
L’Ukraine n’était pas invité, évidemment. Non, c’était à la bonne franquette, entre copains. Sergei tamisait la farine, Mevlüt rajoutait l’eau avant de laisser lever la pâte. “Un corridor, tu vois?” dit Sergei. “Toi, tu leur offres d’accompagner les vaisseaux jusqu’à chez toi. et puis après, ben…après, on voit à la distribution ensemble, hein? Ils se chargent du déminage et nous, croix de bois, croix de fer…oh, pardon, inch’ allah, god willing, on s’engage à ne pas leur foncer dessus, ces ordures de nazitude invertébré, qu’ils pourrissent tous en enfer.”
“Et s’ils refusent ?”
“Ils vont refuser, bien sûr. Tu vas voir le sort que les autres vont leur faire. “C’est ça, vous êtes prêt à laisser l’Afrique mourir de faim? Bande de colonisés sans coeur, sans un gramme d’humanité! L’Allemagne, la France, l’Italie, ces vils colonisateurs, je les vois déjà, avec leurs petites mains suppliantes…”
Mevlüt se tord de rire. “Arrête, arrête, Sergei, la tête que tu fais en disant ça. Je vais me pisser, là, arrête!”
Bref, un climat de franche camaraderie a prévalu lors de leur rencontre, climat qu’on ne trouve que chez les mafieux au long cours.
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Soit dit en passant, elle a bon dos, l’Afrique. Vous dites que la dé-colonisation à la russe, ça renouvelle un peu le genre ? Non, pas vraiment.
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tambouilles franco-françaises : Alors que j’écris ces lignes, en France…« …la moitié des réacteurs sont à l’arrêt, douze sont frappés par un problème de corrosion de tuyaux des circuits de refroidissement... » pendant que le président imagine déjà le paysage parsemé de six à quatorze installations nucléaires additionnelles, pâquerettes annonciatrices de temps zheureux. Et toute la cour d’applaudir ah qu’il est beau, ah qu’il est brillant.
L’avenir sera radieux et irradié. Macron et cie s’en foutent, l’avenir c’est toujours plus loin qu’aujourd’hui, n’est-ce pas?
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Entrevue avec l’écrivain Joseph Andras. Concernant la violence, notamment : “On ne parle presque jamais…de la violence qui éveille “la violence”. De la terreur d’Etat, de la terreur légale, de la terreur parlementaire, de la terreur par temps de “paix”. À lire sur Kedistan.
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L’écriture se poursuit à la main autant que possible pour accorder un répit au pouce droit souffrant de tendinite (le petit geste répétitif pour avancer le curseur, vous voyez ?)
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Mais oui ! Je me demandais ce qui m’avait inspiré l’idée d’utiliser cette illustration: c’est la lecture du billet d’André Markowicz sur facebook où il parle des ‘porteurs de balais’ dans les prisons russes où le dit balai est utilisé pour identifier les “soumis”. Et je me suis rappellée la chanson de ma jeunesse : “c’est pas l’affaire des filles d’embrasser les garçons, mais c’est l’affaire des filles de balayer la. maison, de balayer la maison la destinée, la rose au bois, de balayer la maison, de balayer la maison; quand la maison est propre, tous les garçons y vont...” et cetera (donnant l’occasion aux filles de re-balayer après leur départ.)
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Ukraine was not invited, of course. No, this was a come-as-you-are between buddies. Sergei was sifting the flour, Mevlüt adding water before letting the dough rise. “A corridor, see?” said Sergei. “You offer to accompany their ships to your place. Afterwards, well…afterwards, we see to the distribution together, huh? They handle the de-mining and us, cross my heart I hope to…oh, sorry, inch’ allah, god willing, we swear we won’t jump on their invertebrate nazitudinal scum, may they rot in hell.”
“What if they refuse?”
“Of course, they’ll refuse! You’ll see what their others will do to them. “How can you let Africa die of hunger? Bunch of heartless colonizers with not a gram of humanity! Germany, France, Italy, I see them already, those vile colonizers with their little hands joined in supplication.”
Mevlüt shakes with laughter. “Oh stop, stop, Sergei, the look on your face when you say that. I’m going to piss myself, stop it!”
In short, a spirit of jolly friendship prevailed at their meeting, one only found between averred mafiosi of long standing.
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In passing, Africa is such a convenient scapegoat. De-colonization Russian style is a bit of a change ? Not really.
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Arrangements franco-French style: as I write these words, in France “…half the nuclear reactors are stopped, twelve of them showing a corrosion problem in the pipes controlling the cooling circuits...” while the President already imagines the landscape dotted with six to fourteen additional nuclear power plants like pretty daisies promising happier days. And the courtiers to applaud, ah how handsome he is, and how brilliant too.
The future will be radiant and irradiated. Macron & Co couldn’t care less, the future is always further off than today, isn’t it?
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An interview with writer Joseph Andras. About violence, notably: “...there is rarely any mention of the violence that provoked “the violence”. State terror, legal terror, parliamentary terror, terror in times of ‘peace‘. In English, on Kedistan.
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Writing by hand continues in order to give the tendinitis-afflicted right thumb a break as often as possible (the slight repetitive bar-press to move the cursor along, you see?)
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But of course! I was wondering what had inspired my urge to use this image as illustration: it was reading André Markowicz’s post on facebook about how the Russians use brooms in prison to determine which of the prisoners will be “submissive”. And this brought back memories of a song from my childhood that say: “it’s not girls’ business to kiss the boys; but it’s their business to sweep the floor; when the floor is swept, all the boys traipse in…” (giving the girls an opportunity to sweep up all over again after they leave.)