13 octobre 2022

C’est une jeune ukrainienne. De Kyiv, apparemment. Avant, elle et ses copains organisaient des ‘rave parties’. Dorénavant, ils vont en bande aider à reconstruire dans des villages enfin libérés de la présence des soldats russes. Ce qu’elle y découvre lui fait l’effet d’un film d’horreur tellement affreux qu’on ne voudrait pas le regarder jusqu’au bout, alors qu’il s’agit de la réalité.

La réalité d’une femme de 86 ans dont le fils a été abattu dans son lit où son corps est resté pendant des jours. De son côté, les soldats l’avaient jetée à la rivière. L’un avait dit ‘je tire’ et l’autre avait répondu ‘non, laisse-la.’ Après des heures, elle avait réussi à se hisser sur la berge. Un village où des enfants, terrés pendant des semaines, jouent à ‘check-point’, vérifiant les passeports des jeunes gens venus les aider. Où un homme de 63 ans, après avoir parlé d’une cruauté qu’il n’arrivait même pas à concevoir, se met à trembler en regardant les jeunes, et dit: “ça n’est pas moi, c’est mon âme, c’est mon âme qui tremble parce qu’elle n’aurait jamais cru qu’une gentillesse comme la vôtre pouvait exister.”

Les jeunes viennent en bande pour le weekend. Ils apportent des pelles, des fenêtres (on espère qu’il n’y aura pas de nouveaux tirs sur le village). Le soir, ils dressent des tentes et se font leur ‘rave’. Comme ça, les weekends.

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She’s a young Ukrainian. From Kyiv, apparently. Before, she and her buddies organized rave parties. Now, they go in droves to help rebuild in villages finally liberated of the Russian soldiers’ presence. What she discovers strikes her like a horror film so awful you don’t want to watch it to the end, whereas this is reality.

The reality of an 86 year old woman whose son was shot to death in his bed where his corpse remained for days. On her side, the soldiers had thrown her into the river. One had said “I’m shooting” and the other had answered “No, just leave her”. After several hours, she had managed to drag herself up on the shore. A village where children, after weeks spent hiding in cellars play at ‘check-point’, checking the passports of the young people who have come to help them. Where a 63 year old man, after talking of a cruelty he could not even imagine could exist, starts to tremble while looking at the young people and says: “it’s not me, it’s my soul, it’s my soul shaking because it could never have believed that kindness like yours could exist.”

The young come as a band for the weekend. They bring shovels, they bring windows (one hopes there will be no new missiles shot at the village). At night, they raise their tents and have one of their raves. Like that, on weekends.

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