Avec le mensonge en toile de fond/With lies as a backdrop

Poursuivant sans relâche son travail de déconstruction de la réalité, la délégation russe à l’ONU abordera aujourd’hui la question de la “fabrication d’une bombe sale par l’Ukraine” lors d’une séance fermée du Conseil de sécurité.

Tard dans la journée de lundi, Moscou a adressé une lettre à l’ONU au sujet de ces allégations. Traduction de l’article publié sur le fil de The Guardian ce matin: “Nous considérons l’utilisation d’une bombe sale par le régime de Kyiv comme un acte de terrorisme nucléaire”, a écrit l’ambassadeur russe à l’ONU Vassily Nebenzia au secrétaire général Antonion Guterres dans une lettre dont Reuters a vu copie et dont The Guardian fait une info sur son fil du matin.

“Nous enjoignons les pays occidentaux à user de leur influence sur le régime de Kiev afin qu’il abandonne ses projets dangereux menaçant la paix et la sécurité internationale”, a-t-il écrit. “Nous demandons au secrétaire général des Nations Unies de faire tout ce qui est en pouvoir de faire pour prévenir la commission de ce crime effroyable.”

Les ministres des Affaires étrangères de la France, de la Grande Bretagne et des Etats-Unis ont rejeté les allégations de Moscou comme étant “d’une fausseté transparente” et ont réitéré leur soutien pour l’Ukraine. “Le monde ne serait pas dupe de toute tentative d’utiliser cette allégation comme prétexte à une escalade” ont-ils dit dans une déclaration conjointe.»

En réponse à ces mensonges, l’Ukraine a invité le directeur de l’Agence internationale d’énergie atomique à revisiter ses installations, déjà déclarées conformes.

Mais voilà: quoiqu’il arrive, en tout temps et partout, le régime installé au pouvoir à Moscou – un régime de mafia d’Etat avéré – poursuivra sa politique du mensonge et de la corruption des institutions occidentales.

C’est à cela que nous sommes confrontés. Partout.

*

Correspondance Tsvetaeva-Pasternak.*

Les dernières lettres. Terribles. Comme si le cocon se déchirait pour révéler…autre chose qui n’a rien à voir avec l’âme-soeur fantasmé pendant des années.

Elles surviennent après ce que Tsvetaeva qualifie de “non-rencontre” en juin 1935 lorsque Pasternak vient à Paris, sur ordre de Staline, en tant que membre de la délégation soviétique au Congrès international des écrivains pour la défense de la culture.

Je l’imagine, Marina, quittant cet événement mondain après les discours et marchant, consciente d’une blessure tellement profonde que la douleur n’a pas encore eu le temps de s’éveiller. Consciente de la blessure et de rien d’autre. A-t-elle brusquement un rire d’étonnement, comme en découvrant qu’il lui manque un bras, ou une jambe ?

Elle et lui ont sans doute échangé quelques mots, avant qu’une autre personne ne sollicite l’attention de Boris Leonodovitch Pasternak.

Il n’a pas cherché à la retenir, ne lui a pas proposé un moment de conversation à l’écart de la foule. Rien.

Ça faisait déjà un momennt que les lettres s’espaçaient et qu’elles abordaient des sujets terre à terre dont toute envolée lyrique était exclue. Mais cette rencontre ‘en vrai’, si longtemps souhaité, voilà à quoi elle s’était réduite – une poignée de main, quelques phrases prononcées dans un brouhaha de voix, sous le regards des “veilleurs” sur le membre de la délégation soviétique.

Une honte une brûlure en forme de gouffre. Le coeur continue de battre, les jambes se meuvent, le trottoir se déroule. Fin de partie, il ne reste plus qu’à vivre l’après.

*Marina Tsvetaeva Boris Pasternak Correspondance 1022-1936, traduit du russe par Eveline Amoursky et Luba Jurgenson, Editions des Syrtes, 2005

*

Comme d’habitude, je reprendrai les révisions des Contes d’Exil là où l’actualité leur fait écho.

*

Ceaselessly at work deconstructing reality, today the Russian delegation to the UN will double down on its accusations of Ukrainian preparing to use a “dirty bomb”.

The article in The Guardian reads as follows:

Russia to bring Ukraine ‘dirty bomb’ claim to UN

Russia has doubled down on its claim that Kyiv is preparing to use a “dirty bomb” in Ukraine, saying it would bring the issue to the UN security council on Tuesday.

Moscow sent a letter on its claims about Kyiv to the United Nations late on Monday, and diplomats said it planned to raise the issue with the security council at a closed meeting the following day.

“We will regard the use of the dirty bomb by the Kyiv regime as an act of nuclear terrorism,” Russia’s UN ambassador Vassily Nebenzia wrote UN secretary general Antonio Guterres and the security council in the letter, seen by Reuters.

“We urge the western countries to exert their influence on the regime in Kiev to abandon its dangerous plans threatening international peace and security,” he wrote. “We call on the Secretary-General of the United Nations to do everything in his power to prevent this heinous crime from happening.”

The foreign ministers of France, Britain and the United States have rejected Moscow’s allegations as “transparently false” and reiterated their support for Ukraine.

“The world would see through any attempt to use this allegation as a pretext for escalation,” they said in a joint statement.”

Responding to these lies, Ukraine has requested that the UN’s chief of the International Atomic Energy Agency return for a second inspection of its installations that had already been cleared of any wrongdoing.

But there you have it : whatever happens, always and everywhere, the regime holding power in Moscow – a regime of averred mafia Statehood – will pursue its policy of lies and corruption of Western institutions.

That is what we are confronted with. Everywhere.

*

Tsvetaeva-Pasternak correspondence.

The final letters. Terrible. As if the cocoon, once torn open revealed …something that has nothing to do with the kindred spirit fantasized during all those years.

The letters occur after what Tsvetyeva calls the ‘non-meeting’ in June 1935 when Pasternak comes to Paris, on Stalin’s orders, as a member of the Soviet delegatioin to the International Congress of Writers for the Defence of Culture.

I imagine her, Marina, leaving the gathering following the speeches and walking away, aware of a wound so deep that the pain hasn’t had the time to awaken yet. Aware of the wound and of nothing else. Did she suddently have a stunned laugh, as if discovering she was lacking an arm, or a leg?

They probably exchanged a few words before someone else begged for the attention of Boris Leonodovitch Pasternak.

He didn’t attempt to detain her, did not suggest a moment of private conversation away from the crowd. Nothing.

For a while already the letters had grown more sparse and only touched on daily topics from which all lyrical flights were excluded. But this “real” meeting, desired for such a long time, this was all it amounted to – a handshake, a few sentences in the middle of the hubbub, under the gaze of the “watchers” over a member of the Soviet delegation.

A shame a burn shaped like an abyss. The heart beats, the legs move, the sidewalk rolls on. Game over, nothing left but to live the after.

*

As usual, I’ll pick up on revisions to Tales of Exile wherever current events serve as an echo.

Leave a comment