
Parler avec les autres. De plus en plus difficile, voire impossible, dès qu’on s’éloigne des rives archi-fréquentées des blagues, des « bons mots », des propos de bon ton qu’on échange à un vernissage. Convivialité de surface, expressions faciales de bon aloi. Je m’en lasse de plus en plus vite.
Evidemment, on me sourit, je souris en retour. On me raconte quelque chose d’amusant, je renchéris, ce n’est que politesse. Mais très vite, j’en ai assez parce que je perçois une telle dissonance entre les rires de surface et les échos confus qui percent au travers de cette bonne humeur plus légère et plus fragile que des bulles de savon, que je trouve un prétexte quelconque pour m’éclipser.
Résultat: les seuls avec lesquels je peux évoquer un tant soit peu les sujets de préoccupations sont de parfaits inconnus sur un réseau dit ‘social’.
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Sur ma rue à petits revenus, une seule résidence est illuminée pour Noël – celle achetée à petit prix et entièrement restaurée par quelqu’un à revenus plus substantiels. La façade est festonnée d’une longue et épaisse guirlande de lumières (en façade, l’étage compte 7 fenêtres donnant sur la rue), avec une illumination en forme de sapin de Noël. Aux étages (entièrement illuminés à l’intérieur,) chaque fenêtre a son lot de petits trucs clignotants. L’effet est très curieux, vu ce qui l’entoure. On dirait que les autres habitants de la rue font des économies pour permettre à ceux qui résident ici d’en mettre plein la vue.
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Ce matin : tout bloque. Le téléphone sonne et affiche le numéro de qui m’appelle, mais s’arrête dès que j’essaie de répondre. Puis, c’est la page facebook qui disparaît et la connexion internet qui ne fonctionne plus. (Ça fonctionne en ce moment, je ne sais pas pour combien de temps.)
Bref: tout à l’avenant et j’en ai marre d’avoir marre d’avoir l’impression d’être prisonnière d’un escalier roulant descendant que je m’obstine à monter.
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La question stupide qui m’accueille sur wordpress, ce matin : êtes-vous une personne matinale ou une personne de nuit ? Ah, parce que l’algorithme de wordpress “s’intéresse” aux humains, maintenant ?
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17h45 Non, je ne tiens pas à en savoir davantage sur les mercenaires de Wagner (plusieurs articles à ce sujet sur facebook). Oui, j’ai bien noté des explosions sur deux bases aériennes en Russie, et les missiles russes pleuvant sur l’Ukraine. Il fait froid, de plus en plus.
Pour l’heure, je viens de terminer une brève nouvelle basée sur la disparition de mon frère. Et je suis contente de l’allure qu’avait Y au sortir de la classe libre au cirque ce matin. Pour la première fois depuis que je le connais, elle souriait. La prof me dit qu’elle est arrivée et s’est mise à ses réchauffements sans attendre d’instructions et hop – au trapèze ! (où elle est très forte, me dit le prof, et sera une inspiration pour d’autres.)
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Talking with others. Harder and harder, near impossible as soon as you leave the well-frequented shores of jokes, “bons mots”, pleasant conversation like that at the opening of an art show. Surface conviviality, facial expressions of good cheer. I tire from it more and more quickly.
Of course, someone smiles at me, I smile back. Someone tells me something amusing, I provide something as a response, it’s only polite to do so. But very quickly, I have enough because I sense such a dissonance between the surface jollities and the vague echoes puncturing this good mood, more fragile than soap bubbles, that I find some excuse in order to leave.
As a result the only people with whom I can somewhat evoke preoccupying topics are perfect strangers on a network called “social”.
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On my low-revenue street, only one home is illuminated for Christmas – the one that was bought on the cheap and entirely renovated by someone with more substantial means. The facade is decorated with a long and thick garland of lights (the upper storey has 7 windows giving out on the street), plus an illumination in the shape of a Christmas tree. On the upper floors (where the lights are on in every room), every window has its twinkling decoration. The whole effect is truly odd, given the surroundings. It’s as if all the other inhabitants on the street were saving in order to allow these residents de put on their show.
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This morning: everything shuts down. The phone rings and shows the number of the person calling, but if I answer, the system shuts down. Then, while on facebook, the page disappears and the internet connection no longer works. (It’s working right now, I have no idea for how long.)
In short: everything is like that and I’m fed up with being fed up of the impression of being a prisoner on a down-moving escalator I persist in attempting to climb.
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The stupid question greeting me here this morning: are you a morning or a night person? Oh because the wordpress algorithm is interested in people, now ?
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17:45 No, I don’t wish to know anything further about the Wagner mercenaries (several articles on the topic on Facebook.) Yes, I’ ve duly noted the explosions at two Russian airfields and the Russian missiles raining down on Ukraine. It is getting colder and colder.
For the time being, I’ve just finished a brief short story based on my brother’s disappearance. And I’m happy about Y’s attitude after the circus class this morning. I saw her smiling and happy for the first time since I know her. The prof says Y is really top-level and went into her warm ups without instruction before hopping over to the trapeze. (She’s so good at it that she’ll prove an inspiration for others, says the prof.).