
J’en ris encore parce que je crois qu’il y en a qui s’imagine que je suis un peu demeurée; vu mon âge, n’est-ce pas…
Coup de téléphone hier de la part de quelqu’un qui ne m’appelle jamais. Plein de sollicitude et qui s’enquiert de ma santé, de comment je me débrouille avec cette terrible sécheresse, et cetera…Pour finalement en venir à l’objet de son appel: oui, c’est qu’il part en vacances avec femme et enfants (aujourd’hui) et se demandait si je viendrais garder la maison et les chats.
Au regret de le décevoir, lui dis-je. Quelques plantes survivent encore dans mon jardin, je me ferais deuil de les abandonner à la sécheresse alors qu’elles ont tenu jusqu’à maintenant.
Je ris parce que c’était aussi transparent que le gamin de 4 ans qui s’inquiète que les “cookies” vont se dessécher si on ne les mange pas tout de suite.
Et parce que je ne suis pas encore tout à fait demeurée, malgré mon grand âge…
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Montée puis redescente de la côte menant à la ville haute et la librairie, pour y récupérer le livre illustré ci-haut. En matinée avant que les 38° officiels ne s’installent (qui sont toujours d’au moins 2 ou 3 degrés de plus dans le jardin). Volets clos, un peu d’eau pour les plantes survivantes, le régime habituel.
Les premières images, ce matin: une section de la Loire, transformée en filet d’eau; les incendies dans les Landes très probablement d’origine criminelle; une crue spectaculaire causant une inondation dans la Vallée de la Mort en Californie (événement d’une fréquence d’environ une fois en…mille ans.)
Et la farce sinistre d’une réunion d’urgence aujourd’hui du Conseil de sécurité de l’ONU au sujet des graves inquiétudes posées par l’occupation militaire de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia par la Russie, dans le cadre de son invasion de l’Ukraine. Je dis farce sinistre parce ce mois-ci, le Conseil est présidé par la Chine et ses membres – dont la Russie – disposent d’un droit de véto. Pendant ce temps, le président français est en vacances, et fait du jet-ski sur la Méditerranée – se comporte de façon normale pour lui, en d’autres mots. (Paris brûle-t-il ? Non, alors où est le problème ? Dame Nature est priée de se plier au calendrier, en France, au mois d’août, tous les problèmes sont reportés à la frénésie s’arrête de la ‘rentrée’… oui, bon, des incendies, les Canadair sont là pour ça, et vive le jet-ski !)
Vaut mieux pour moi lire la traduction de poèmes datant de la dynastie Tang (680-870)*, période de guerre civile. Le miracle évident étant que nous soyions encore là comme espèce et que certains d’entre nous du moins, utilisent leur intelligence et leur sensibilité à nourrir “l’humain dans l’homme” comme dirait Svetlana Alexievitch.
*Ombres de Chine, douze poètes de la dynastie Tang (680-870) et un épilogue, choix, traduction et commentaire André Markowicz, inculte/dernière marge, 2018
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I’m still laughing about it because I think some people figure I’m somewhat half-witted; given my age, don’t you know…
Phone call yesterday from someone who never calls. Filles with concern about my health, and how I’m coping with this terrible draught, etc…He finally gets to the point of his call: yes, it’s because h’es leaving on holiday with wife and children (today) and was wondering if I might come over to act as house keeper and cat sitter.
So sorry to disappoint you, I say. A few plants are still surviving in my garden, I’d feel bad abandoning them to the draught after they’ve held out this long.
I’m laughing because it was as transparent as a four-year old worrying that the cookies will dry out if we don’t eat them right away.
And because I’m not quite half-witted yet, even given my old age…
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Up then down the hill leading to the upper town and the bookstore to collect the book illustrated above. In the morning, before the official 38° C settle on the town (always 2 to 3 degrees more in my garden). Closed shutters, a bit of water for the surviving plants, the usual routine.
The first images, this morning: a section of the Loire river, reduced to a stream; the fires in the Landes, more than probably of criminal origin; a spectacular rainfall causing a flood in California’s Death Valley (frequency of the event, every once in…a thousand years.)
And the sinister farce of an emergency meeting today of the UN’s Security Council concerning the deep concerns raised by Russia’s military occupation of the Zaporizhzhia nuclear power plant, in the context of its invasion of Ukraine. I say ‘sinister farce’ because this month, the Council is presided by China and its members – among them, Russia – have a veto power. Meanwhile, the French president is on holiday, jet-skiing on the Mediterranean – being his normal self, in other words. (Is Paris Burning? No, so what’s the problem? Mother Nature is expected to respect the calendar – in France, all serious matters stop in August, only to pick up in the back-to-school frenzy. Fires…yes, OK, that’s what the Canadairs are for. Three cheers for jet-skis !)
Better for me to read the translation of poems dating to the Tang dynasty (680-870), a period of civil war. The obvious miracle consisting of the fact that we are still here as a species and that some of us use their intelligence and sensibility in nourishing “the human in man”, as Svetlana Alexievitch would say.