Perspective

Je sais bien que tout le monde ne partage pas mon amour de la lecture et, me disent des amies, certaines séries télévisuelles sont vraiment formidables; je pourrais même les voir en-ligne. Je veux bien le croire. Mon plus gros problème à ce sujet n’a rien à voir avec la qualité de certaines mises en scène de réalités contemporaines. Mon problème c’est qu’elles semblent avoir un effet pervers sur le traitement de la réalité elle-même comme un substitut pas très intéressant…des séries télé.

Pourtant, j’aime bien le cinéma et je prenais plaisir à m’y rendre lorsque la direction du cinéma local programmait autre chose que des nième reprises des aventures de Batman ou autre héros de pacotille. J’y allais pour l’intérêt du film et pour celui de sortir de mon cocon et rencontrer d’autres gens – ce que ne permettent pas les séries consommées depuis le confort de son divan.

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Sur un autre sujet : Ça n’est pas que le mensonge soit un nouvel arrivant sur la scène. Il a déjà connu de grandes heures dans l’histoire. Non, la nouveauté, c’est qu’il apparaisse dorénavant comme fondement à toute politique “réaliste”. Nous sommes sommés de reconnaître le mensonge comme élément déterminant des décisions nous affectant tous, quitte à nous y soumettre si on nous dit qu’il est “inévitable”. Toute la politique française semble reposer sur “l’inévitabilité” de vivre avec les régimes du mensonge en Russie et en Chine, par exemple. (Et si on a tendance à penser autre chose, on nous rappelle que les Américains sont de fieffés menteurs et depuis longtemps, alors, hein, trève de sentimentalité, il ne faut pas “humilier” la Russie. Le rapport, s’il existe, m’échappe.)

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Hier soir, par besoin de distanciation et de perspective, j’ai relu les poèmes dans le prologue (Le siècle et la maison) et le premier chapitre (Le cercle de Karamzine) dans Le Soleil d’Alexandre Le Cercle de Pouchkine 1802-1841 d’André Markowicz*. L’époque où l’invasion napoléonienne a représenté un effondrement du monde pour les jeunes Russes. Et la découverte d’autres formes d’expression, en prose et en poésie.

Qu’en sera-t-il de notre monde au sortir de la guerre actuelle, et des ravages que subit la Terre ? C’est toujours le même problème, n’est-ce pas ? D’expérience personnelle, nous n’avons que la nôtre et un peu de celle d’une génération qui nous précède et d’une autre qui nous suit. C’est peu.

Et les livres, bien sûr. Qui permettent des conversations avec les disparus.

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Vacances scolaires. La vie locale tourne au ralenti. Je cueille les pommes du dernier pommier pour faire de la compote.

*André Markowicz, Le Soleil d’Alexandre Le Cercle de Pouchkine 1802-1841, Babel, Actes Sud, 2011.

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I know full well not everyone shares my love of reading and some friends tell me there are truly fantastic tv series I could even watch online. I’m ready to believe it. My biggest problem with this topic is not with the quality of some of the scripted versions of contemporary realities. My problem is that they seem to have a perverse effect on how people relate to reality as such, as if it were a not-quite satisfactory version of…a tv series.

Yet, I enjoyed going to the cinema when the management of the local one programmed other stuff beside the latest remake of Batman or of another fake hero. I went for the film, or course, but also for the pleasure of leaving my cocoon and seeing other people – something series don’t allow as you sit there taking them in from the comfort of your couch.

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On another topic:

It’s not that lying is a recent arrival on the scene. It has already had its great moments in history. No, the novelty is that it now appears as the foundation to any “realistic” policy. We are expected to acknowledge lying as a determining factor in decisions affecting us all, even to submit to it if we are told it’s “inevitable”. The entire French policy seems to rest on the “inevitability” of living with the regimes of lying in Russia and in China, for example. (And if we have a tendency to think otherwise, we are reminded of the fact Americans are damnable liars and have been for a long time, so, enough with the sentimentality, we must not “humiliate” Russia. If there’s a link between the two, I fail to see it.)

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Last night, feeling a need for distancing and perspective, I read through the poems in the prologue (The Century and the Home) and the first chapter (Karamzin’s Circle) in Le Soleil d’Alexandre Le Cercle de Pouchkine 1802-1841 by André Markowicz. The period when Napoleaon’s invasion represented the collapse of a world for young Russians. And the discovery of other forms of expression, in prose and in poetry.

What will emerge from our world at the end of the current war, and of the ravaging inflicted on the Earth? It’s always the same problem, isn’t it? Of personal experience, we have nothing but our own and a bit from that of the generation before us and the one that follows.

Plus the books, of course that allow for conversations with others long gone.

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School holidays. Local life goes into slow motion. I gather the apples of the remaining tree to make some applesauce.

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