
C’est assez étonnant : hier soir, en préparant mon repas, je pensais … à l’Ukraine, évidemment et je me suis arrêtée quelques minutes pour mettre en ligne une réflexion inspirée par un commentaire de l’historien Timothy Snyder. Une réflexion qui me paraissait tellement évidente que je me suis demandée si ça valait la peine de la publier.
Ce matin, je constate que 75 personnes ont ‘aimé’ et 38 l’ont partagée. Etonnant, il s’agit pourtant d’une évidence :
Aux Etats-Unis, au début de 2022 alors que la Russie de Poutine massait ses troupes sur la frontière ukrainienne, Timothy Snyder – professeur d’histoire de l’Ukraine à l’université Yale – reçut à tour de rôle la visite d’anciens conseillers d’Obama, et ceux de Trump. Il raconte dans l’une de ces conférences comment, dans les deux cas, on lui dit en substance: “Sauf tout le respect que nous avons à votre égard, professeur, comment pouvez-vous affirmer que le président ukrainien, garçon sympathique mais sans aucune expérience qui vaille, ne fuira pas en cas d’invasion réelle ? C’est bien ce que fit Ianoukovytch quand la soupe devint trop chaude pour lui. Et regardez la fuite de Ashraf Ghani d’Afghanistan ?” Et lui de prétendre que les choses ne se passeraient pas ainsi, que l’Ukraine allait résister à l’envahisseur. Au matin du 25 février, ayant refusé l’offre d’évacuation que lui adressait les Etats-Unis, Zelensky réalisa sa fameuse vidéo en extérieur à Kyiv, déclarant: “Le président est ici.” Le plan se terminait sur lui et ses plus proches collaborateurs prononçant les mots devenus emblématiques: “Slava Ukraïni”.
Lors d’une visite à Kyiv il y a environ un mois, Snyder a eu une rencontre avec Zelensky et lui a demandé ce qui avait motivé sa décision. Zelensky lui a répondu , entre autres choses, que la liberté avait un prix et qu’il ne se serait pas supporté lui-même s’il n’avait pas assumé ses responsabilités.
Plus de 8 mois plus tard, malgré les morts et les destructions qui se poursuivent, la majorité des Ukrainiens partagent cette opinion : Oui, la liberté a un prix et sa tâche fondamentale, ça n’est pas de choisir entre une glace à l’orange ou une glace à la pistache, c’est de dire la vérité aux puissants et à ceux qui se croient puissants simplement parce qu’ils n’ont jamais été confrontés à la vérité. La leçon vaut pour tous les pays qui ont pris l’habitude de considérer , malgré les leçons de l’histoire, que la liberté va de soi.
Je crois réellement, malgré tous les obstacles qu’il reste à franchir, que l’Ukraine sera victorieuse. À la condition que nous ayions la constance requise pour la soutenir jusqu’au bout. Sinon, notre propre “liberté” ne vaudra plus grand chose et nos glaces -orange ou pistache – non plus.
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D’une certaine façon, avec ce retour sous avatar sur Facebook, je m’habitue tranquillement à être lue par des étrangers.
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It’s rather surprising : last night, while preparing my meal, I was thinking about… Ukraine, of course, and I stopped for a few minutes to write up and publish a reflection inspired by a comment by historian Timothy Snyder.A reflection that struck me as so obvious that I hesitated as to whether it was worth publishing it.
This moment, I discover that 75 people have ‘liked’ it and 38 of them have shared it. Surprising since it’s something so obvious :
In early 2022 in the United States, while Putin’s Russia was massing its troops on the Ukrainian borders, Timothy Snyder – professor of the history of Ukraine at Yale University – was visited in turn by former advisors to Obama, then by those of Trump. In one of his conferences, he relates how, in both cases, they said to him: “With all due respect to your knowledge, professor, how can you say that the Ukrainian president – a pleasant chap no doubt but without any relevant experience – will not run if there’s a real invasion ? That’s what Yanoukovytch did when things got too hot for him. And look at how Ashraf Ghani skipped out in Afghanistan ?” And he maintained that things would not happen that way, that Ukraine would resist against the invader. On the morning of February 25th, after refusing the evacuation offer received from the United Staates, Zelensky recorded his now-famous video outside in Kyiv, declaring: “The President is here.” The camera angle then widened to include him and his closest collaborators pronouncing the now-emblematic words: “Slava Ukraïni”.
During a visit to Kyiv about a month ago, Snyder had a meeting with Zelensky and asked him what had motivated his decision. Among other things, Zelensky answered that freedom had a price and that he would not have been able to put up with himself if he had not lived up to his responsibilities.
More than 8 months later, despite the ongoing deaths and destructions, the majority of Ukrainians share this opinion : Yes, freedom has a price and its fundamental task is not that of choosing between orange-flavored or pistachio ice cream, but in speaking truth to the powerful and to those who think themselves powerful simply because they have never been confronted to truth. The lesson is valid for all countries who have fallen into the habit – despite the lessons from history – of considering freedom as a given.
I truly believe, despite all the obstacles still to be overcome, that Ukraine will be victorious. On the condition that we maintain the required constancy in supporting it to the end. If we don’t, our own “freedom” won’t be worth much and our ice cream – orange or pistachio – either.
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In a way, with this return on Facebook under an avatar, I’m getting myself accustomed to be read by strangers.