“Que des mots…”/”Only words…”

Une partie de la difficulté face au fascisme – et non la moindre – réside dans l’attitude qui veut que ça ne soit “que des mots…” Mots haineux du type ‘Hitler n’a pas fini le travail’, prononcés à table par votre aimable hôtesse; mots qui vous révulse, alors vous lui dites qu’ils sont inadmissibles…pour vous faire reprocher votre attitude discourtoise par votre “chéri” de l’époque. Après tout, l’aimable hôtesse est la bonté personnifiée, elle a ‘le coeur sur la main’, elle a même une amie musulmane, pensez donc…(anecdote véridique, soit dit en passant; le “chéri” ne l’est plus).

La haine. Rebaptisée “liberté d’expression”. Et elle court, et elle enfle, et elle s’arroge tous les droits, y compris celui de faire taire ceux et celles que la haine n’inspire d’aucune manière.Il aura fallu dix (10) ans pour que les familles dont les enfants furent tués dans un massacre à l’école Sandy Hook obtiennent que l’homme ayant déchaîné la droite en prétendant que ces morts n’en étaient pas vraiment et que les “parents” étaient des comédiens, admette enfin qu’il savait pertinemment qu’il diffusait des mensonges sur sa plateforme “Infowars”. C’est ça, la “liberté d’expression” ? Ce matin, on apprend que la Russie accepte enfin une enquête sur l’incendie ayant tué et blessé des prisonniers de guerren ukrainiens à Olenivka…s’étant largement octroyé le temps de ‘maquiller’ les lieux.

Et ainsi de suite. La déraison à l’oeuvre. Comme dit Timothy Snyder dans l’article We should Say it. Russia is fascist (on trouve sa traduction sur mon blog d’hier), le langage de la haine inverse la réalité; les monstres imposent leurs règles et tentent de noyer la vérité en utilisant brutalité, sournoiserie, gentillesse apparente (cf. Marine Le Pen et son amour des chats et des ‘petites gens’.) Apparemment, Hitler était végétarien et très gentil avec son chien. Et sa “chérie” lui était dévouée.

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Sans rapport, mais quand même: Hier, pour la première fois en quatre ans de résidence: deux rats dans le jardin. Venus de je-ne-sais où, poussés par la soif, sans doute. Ce sont des bêtes que j’ai en horreur; mais les oiseaux et les chats du voisinage viennent, eux aussi, alors pas question de répandre du poison. L’intelligence du rat est bien connu; ça ne me le rend pas plus sympathique.

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Hier après-midi, la librairie ayant reçu ma copie du Moine noir de Tchekhov, j’ai monté la côte dans une chaleur étouffante pour aller la chercher. Lecture impressionnante, d’autant plus si vous avez été en contact étroit avec une ou des personnes atteintes de ce qu’on appelle aujourd’hui la “bi-polarité” – ces états paroxystiques d’extases et d’effondrements – que Tchekhov décrit avec une justesse stupéfiante. Et ce contraste qui s’exprime, jusque sur la couverture étonnante, ce contraste entre le titre et ces pastels tendres de jardin paradisiaque. Les patients “traités” expriment souvent la tristesse terrible et la nostalgie qu’ils éprouvent pour l’état d’exaltation qu’ils ne ressentent plus sur lithium.*

*Anton Tchekhov, Le Moine noir, traduction F. Moran @ A. Markowicz, Les Solitaires Intempestifs, 2004

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Révision du deuxième épisode d’une nouvelle, épisode qu’on pourrait titrer “mentir pour survivre”.

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Part of the difficulty in dealing with fascism – and not the slightest – resides in the attitude wanting it to be “only words…” Hateful words of the type of “Hitler did not finish the job”, pronounced at the table by your kindly hostess: words you tell her are inadmissible …only to be chided for your discourteous attitude toward your charming hostess by your “dearest” of the time. After all, the kindly hostess is goodness personified, her “heart is on her hand”,she even has a muslim friend, just think of that…(true anecdote, if I may add; the “dearest” is no longer such).

Hatred. Re-baptized “freedom of expression”. And it spreads, and it grows, and it gives itself all rights, including that of silencing those hatred does not inspire in the least. It took ten (10) years for the families whose children were massacred in school at Sandy Hook to get the man who led the right in its attacks claiming those deaths were fake and the parents, impersonators, to get him to admit that he knew full well he was spreading lies on his “Infowars” platform. This is “freedom of expression”? This morning, we learn that Russia finally agrees to an investigation over the fire that killed and wounded Ukrainian prisoners of war in Olenivka…having given itself plenty of time to cover up the evidence.

And so on. Unreason at work. As Timothy Snyder wrote in his article We should Say it. Russias fascist (French translation on yesterday’s blogpost), “hate speech inverts reality”; monsters impose their rules and attempt to drown the truth through brutality, slyness, apparent kindness (cf Marine Le Pen and her love of cats and of the ‘little people’.) Apparently, Hitler was a vegetarian and very nice to his dog. And his “dearest” was devoted to him.

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Unrelated but still: Yesterday for the first time in four years of living here: two rats in the garden. Come from who-knows-where, driven by thirst, no doubt. I find them repellent. but since birds and neighborhood cats also come visiting, there can be no question of spreading rat poison around. The rat’s intelligence is well known. Doesn’t make it more appealing.

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The bookstore having received my copy of Chekhov’s The Black Monk, yesterday afternoon I went up the hill to get it, in the stifling heat. Impressive reading, even more so if you have had the opportunity of being in close contact with one or more persons with what we currently call “bi-polarity” – those extreme states of ecstasy and collapse – that Chekhov describes with stupefying accuracy. And the contrast that extends to the book cover, the contrast between the title and the tender pastels of an Edenic-like garden. “Treated” patients often express the terrible sadness and longing for the state of exaltation they no longer experience on lithium.

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Revision of the second episode of four in a short story; the episode could be titled “lying in order to survive”.

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