
Au réveil, cet agacement profond que provoque l’impatience devant les situations non résolues. Tant personnellement que culturellement, la patience n’est pas une caractéristique marquante.
Puis, la lecture du billet qu’André Markowicz publie tous les deux jours sur sa page facebook. Nous avons tendance à penser les désastres et les catastrophes comme des événements se situant dans le temps court – brutalité soudaine d’un tsunami, d’une avalanche, d’un incendie dévastateur – tous avec des conséquences à moyen et à long terme, bien sûr, mais de durée relativement courte dans leur paroxysme.
Or, nous sommes dans ce que je ressens comme “le temps long”. Comme une maladie dont il va falloir subir les effets longtemps, et qui affecterait tout le monde. Avec les réactions prévisibles et autres provoquées par la durée de situations intolérables…qu’il faut pourtant endurer.
Et si à quelques jours de mon 76e anniversaire, je trouve cette réalisation intimidante, mon coeur saigne pour les plus jeunes que moi, dont aucun n’a été élevé avec autre chose que des attentes de gratification comme suite et conséquence normale de l’expression d’un voeu. Sinon immédiatement, alors très bientôt.
Mais le temps du temps court est terminé, et pas seulement là-bas, au loin très loin.
Temps de dictatures – tentation pour les uns, réalité pour les autres. Ici, les réserves les plus importantes à faire ne sont pas celles d’huile ou de farine, mais de force, d’endurance, de colère utile et, comme un Navalny, d’autant de façons possibles de transformer l’insupportable en saillies jetées à la face des tortionnaires et de leurs armées de “je-ne-fais-que-suivre-les-ordres”.
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Upon waking this morning, that deep annoyance caused by impatience when facing unresolved situations. Both personally and culturally, patience is not the main characteristic of our time.
Then, reading the note André Markowicz publishes every second day on his facebook page. We have a tendency to think of disasters and catastrophes as events occurring in the short time – sudden brutality of a tsunami, an avalanche, a devastating fire – all having mid and long term consequences, of course, but a relatively short duration in their paroxysm.
But here, we have entered what I experience as the long term. Like an illness affecting everyone and with effects to which we will be subjected for a long time. With reactions both predictable and unpredictable caused by the duration of intolerable situations…we will have to endure nonetheless.
And if, a few days before my 76th birthday, I find this realization daunting, my heart aches for those younger than I, none of whom were raised with anything other than expectations of gratification as the obvious and normal consequence of the expression of a wish. If not immediately, then in a short while.
But the days of the short term are over.
Dictatorship days – a temptation for some, a reality for others. Here, the most important supplies to lay by won’t be oil or flour, but strength, endurance, useful anger and, like a Navalny, as many ways as possible of transforming the unbearable into sallies aimed at the torturers and their armies of “I’m-just-following-orders”.