vaya con…?

Avant la lecture de Bloodlands* je n’avais jamais compris pourquoi Hitler avait déclenché l’opération Barbarossa  en juin ’41 contre son allié de circonstance. Ni réalisé l’énormité des morts de famine qu’il avait provoqué alors  intentionnellement, en laissant les prisonniers de guerre soviétiques, notamment, littéralement mourir de faim. Le blitzkrieg ayant échoué à libérer les terres qu’il comptait s’approprier (au prix de ’plus ou moins’ 30 millions de morts – ceci avant le déchaînement total contre tous les juifs d’Europe.) L’Union soviétique n’était pas en reste, et les parallèles entre les deux dictatures que trace Vassili Grossman dans Vie et Destin sont frappantes, du moins en ce qui a trait aux méthodes, l’un prétextant la classe sociale et l’autre, l’ethnicité. 

Une bonne partie des événements que Timothy Snyder documente dans le chapitre 4 de Bloodlands*, chapitre qu’il intitule L’Europe Molotov-Ribbentrop ,se sont déroulés durant ce que l’Europe de l’ouest a appelé “la drôle de guerre” – guerre déclarée, certes, suite à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, mais où, vraiment il semblait ne rien se passer.

C’est que les allemands et les soviétiques, alliés de circonstance à l’époque, s’employaient à éliminer les indésirables sur les territoires qu’ils avaient envahies. De ces épisodes de massacre du côté soviétique, l’histoire la plus connue est celle des officiers polonais fusillés et enterrés dans la forêt de Katyn, mais ce ne fut qu’un des sites où furent enfouis les indésirables du moment aux yeux du régime stalinien.

Difficile dans ce contexte de ne pas s’attarder sur le paragraphe suivant, en raison du raccourci extraordinaire qu’il propose en matière de réflexion morale, que l’on croit soi-même à un Etre suprême ou non :

“Féodor Dostoïevski situe une scène cruciale des Frères Karamazov à l’hermitage d’Optyn à Kozelsk, qui fut un camp soviétique de prisonniers de guerre en 1939 et 1940. C’est ici qu’eut lieu le fameux échange dans le livre: une discussion entre un jeune noble et un aîné du monastère au sujet de la possibilité de moralité en l’absence de Dieu. Si Dieu est mort, tout est-il permis? En 1940, l’édifice réel où s’était tenue cette conversation imaginaire, l’ancienne résidence des moines, abritait les interrogateurs de la NKVD. Ils représentaient la réponse soviétique à cette question: seule la mort de Dieu permettait la libération de l’humanité. Inconsciemment, plusieurs des officiers polonais fournirent une réponse différente : dans un lieu où tout est permis, Dieu est un refuge. Ils considérèrent leurs camps comme des églises et y prièrent. Plusieurs d’entre eux y assistèrent aux liturgies de Pâques avant d’être envoyés à leur mort.”

Ce qui me frappe ici, c’est l’étape suivante, celle dans laquelle nous nous retrouvons aujourd’hui, où les successeurs au pouvoir soviétique utilisent à nouveau la croyance en Dieu – celui de l’église orthodoxe russe – comme justifiant leur droit d’éliminer leurs opposants, puisque ces derniers s’opposent à la grandeur impériale de la Russie – fussent-ils des croyants de l’église orthodoxe…affiliée à l’Ukraine.

Longue tradition qu’ils partagent avec bien d’autres régimes autoritaires de diverses couleurs. Les musulmans chiites vs les sunnites, par exemple. Et un rappel inattendu de ces églises baptistes dans des petites villes du sud des Etats-Unis – certaines accueillant des fidèles ‘noirs’ et d’autres, des ‘blancs’, tous à célébrer, supposément, le. même Dieu d’amour et de miséricorde.

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Bien. Une journée pleine d’inattendus m’attend. vaya con dios, comme le veut l’expression – avec quel dios, ça, je ne saurais dire.

*Timothy Snyder, Bloodlands, Vintage 2015

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Prior to reading Bloodlands*, I had never understood why Hitler had launched Operation Barbarossa in June ’41 against his circumstancial ally. Nor had I realized the enormity of deaths by starvation he had caused intentionally, by leaving Soviet prisoners of war, notably, literally starve to death. The blitzkrieg had failed to liberate the lands he meant to occupy (at a cost of ‘more or less’ 30 million deaths – this before the total attack against all the Jews of Europe.). The Soviet Union was not remiss and the parallels drawn by Vassili Grossman in his Life and Fate are striking, at least as pertains to methods, one using the pretext of social class and the other, of ethnicity.

A good part of the events Timothy Snyder documents in chapter 4 of Bloodlands*, chapter titled Molotov-Ribbentrop Europe, occurred during what Western Europe called the “phoney war” – a war declared, indeed, following Germany’s invasion of Poland, but in which, apparently, nothing much was going on.

This was because both of the circumstancial allies – Germany and the Soviet Union – were busy eliminating the undesirables on the territories they had invaded. Of these episodes of massacre on the Soviet side, the better-known one was the assassination of Polish officers buried in the forest of Katyn, but it was only one of the sites where the undesirebles in the eyes of the Stalinist regime were disposed of.

Hard in this context not to spend some time on the following paragraph, providing as it does an extraordinary foreshortening on moral reflection, whether one personally believes in a Supreme Being or not:

Fyodor Dostoevsky had set a crucial scene of The Brothers Karamazov at the Optyn Hermitage in Kozelsk, which in 1939 and 1940 became the site of the Soviet prison-of-war camp. Here took place the famous exchange in the book: a discussion between a young nobleman and a monestary elder about the possibility of morality without God. If God is dead, is everything permitted? In 1940, the real building where this fictional conversation took place, the former residence of some of the monks, housed the NKVD interrogators. They represented a Soviet answer to that question: only the death of God allowed for the liberation of humanity. Unconsciously, many of the Polish officers provided a different answer: that in a place where everything is permitted, God is a refuge. They saw their camps as churches, and prayed in them. Many of them attended Easter services before they were dispatched to their deaths.”

What strikes me here is the next phase, the one in which we are now, where the successors to Soviet power are again using the belief in God – that of the Russian Orthodox Church – as justifying their right to eliminate their opponents – be they the faithful of the same Orthodox creed affiliated to…Ukraine.

A long tradition they share with many other authoritarian regimes of every stripe – shiites vs sunni muslims, for instance. And an unexpected reminder of those Baptist churches in small towns in Southern USA – some welcoming ‘black’ worshipers, and some ‘white’ ones supposedly all praying to the same God of love and mercy.

*Timothy Snyder, Bloodlands, Vintage 2015

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So. A day filled with unexpected events awaits. vaya con dios, as the saying goes – with which dios, I would be hard presssed to say.

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