Sur Facebook, les jours où ils n’ont pas beaucoup de grains nouveaux à moudre, les zexperts se relancent mutuellement: sûrement, dit l’un, au matin du 24 février 2022, en se regardant dans le miroir, Zelenskyi s’est dit: “Volodymyr, à toi maintenant de faire comme Staline et de refuser de quitter la ville sous les bombardements de l’ennemi.” Obscénité que cela, de répliquer un autre, comparer Zelenskyi à Staline est inadmissible. Et que voilà un joli débat pour meubler un dimanche après-midi, où c’est connu depuis Trenet, “le dimanche, les parents s’ennuient” autant que leurs gamins.

L’un des rares commentaires intelligents à paraître sur ma page étant celui d’une personne s’identifiant comme Delphine Horveilleur, communiquant ce qui suit concernant la laïcité : « La laïcité française n’oppose pas la foi à l’incroyance. Elle ne sépare pas ceux qui croient que Dieu veille, et ceux qui croient aussi ferme qu’il est mort ou inventé. Elle n’a rien à voir avec cela. Elle n’est ni fondée sur la conviction que le ciel est vide ni sur celle qu’il est habité, mais sur la défense d’une terre jamais pleine, la conscience qu’il y reste toujours une place qui n’est pas la nôtre. La laïcité dit que l’espace de nos vies n’est jamais saturé de convictions, et elle garantit toujours une place laissée vide de certitudes. Elle empêche une foi ou une espérance de saturer tout l’espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer. »

Je trouve ça bien. Y avoir pensé, c’est ce que j’aurais dit moi-même, plus ou moins (sans le mot transcendance, probablement).

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Le froid nous est tombé dessus d’un seul coup cette nuit. Chaussettes et pulls de rigueur, pour de bon ou de passage, je ne sais pas. Assise à table devant la porte vitrée donnant sur le jardin, je mange mon repas en regardant la lune progresser dans le ciel – enfin, la terre tourner donnant l’illusion que la lune se transporte d’un point à l’autre.

Après le marché pour trois oeufs fraîchement pondus, des pommes de terre, des oignons et quelques fruits, j’ai fait quelques traductions mais je n’ai pas touché aux révisions. Toujours au marché, quelqu’un m’a promis un chaton pour janvier, question de contrôler l’avancée des rats qui s’enhardissent depuis que certains voisins laissent leurs détritus s’accumuler, après avoir rendu la poubelle commune inutilisable. Les seuls rats pour lesquels j’aie éprouvé de la pitié dans ma vie furent ceux utilisés comme cobayes au département de psychologie expérimentale étudiant les conséquences de l’addiction où je traduisais les demandes de subventions de l’anglais au français sur mon salaire de secrétaire départementale.

L’idée d”un co-locataire félin ne m’enchante pas plus qu’il faut, surtout en raison des coûts inévitables y afférant, mais à choisir entre un chat et des rats, la décision est vite prise. Il va tout de même falloir que j’en avertisse les merles qui ont pris l’habitude de considérer mon jardin comme chasse gardée.

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On Facebook when they don’t have much news to chew on, the zexperts challenge one another : surely, one of them says, on the morning of February 24 2022 when he looked himself in the mirror, Zelenskyi said to himself: “Volodymyr, your turn to act as Stalin did and refuse to leave the town being bombarded by the enemy.” That’s downright obscene, another says, comparing Zelenskyi to Stalin is inadmissible. What a neat debate with which to fill a Sunday afternoon when, as Charles Trenet said in the song “parents are bored on Sunday afternoons”, and not just their children.

One of the rare intelligent comments to appear on my page was from someone identifying herself as Delphine Horveilleur who had this to say about the French secular system: “French secularism does not oppose faith to non-belief. It does not separate those who believe that God is watching over us and those who believe just as strongly that he is dead or an invention. It has nothing to do with that. It is not based on the conviction that the sky is empty nor on that which says it is inhabited, but rather on defending an earth that is never filled, the awareness that there is always a space that is not ours. Secularism says that the space of our lives is not saturated with beliefs, and it always guarantees a space devoid of certainties. It keeps a faith or a hope from saturating all the available space. In that, in its way, secularism is a form of transcendance. It affirms that there always exists within it a territory larger than my belief, one that can greet that of another who has come to breathe in it. ”

I find it well said. Had I thought of it myself, that’s how I would have expressed it, more or less. (Without the word transcendance, probably.)

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The cold landed on us suddenly during the night. Socks ans sweaters required, for good or as a temporary measure, I don’t know. Sitting at the table facing the sliding door out to the garden, I eat my meal while watching the moon work its way across the sky – which is to say, the earth revolving and creating the illusion that the moon is moving itself from one point to another.

Following the market where I acquired three freshly-laid eggs, potatoes, onions and a bit of fruit, I translated a few things but didn’t touch the revisions. Still at the market, someone promised me a kitten for January, to help control the advance of the rats getting more obstreperous since some of the neighbours have taken to leaving their garbage around after breaking the communal trash can. The only rats for whom I ever felt any pity whatsoever being the ones used in experiments in an experimental psychology department that studied the consequences of addiction, and where I translated grant submittals from English to French on my Departmental secretary’s salary.

The idea of a feline co-tenant doesn’t delight me all that much – mainly because of the costs involved – but if the choice is between a cat and a bunch of rats, there’s no room for hesitation. I’ll have to give notice to the blackbirds though who have become accustomed to considering my backyard as their private hunting grounds.