
L’expression reçue est “cherchez la femme”, mais non : pour l’état mafieux qu’est devenu la Russie, rien n’a d’importance sauf le pouvoir détenu grâce à la corruption. Je ne sais pas où Catherine Belton a puisé la force de démêler les liens par lesquels le FSB et la mafia mènent leur combat conjoint pour noyer les démocraties sous un flot d’argent sale. Et que leur propre peuple en crève, ils s’en fichent – la corruption, non seulement autorisée mais dirigée par Poutine, tient lieu de raison d’être.
Les deux derniers chapitres dans son “Les hommes de Poutine”* publié en 2020 pour l’édition originale, établissent les fondements de ce que nous découvrons maintenant avec les élections imminentes de l’extrême-droite en Italie, élections qui viennent ajouter leur touche menaçante à la corruption ayant profondément pris racine et attaquant les démocraties partout. Le chapitre au sujet de l’idiot utile que les russes ont trouvé dans Donald Trump comme conduit pour une partie de l’argent sale de l’état russe devrait être une lecture obligatoire pour quiconque se demande à quel point l’expérience démocratique américaine est présentement en péril. Bien que profondément inadéquate en elle-même et nécessitant de profondes avancées, elle est en butte à la corruption consentie par les idiots utiles s’acharnant contre elle. La Grande Bretagne ? La France ? Quand il s’agit de saper les démocraties, ne vous demandez pas d’où vient l’argent pour payer ces lords britanniques un demi-million de livres par année pour être des figures de proue sur des firmes-coquilles vides russes; ni comment les Marine Le Pen et autres démolisseurs de la même espèce se paient leurs virées avec le même genre d’idiots dans les pays d’Europe de l’est.
Bref un travail systématique de sape, au mépris complet des besoins de la population russe, laissée pour compte et pressurée à travers un pays aux dimensions d’un continent.
L’un parmi leur armée de facilitateurs, un descendant français d’un ‘noble’ russe blanc, travaillant dans l’une des banques privées à Genève déplaçant l’argent sale vers d’autres destinations, a cette “explication” révoltante pour justifier “la nature intrinsèquement impérialiste de la Russie”: “C’est un peuple oriental. Ils ont une compréhension différente de la vie, de l’existence…En raison des dimensions du territoire, leur notion de la propriété est différente. Être propriétaires d’humains faisait partie du coeur de cette culture. Ils furent la propriété de maîtres pendant des siècles, et ils furent la propriété du Parti ensuite. Ils ont besoin d’un propriétaire, d’un tsar puissant.”
D’après cette “analyse”, ils ont “besoin” d’être des esclaves, en somme. Et le tsar a “besoin” d’une armée d’exécutants – dandy en complet-cravate et gros-bras des bas-fonds combinés – pour exécuter ses ordres.
Et vive la féodalité, version 2.0.
*
Le tout étant d’une lecture ardue mais nécessaire pour quelqu’un qui n’a jamais trouvé l’argent particulièrement intéressant ou motivant.
*Catherine Belton, Les Hommes de Poutine, éditions Talent Sport 2022
*
The accepted phrase is “cherchez la femme“, but no: for the mafia state Russia has become, nothing matters except for the power obtained through corruption. I don’t know where Catherine Belton found the strength to tease out the links through which the FSB and the mafia pursue their joint struggle to drown democracies in a flow of dirty money. That their own people croack from it, they don’t care – corruption, not only authorized but directed by Putin, is their reason for existing.
The final two chapters in her Putin’s People*, published in 2020, lays the groundwork for what we are experiencing now with the upcoming elections in Italy adding their ominous touch to the deep roots of corruption now corroding democarcies everywhere. The chapter concerning the useful idiot they found in Donald Trump as a conduit for some of Russia’s state-run slush fund should be a must-read for anyone wondering how imperilled the American democratic experience has now become. Albeit deeply flawed in itself and a work in serious need of progress, the corrupting of willing useful idiots is an ongoing process actively working against it. Great Britain? France? When it comes to breaking down democracies, ask not where the money flows from. British lords paid half a million pounds per year to sit like dummies on Russian shell companies; Marine Le Pen and like-minded wreckers gambolling with other paid idiots of the same ilk in Eastern-European countries
In short, a systematic job of undermining, in total disregard for the needs of Russia people, left to their own devices and pressured throughout a country with the dimensions of a continent.
One among their army of facilitators, a French descendant of a White Russian ‘nobleman’ working in one of Geneva’s private banks moving dirty money to other outposts, had this revolting ‘explanation’ justifying the’ intrinsically imperial nature of Russia’: “They are an oriental people. They have a different understanding of life, of existence…Because of the scale of the territory, the understanding of ownership is absolutely different. Ownership of people was part of this central culture. They were owned by master for centuries, and they they were owned by the Party. They need to have an owner, a strong tsar.”
In this ‘analysis’, they “need” to be slaves, in other words. And the ‘strong tsar’ needs an army -of foppish minions in fancy suits and low-brow back-alley thugs, both – to do his bidding.
And three cheers for feudalisme, 2.0 version.
*
The book makes for an arduous but essential slog for one who has never considered money particularly interesting or motivating.
*Catherine Belton, Putin’s People, HarperCollins Publishers, 2020