Exceptionnellement, je publierai deux articles aujourd’hui. Ceci d’abord:

Du 11 juillet 1969 au 11 juillet 1987: 18 ans, de la naissance jusqu’à ce qu’on appelle maintenant “l’âge adulte”.

De décembre 2004 à aujourd’hui: 18 ans sans être à nouveau réunies dans une même pièce (je garde le souvenir, notamment, de notre visite à une exposition d’icônes au palais des papes d’Avignon). Le contact affectueux s’est maintenu par correspondance jusqu’en 2017 lorsque le vent tourna et que je me transformai à ses dires en personne malveillante, source de tous les problèmes dans sa vie. Puis, une réponse hargneuse à une de mes lettres, suivie de silence radio après une autre, et déménagement sans fournir d’adresse.

Ma fille a donc 53 ans aujourd’hui et je ne sais pas où elle en est dans son parcours. Un revirement inattendu demeure toujours possible. Je n’exlus pas l’improbable; de là à compter dessus… Dans le fatras d’accusations contre moi et d’autres membres de la famille, je discerne évidemment les traces de faits véridiques au coeur d’extrapolations fantasmagoriques; mais aussi des éléments dont j’ignore l’origine. Des erreurs, j’en ai commises, bien sûr. La plus importante (du moins, à mes yeux): l’avoir traitée en adulte quand elle était encore enfant. Erreur dont se plaignent bien des enfants uniques d’une mère seule. Mais à ses yeux, il ne s’agit pas de maladresses mais de malveillance; ses problèmes de santé mentale, une sorte de médaille d’honneur; une rancune énorme alimentant un refus obstiné de me voir, de me parler, de m’écrire. Bref, je fais partie des personnes qu’elle a rayée de la carte. Je ne connais pas la nature précise des faits dont elle me tient encore rigueur, les accusations ayant énormément fluctué d’un jour à l’autre.

Pénible ? o combien. On s’y fait? Non. Refuser de s’attarder sur ce qui fait mal ne signifie pas ‘s’y faire’. L’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est le mal qu’elle s’inflige elle-même. Si elle y trouve une forme d’équilibre, tant mieux. Elle est née dans une famille où la ‘cancel culture’ existait bien avant ces mots pour la décrire; j’en suis un produit, et d’autres aussi.

11 juillet 2002. Je te souhaiterais volontiers un bon anniversaire, Ilana. Dans ton interprétation, même ces mots-là seraient probablement chargés de je ne sais quel intention toxique ?

Je les dis quand même: Bon anniversaire et meilleurs voeux de santé et de créativité constante, Ilana. Et merci pour l’aquarelle du temps où nous étions encore amies et où tu m’avais demandé sous quel oiseau j’aimerais être représenté.

Je parle rarement de ce canyon traversant ma vie. Une fois n’est pas coutume.

Exceptionally, I’ll publish twice today. This first:

From July 11 1969 to July 11 1987: 18 years from birth till what we currently call ‘adulthood’.

From December 2004 until today: 18 years without ever being together in the same room again (I recall, notably, our visit to an exhibition of icons at the Papal Palace in Avignon). Affectionate contact was maintained until 2017 when the wind turned suddenly and I became an evil person in her eyes, the source of all of her problems. Followed by a hateful response to one of my letters, silence in response to another, and a move with no forwarding address provided.

My daughter is thus 53 years old today and I have no idea how things stand for her. Unexpected reversals are possible. I rarely exclude the improbable without relying on it. In the mix of accusations against me and other members of her family, I can of course make out traces of factual elements amid the fantastical extrapolations they receive. I made mistakes, of course, the main one (in my eyes at least): treating her as an adult when she was still a child. (Something other people also report when they were brought up as the only child of a single parent). In her eyes at least, my mistakes become malevolence, her mental health issues become a kind of medal of honor, a huge resentment feeds an obstinate refusal to see me again, to speak to me, to write. In short, I belong to those people she has struck from the map. of human beings deserving any attention whatsoever. I have no idea what she currently begrudges as the accusations have fluctuated wildly over time.

Painful? and how. You get used to it? No. Refusing to dwell on something does not mean “getting used to it”. That’s not what matters most. What matters most is the harm she’s inflicted on herself. If she has managed to find some balance through this method, so much the better. She was born in a family where “cancel culture” existed before those words came along to describe it; I’m a product of it, and so are others.

July 11 2002. I would gladly wish you a Happy Birthday, Ilana. In your interpretation, even those words would probably be laden with who-knows-what toxic intent? I say them anyway: Happy Birthday and best wishes for health and ongoing creativity, Ilana. And thanks for the water color from the days when we were still friends and you had asked me under which bird I would like to be represented.

I rarely mention this “canyon” running through my life. Once does not a habit make.