
Heureusement, oh oui heureusement, il n’y a pas que les imbéciles, même si, malheureusement, plusieurs d’entre eux ont tendance à s’élever, comme cette écume grisâtre dans les premiers mouvements d’un bouillon en devenir.
Un vent fébrile ce matin. Tout s’agite dehors dans un air trop chaud, présage d’orage. Les mouches s’affolent; ça n’est pas de leur faute, mais ça énerve quand même.
Deuxième tour des élections législatives ici aujourd’hui. Le vote, supposé définir le fonctionnement d’une démocratie représentative – même si, dans certaines autocraties, ce “devoir sacré” est obligatoire – ce rituel supposé faire de “l’élu” le représentant de la “volonté du peuple”. Bien sûr, la désaffection du “peuple” pour cet exercice pose problème; problème essentiellement communicationnel puisqu’ils ne seraient plus qu’une poignée à s’y soumettre que le gagnant se proclamerait quand même représentant de la “majorité”. Dans certains cas – voir les Etats-Unis d’Amérique, l’auto-proclamée ‘plus grande démocratie du monde’, où les manoeuvres politiciennes se multiplient pour éliminer les électeurs indésirables – la frénésie entourant la sélection des candidats et leurs campagnes électorales sont de même nature que les divers tournois sportifs: des moments d’excitation et puis basta, retour à la véritable affaire des… affaires. A les entendre, seule une économie néo-libérale est susceptible de produire une démocratie. Que voulez-vous, les non-sens n’ont jamais étouffé les imbéciles, c’est malheureux mais c’est comme ça.
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En lisant un autre communiqué provenant des imbéciles, hier, j’ai été frappée de constater à quel point depuis, la tournure d’esprit fasciste a progressé de façon insidieuse pour venir faire son nid dans le langage employé quotidiennement lorsqu’il est question des “autres” – refugiés, immigrants, demandeurs d’asile, par exemple. Les supposés “illégaux” qui seraient, apparemment bien plus “dangereux” et en besoin de “traitement” que les grands pollueurs qui sont à l’origine de leurs malheurs, et des nôtres. Par exemple, la dernière “trouvaille” de Priti Patel en Grande-Bretagne (elle-même fille d’immigrants indiens qui avaient fui les représailles en Ouganda dans les années soixante). Non satisfaite de tenter des déportations forcées vers le Rwanda, voici que se propose l’usage – est-ce du bracelet ou du puçage comme pour les animaux ? – bref, du “traçage” électronique des “illégaux”. Les mots me manquent pour décrire mon dégoût, alors je n’essaierai même pas.
“Illégal”. Dans certains pays, le blasphème est illégal et entraîne la peine de mort. Dans d’autres – et parfois les mêmes – une femme se promenant sans son mari ou son frère est dans une illégalité lui valant le traitement réservé aux prostituées qui elles, ne sont à envier nulle part. Ici, pas plus tard qu’hier, des afghans rescapés d’Ukraine et qui y détenaient un permis de séjour en règle, sont déclarés indésirables et illégaux en France.
Voili voilou pour l’heure.
Heureusement, oh oui, il n’y a pas que des imbéciles (mais en faut-il vraiment autant pour “faire un monde”?).
Oh Mary don’t you weep, en effet. (Mais ce matin, la radio intérieure diffuse des nouvelles de Sal, cette bonne vieille mule. 15 miles on the Erie Canal…)
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Luckily, yes indeed, luckily, there are not only imbeciles out there, even though, unfortunately, many of them tend to rise, like that greyish scum on the first bubblings of a bouillon-in-the-making.
A frantic wind this morning. Everything shakes out there in the overheated air announcing a storm. The flies are going mad; it’s not their fault, but it’s annoying anyway.
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So, second and final stage of the legislative elections here today. The vote, supposedly defining the functioning of a representative democracy – even if, in some autocracies, that “sacred duty” is mandatory – a ritual supposed to transform the “elected” into the representative of the “people’s will”. Of course, the “people’s” disaffection for this exercise raises a problem; essentially one of communications since even if they were just a handful submitting to it, the winner would declare himself the representative of the “majority”. In some cases – see the United States of America, the self-proclaimed ‘greatest democracy in the world’, where political maneuverings have multiplied in order to eliminate undesirable electors – the frenzy surrounding the selection of candidates and their electoral campaigns are of the same nature as the various sports tournaments: moments of excitement and then, ho-hum, back to the real business of… business. According to them, a neo-liberal economy is the only one susceptible of producing a democracy. What can I say, nonsense has never stifled imbeciles, which is unfortunate but that’s how it is.
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Yesterday, while reading about another imbecile, I was struck by how brutally and profoundly, fascistic thinking has made its nest in the language used daily when there is talk of “others” – refugees, immigrants, asylum seekers, for example. The supposedly “illegal” ones, deemed more “dangerous” and in need of “processing” than the great polluters causing their misery and ours. For example, this latest “find” by Great Britain’s Home Secretary Priti Patel (herself the daughter of India-born immigrants who fled persecutions in Uganda in the sixties.) Not satisfied with attempting forced deportations to Rwanda, there is now the proposed usage of – are they electronic bracelets or microchips as for animals? – in short, electronic tracing of “illegals”. Words fail in describing my disgust so I won’t even try.
“Illegal”. In some countries, blasphemy is illegal and gets you a death sentence. In others – which are sometimes the same ones – a woman walking alone without her husband or her brother is committing an illegality earning her the treatment reserved to prostitutes whose fate is not enviable anywhere. Over here, no later than yesterday, Afghans who had escaped from Ukraine where they held residency permits, were declared undesirable and illegal in France.
So much, for the time being.
Luckily, oh yes, there are not only imbeciles. (But do we really need that many to “make a world”?)
Oh Mary, don’t you weep indeed. (But Sal, that good old mule, rules the inner airwaves, this morning. 15 miles on the Erie Canal...)