perdaient tout pouvoir.
Ce qui, bien sûr, n’est pas le cas, ni en France, ni ailleurs. Les pouvoirs de la compromission sont multiples. Mais voilà : j’avais 15 ans, j’en ai maintenant 76 et le pire, c’est bien ce brouillard sale qui fausse tout.
J’arrive du supermarché discount où les allées s’amenuisent en raison des arrivages de tout tout tout pour Noël: bières, vins, chocolats, décorations clinquantes…en même temps que tourne en boucle la ritournelle des temps difficiles que nous traversons, pauvres de pauvres de nous, en France. Oui, tout coûte plus cher; oui, les plus gros s’en mettent plein les poches. En quoi cela justifie les appels à une paix-bidon, ça n’est pas à moi qu’il faut le demander. La lassitude des uns, la fraude et la trahison des autres, brassés avec la naïveté, l’indifférence…Non, il n’est pas facile de tenir devant les multiples tentations de la démission, entretenues par les déclarations contradictoires d’un Président de la République qui place ses jetons sur toutes les cases, pour pouvoir affirmer qu’il avait raison, quel que soit le résultat d’une de ses manoeuvres.
Brouillard, brouillage.
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Ecriture personnelle : je regroupe certains écrits sous Lettres envoyées ou non.
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Le dernier cours de Timothy Snyder dans la série The Making of Modern Ukraine.
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289th day of the Russian invasion of Ukraine. Dishonorable compromises continue to spread in the full light of day. (French has two different words for compromise – compromis for mutually agreed settlements, and compromission for dishonorable, opportunistic arrangements. Day after day, I discover how naive my youthful vision of France was, fed by the works of Camus; as if, when carried by just words, even the worst vileness lost all its power.
Which, of course, is not the case, neither in France nor elsewhere. The powers of dishonorable arrangements are many. But there you have it : I was 15 years old, I’m now 76.
I’ve just come back from the discount supermarket where the aisles are narrowing because of arrivals of everything everything everything for Christmas : beers, wines, chocolates, glittery décorations…while, at the same time, we hear the constant loop about the harsh times we are crossing, poor poor us, in France. Yes, everything costs more; yes, the gib guys are stuffing their pockets. How this serves as a justification for appeals to a phony peace, don’t ask me. The tiredness of some, the frauds and betrayals of others, mixed in with naiveté, indifference…No, holding on isn’t easy in the face of the many temptations to give up, fed by the contradictory declarations of a President of the Republic who places his chits on every number, so he can declare he was right, whatever the results of his manoeuvres.
Fog, interference.
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Personal writing: regrouping some materials under Letters, sent or not.
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Timothy Snyder’s final lecture in the series The Making of Modern Ukraine.