
(L’échelle de Beaufort est une mesure empirique de la vitesse moyenne du vent./The Beaufort scale is an empirical measure of wind velocity)
De la pluie, cette nuit et ce matin. On avait presque oublié ce que c’est.
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Pendant qu’ici, les chaînes de télé se bousculent pour inviter des roquets aboyeurs qui débitent leurs mensonges et appellent au grand laisser-faire en faveur des haineux, il serait bon de ne pas oublier qu’aux Etats-Unis d’Amérique, la situation est à ce point délicate qu’un département de la justice se tâte à savoir quelles pourraient être les conséquences désastreuses d’intenter des poursuites contre un ex-président ayant subtilisé des documents d’état hautement sensibles et menti à ce sujet – la société américaine étant polarisée au point où des millions de personnes préfèrent le ‘fast-food’ du mensonge au dures réalités réclamant une attention immédiate. Et, triste à dire, les vérités incontestables présentées dans le plus récent discours du président actuel ne ‘portent’ pas, du simple fait que cet homme est dénué de tout charisme dans un pays où le spectaculaire constitue l’ addiction principale, à tous niveaux.
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Autre constatation: le niveau effarant de passivité des lecteurs sur facebook. Même lorsque l’auteur de la note fournit une référence à consulter, certains ne s’en donnent pas la peine et préfère demander à l’auteur “où il/elle a trouvé cette information.” Autre exemple, parmi tant d’autres: une caricature montre Ségolène Royal suite à ses mensonges sur écran télé, avec un pingouin sous le bras. ‘Pourquoi a-t-elle un pingouin sous le bras?’ demande une lectrice – il lui suffirait de poser la question sur internet, et la réponse s’afficherait en moins d’une seconde. Mais non. Le prochain truc l’attend sur quoi faire de ses bouts de ficelle, pas le temps de faire sa propre recherche.
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Le vent qui se lève n’apporte rien de prometteur.
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Terminé la lecture de Bloodlands* de Timothy Snyder hier soir, et commencé la lecture des Carnets de la maison morte de Dostoïevsky** avec, dans les deux cas, l’impression de recevoir des échos de ce vent, justement, chargé de tout ce qu’on a cru enfouir grâce à l’oubli, le déni, les “plus jamais” aux effets pas plus magiques que le fait de s’enfouir la tête sous l’oreiller pour ne pas voir et ne pas entendre l’orage qui approche.
Oui, bien sûr, comme tout le monde, j’aspire à la tranquillité. Et j’en saisis chaque miette qui passe. Mon plus gros souci n’étant pas tant l’orage en lui-même que les façons dont réagiront les gens qui ont volontairement enfoui leurs têtes sous les oreillers, lorsqu’il frappera de plein fouet.
*Timothy Snyder, Bloodlands, Vintage 2015
**Dostoïevsky, Les Carnets de la maison morte, traduit du russe par André Markowicz, Babel, Actes Sud 1999
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Rain, during the night and this morning. We had almost forgotten what it was.
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While over here, tv stations are falling over one another to invite little yapping dogs spreading their lies and inviting everyone to ‘let it be’ when it comes to hatred, it’s best not to forget that in the United States of America, the situation is so touchy that a Department of Justice must think long and hard about the potentially disastrous consequences of prosecuting an ex-president who purloined highly sensitive State intelligence and lied about it – American society being so polarized at this point that millions prefer the ‘fast-food’ of lies to the harsh realities in need of immediate attention. And, sorry to say, the undeniable truths stated in his most recent speech by the current president simply do not resonate because of the simple fact the man is devoid of any form of charisma in a country where the spectacular is the main addiction, at every level.
Another observation: the awful level of passivity of readers on facebook. Even when the author of the note provides a reference for consultation, some don’t even bother looking at it and prefer to ask ‘wherehe/she found this information’. Another example, among so many others: following her lies on tv, a cartoon shows Segolène Royal with a penguin under her arm. ‘Why does she have a penguin under her arm’ asks a reader -when all she would need to do is put the question out on the web and the answer would appear in less than a second. But no. The next bit of info awaits about what to do with your bits of string, no time available to do her own research.
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The rising wind is not promising.
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Finished reading Timothy Snyder’s Bloodlands* last night, and began reading Dostoyevsky’s Notes from Underground with, in both cases, the impression of receiving echos of that wind, precisely, charged with everything we had thought buried thanks to forgetfulness and denial, in the “never again” with effects no more magical that the fact of burying one’s head under the pillow, so as not to see and hear the approaching storm.
Yes, of course, like everybody else, I aspire to peace and quiet. And grab every bit of it that comes my way. My biggest concern not being the storm in itself, but how people who have wilfully buried their heads under the pillow will react when the storm hits full force.