“Rude est la route du pays de Shu”

À ma connaissance, je n’ai jamais visité cet endroit, ni rencontré ces gens, ailleurs que dans le temps du rêve; et pourtant, en rêve, c’est un lieu aussi réel que possible, et ses habitants aussi. J’y étais la nuit dernière. La vie s’y poursuivait sans trop d’histoires, dans l’ancienne maison de ferme en bordure de la ville – ou du moins, avec des histoires de temps “normal.”

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Je ne me souviens plus dans lequel des nombreux journaux que je lis, j’ai vu une invitation à s’inscrire pour une séance avec un psychiatre, en décrivant les symptômes de son ‘anxiété’. À vrai dire, il me semble que le comportement vraiment étrange ces jours-ci serait plutôt celui des gens qui ne sont pas anxieux; soit leur niveau de déni est vraiment extraordinaire et/ou les mantras fonctionnent vraiment en tant que ‘réparateurs’ du cerveau (autre titre lu dans l’un des journaux.)

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Pendant que le président de la république barbote les pieds dans l’eau, ce symbole de la probité et de l’intégrité morale, j’ai nommé le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, nous mitonne une jolie petite loi suspensive des titres de séjour de ceux et celles qui ne respectent pas “les principes et les valeurs” de la République. “Principes et valeurs” seront, n’en doutons pas, laissés à l’interprétation des Sages de la Nation, dont le ministre de l’intérieur est un exemple probant.

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Où porter son regard ensuite. Sur les incendies ? Sur les inondations ? Sur les rivières transformées en filets d’eau ? Sur des imbéciles qui se gargarisent avec le nom d’un dieu sous diverses appellations – supposément d’une puissance si colossale qu’il a créé un univers – et peut-être d’autres aussi dans ses temps libres (l’éternité, ça dure longtemps, il faut bien s’occuper.) Bref, super puissant mais incapable de supporter qu’une malheureuse petite miette d’humain se moque de ce qu’une autre malheureuse petite miette a cru comprendre d’un de ses messages; à tel point qu’il lui faut qu’une autre petite miette aille poignarder la miette qui a écrit quelque chose qui a fait de la peine à ce dieu d’une puissance si tant colossale.

Ou alors, de la loque au cerveau à la sauce gribiche qui fut élu président des Etats-Unis et qui, clamant toujours qu’il a gagné l’élection qu’il a perdue, se met de côté quelques souvenirs – des documents tombant sous le coup de la loi sur l’espionnage, par exemple, à côté de 2 balles de golf, d’informations sur le président de la France, des lettres d’amitié à Kim Jo-Hung, des baskets du joueur de basketball, Shaquille O’Neall – bref, vous savez ce que c’est quand on quitte son emploi et qu’on fout le contenu de ses tiroirs dans un carton… Ses supporteurs fanatisés crient au complot.

À part ça…non, je ne parlerai pas de l’occupation de la centrale ukrainienne par les forces russes et de sa transformation en base militaire, en attendant son débranchement et son raccord au réseau électrique russe…maneuvre qui rend nécessaire des tirs d’obus pour couper les lignes de transmission électrique, vous comprenez, mais n’allez surtout pas croire à du chantage de la part du Kremlin, meuh non.

Mais qu’on ne se demande surtout pas pourquoi je me tourne ensuite vers des poèmes écrits vers 750 (en ce moment: “Rude est la route du pays de Shu” par Li Po.*

*Ombres de Chine, douze poètes de la dynastie Tang (680-870), choix, traduction et commentaire André Markowicz, inculte/dernière image 2015

Post-scriptum: hier soir, sur Arte, j’ai tenté de regarder la version du Moine noir présenté à Avignon par Kirill Serebrennikov; je n’ai tenu que 23 minutes. À chacun son imaginaire; je préfère ma version personnelle après lecture de la nouvelle de Tchekhov…et visiter des amis bien connus dans le temps du rêve.

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To my knowledge, I’ve never visited this place, nor met those people, elsewhere than in dreamtime; and yet, in dreamtime, the place is as real as possible, and so are its inhabitants. I was there during the night. Life was going on in its habitual way in the old farm house at the edge of town – or at least, stories of “normal” times.

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I don’t remember in which of the many newspapers I read I saw an invitation to consultations with a psychiatrist offered by the paper to readers signing up with descriptions of their ‘anxiety’. Frankly, I would think the truly odd behavior these days, is to be found in people who are not anxious; either their levels of denial are truly outstanding and/or mantras really work at ‘repairing’ the brain (that was another headline in one of the papers.)

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While the President of the Republic splashes his pitter-patter toesies about in the water, that symbol of honesty and moral integrity – I have named the French minister of the interior, Gérald Darmanin – is busy concocting a pretty little bill that would suspend residency permits for those who do not respect “the principles and values of the nation”. Said “principles and values” left to the interpretation of the Wise Ones of the Nation, of whom the minister of the interior is a matchless example.

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What to turn to next ? To the fires? To the floods? To the rivers turned into streams? To the idiots gargling with the name of a god under various appellations – a god supposedly of such colossal power that he created a universe – and maybe others too in his spare time (eternity lasts for so long you have to find yourself some hobbies). In short, super powerful but incapable of putting up with the fact a miserable crumb of a human makes fun of what another crumb understood of one of his messages, to the point where he needs another crumb to go knife the crumb who wrote something that hurt the feelings of this god of such colossal power.

Or yet again, that wreck with the brain slathered in mayo who was elected President of the United States and still claims he won the election he lost, and who set aside a bit of memorabilia – documents covered by the Law on Espionage, for example, next to 2 golf balls, info on the French president, letters to his pen-pal Kim Jo-Hung, the sneakers of basketball player Shaquille O’Neall – you know, the kind of stuff you throw into a cardboard box when leaving a job…His fanatical supporters are calling it all a plot.

Apart from that…no, I won’t mention the military occupation of a Ukrainian nuclear power station by Russian forces transforming it into a military base, prior to uncoupling it to reconnect it to the Russia power grid…Said uncoupling requiring the bombing of the power lines connecting the plant to the Ukrainian grid, you understand, and don’t you go thinking this is some kind of blackmail on the part of the Kremlin, of course not.

But no one should ask me why I then turn to poems written around 750 (currently: Li Po’s “Rough is the road in Shu country“.

PS: last night on Arte, I attempted to watch the version of the Black Monk staged at Avignon by Kirill Serebrennikov; I only managed 23 minutes of it. To each his own imaginary world; I prefer my personal version after reading Chekhov’s short story… and visiting with well-known friends who live somewhere in dreamtime.

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