22 octobre 2022

Il ne s’agit pas de me comparer à d’autres aux mérites bien reconnus. Mais je peux comprendre une partie de l’exaltation exprimée par Tsvetaïeva et Pasternak, en découvrant un univers dans lequel ils se reconnaissaient, et dans lequel ils étaient reconnus en retour. La sensation doit être comparable au son que fait un instrument de musique lorsqu’on frappe un accord en tierce.

Je n’ai jamais fait cette expérience. Les personnes à qui j’ai montré certains de mes écrits ont eu des “ah oui ! merci ! je m’empresse de le lire !” (et s’ils l’ont fait, ils se sont bien gardés de me faire des retours); ou bien, ils ont gardé un silence discret; j’ai appris à mes dépense qu’il vaut mieux ne pas interroger un tel silence si on ne veut pas découvrir qu’on est soit trop prolixe, pas assez, trop elliptique, trop triste, trop invraisemblable…enfin “trop” ou “pas assez” quelque chose que le silencieux discret attendait d’une lecture.

Exceptionnellement, une personne dira adorer mon sens du dialogue ou que sais-je encore. Mais l’accord en tierce – majeur, mineur, augmentée ou diminuée ? Jamais.

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Silence radio aux messages téléphoniques et mail à une jeune femme ukrainienne, accueillie dans la région avec sa soeur et leurs enfants. A-t-elle changé de téléphone ? Des soucis dont elle ne veut pas parler ? Je ne sais pas. Elle n’est sûrement pas retournée à Odessa où elle a tout perdu. Absences et incertitudes par une splendid journée automnale, ici.

Je retourne à mes écrits trop ou pas assez.

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“euphémiser la nature de ce régime” – c’est tout à fait cela, en faire matière à conversation de salon entre gens bien élevés. Les excès, vous dites ? De tout temps, en tout lieu, vous prendrez bien un peu de cake ?”

En quoi, mais en quoi ce commentaire, concernant un article sur la Russie contrevient-il aux ‘standards de la communauté” facebook ? J’ai contesté ce refus de publication, évidemment, mais c’est la censure initiale elle-même qui est incompréhensible.

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This isn’t about comparing myself to anyone whose merits are well known. But I can understand some of the exaltation expressed by Tsvetaeva and Pasternak, in discovering a universe in which they recognized their own, and were recognized in return. The feeling must be comparable to that experienced when one strikes a third interval on a musical instrument.

I’ve never had that experience. Persons to whom I’ve shown some of my writing have either responded with “oh great ! thanks ! I’m rushing home to read it !” (and if they did, they were careful never to mention the matter again), or they kept a discrete silence; I discovered at my own expense it was best not to question such a silence if one didn’t want to learn one was too wordy, not wordy enough, too elliptical, too sad, too unbelievable…in other words “too” or “not enough” whatever the silent and discrete one expected from a reading experience.

Exceptionally, a person will say he or she adores my sense of dialog or whatever. But the experience of a musical third interval – major, minor, augmented or diminished ? Never.

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Total silence in response to my phone and email messages to a young Ukrainian woman greeted in the region with her sister and their children. Has she changed phones? Worries she doesn’t want to talk about? I don’t know. She’s certainly not gone back to Odessa where she lost everything. Absences and uncertainties on this splendid autumn day over here.

I return to my too much or too little writings.

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“euphémising the nature de this régime” – that’s exactly right, turning it into a conversation topic for polite people in a living room. Excesses, you say ? Always, everywhere, you will take another piece of cake ?”

In what but i what is this comment, concerning an article about Russia “contravening community standards” facebook ? I’ve contested this denial of publication, obviously, but it’s the initial censorship that strikes me as incomprehensible.

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