17 novembre 2022

La quantité d’inepties dans les échanges sur facebook : désolante. Maintenant que je comprends mieux comment le ‘jeu’ fonctionne, je commence à réduire mes propres commentaires, surtout lorsque je constate une série interminable de réponses dégénérant en attaques qu’on ne peut pas qualifier de ‘personnelles’ puisque ces gens ne se connaissent même pas !

Hier soir, j’ai tout éteint plutôt que d’ajouter à la joute inutile accompagnant une tartine débutant par l’expression de mépris pour Zelenskyi, qualifié de clown et de marionnette, avant de poursuivre par des affirmations de soutien à l’Ukraine.

Personnellement, j’ai plusieurs amis qui sont clown ou marionnettiste de profession. Leurs métiers n’ont rien de méprisable, bien au contraire. De plus, Zelenskyi est le président élu de son pays, choisi par une majorité d’Ukrainiens. Il travaille comme une bête, sous la menace constante d’assassinat de sa personne et/ou de sa femme et de ses enfants. Alors, se permettre d’exprimer pareil mépris, bien au chaud, loin des zones de lutte, je trouve ça méprisable, justement.

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Alors je relis Jacques Ferron. Les têtes de morues, entre autres récits, celui-ci n’occupant que trois pages et demi du livre. Il débute par ces mots du jeune médecin arrivant dans un coin perdu de la Gaspésie pour aider à un accouchement difficile :

«Je ne les ai pas oubliées. Elles me reviennent du fond des âges, de plus loin que le mien, et se dressent de nouveau sous la lune d’avril, au bout de leurs longues perches, plantées dans les deux amas de neige qui flanquaient la maison, presque aussi hauts que le toit. Gueules béantes, elles se penchent, et me regardent descendre. C’est en effet l’impression que donne. cette demeure dès qu’on s’en approche – d’être à moitié enfoncée dans la terre et qu’on doive descendre pour y entrer. »*

Jacques Ferron. Après des années et des années de lecture des ouvrages des plus grands écrivains, il fut ma première référence réelle en littérature. Mon Tchekhov initial, en somme. Je crois qu’il est un parfait inconnu en France.

*Jacques Ferron, La conférence inachevée, Le pas de Gamelin et autres récits, VLB Editeur, 1987

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The quantity of empty nonsense in the exchanges on facebook: a desolation. Now that I have a better understanding of how the ‘game’ is played, I’ve started reducing my own comments, especially when I notice an endless list of answers degenerating into attacks you can’t even qualify of ‘person’l, since these people don’t even know one another !

Las night, I shut everything down rather than adding to the useless jousting accompanying a long spread that began with words of contempt for Zelenskyi, calling him a clown and a puppet, before going on to affirmations of solidarity with Ukraine…

Personally, I have several friends who are clowns or puppeteers by profession. Their work has nothing calling for contempt, quite the contrary. Moreoever, Zelenskyi is the elected president of his country, chosen by a majority of Ukrainiens. He works like a dog, under the constant threat of assassination of his own person and/or of that of his wife and children. So, allowing one’s self such contempt, while warmly ensconced far from the struggle, I find contemptible, precisely. Was there any point in stating this in the overheated atmosphere of strings of invectives ? Not really.

*

So I read Jacques Ferron again. Les têtes de morues, (The Cod Heads) among other stories – this one being all of three and a half pages long. It begins with these words by the young doctor arriving in a god-forsaken place in the Gaspé peninsula to help with a difficult childbirth:

“I have not forgotten them. They come back to me from the depths of the ages, from further than my own, and rise again under the April moon, perched on their long poles, planted in the two snowbanks flanking the house, almost as high as the roof. With open jaws, they lean down and watch me descend. This indeed is the impression this home gives off when on approaches – of being halfway sunk into the earth and that one must descend in order to enter.”

Jacques Ferron. After years and years of reading the works of some of the greatest writers, he was my first true reference in literature. My initial Chekhov, so to speak. I believe he is a total unknown in France.

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