
Parfois, pour moral garder, il vaut mieux prendre exemple sur la végétation que sur les humains. Derrière chez moi, suite aux pluies de la semaine dernière, le sol est recouvert d’un tapis de petites plantes aux feuilles dentelées, remplaçant les traces jaunies de la végétation brûlée par la sécheresse de cet été; revenant de chez l’amie ukrainienne, hier, les champs étaient d’un vert irlandais, presque fluorescent dans son intensité. La vie, insistante, comme ce parterre de trèfle photographié au printemps.
Dans le cas de cette amie ukrainienne, le désastre n’est pas seulement due à l’armée russe, mais aussi aux réactions de ses ex-collègues dans l’entreprise qu’ils avaient mis sur pied ensemble. Ah, tu pars à l’étranger, ont-ils dit. Et bien, on te saisit ta part dans l’entreprise et tu nous dois tant et tant pour ça et autres choses. Tout n’est pas rose non plus, par exemple, dans un village où la maison du troisième voisin n’a pas été touchée par les missiles – pourquoi ? Est-ce un délateur ? Est-ce lui qui a fait viser ma maison ? Et ainsi de suite. Non, chaque victoire à un prix pour les survivants aussi.
*
Scènes de liesse à Kherson, hier. Kherson sans eau, sans électricité, sans suffisamment de pain puisqu’il n’y a pas moyen de le faire cuire. Sans parler des milliers de mines, de guet-apens et de munitions non explosées truffant le paysage. Et cette dure réalité, rappelée par André Markowicz, ce matin: les Etats-Unis ont livré 18 lance-lissiles Himars à l’Ukraine; il leur en reste 250. Parce que, oui, l’Occident veut que l’Ukraine gagne, mais pas au prix de faire tomber Poutine et des désorganisations désastreuses qui s’ensuivront pendant que ses successeurs s’entre-déchireront.
De la valeur relative des dictatures pour les démocraties…Vaste et pénible sujet.
*
Sometimes to keep your spirits up, it’s best to follow the example of vegetation rather than that of humans. Following the rains last week, the ground in my backyard is carpeted with tiny plants with scalloped leaves, replacing the yellowed remains of the vegetation burned off by the summer draught; on the way back from the Ukrainian friend’s place yesterday, the fields were of a Irish green, almost fluorescent in their intensity. Life, insistent, like this carpet of clover photographed in the spring.
In the case of this Ukrainian friend, the disaster is not only due to the Russian army but also to the reactions of her ex-colleagues in the business they had set up together. Oh, so you’re going abroad, they said. In that case, we’re seizing your share in the business and you owe us for such and such. Not is not rosy either, for example in a village where, the house of the third neighbour was not touched by the missiles – why ? Is he an informer ? Is he the one who had them target my house? And so on. No, each victory has a cost for the survivors also.
*
Scenes of rejoicing in Kherson yesterday. Kherson deprived of water, electric power, without enough bread since there is no way to bake it. This before even mentioning the thousands of mines, trip-wires and unexploded ammunition littering the environment. And that harsh reality, mentioned by André Markowicz this morning: the United States delivered 18 Himars missile launchers to Ukraine: they still have 250 of them. Because yes, the West wants Ukraine to win but not at the cost Putin’s fall and of the disastrous disoranizations that would follow while his successors tear each other apart.
Of the relative value of dictatorships for democracies…A vast and painful topic.