
Dans un article annonçant l’envoi à l’Ukraine de lance-roquettes britanniques, on pouvait lire l’ajout des mots “au risque d’irriter le Kremlin encore davantage.” Le tout laissant l’impression que le monde entier devrait se comporter comme des petits enfants terrifiés à la vue de l’ogre dans les contes. Remarquez, il en a bien les comportements et ce, jusqu’à la caricature.
Est-ce à dire que la menace nucléaire brandie par le Kremlin ne me fait pas peur ? Non, j’ai peur, comme toute autre personne sensée. Peur au point de dire “ouh lala, nos dirigeants doivent convaincre les ukrainiens qu’il est temps de négocier leurs morts, leurs disparus, leurs kidnappés, leurs violés, leurs torturés, leurs territoires perdus, leurs villes détruites…” ? Non. Considérons les choses: “l’ogre” s’amuse déjà à faire survoler des installations nucléaires ‘pacifiques’, au risque de déclencher un incident mortel (qu’il s’empresserait d’offrir à résoudre pour mieux accuser les ukrainiens de vouloir détruire leur propre pays); pendant ce temps notre excité du bocal local rêve de rajouter quatorze (14) installations nucléaires sur un territoire comptant déjà des centrales signalées comme dangereuses pour causes de corrosion. Sans parler des bombinettes “légèrement radioactives”, déjà d’utilisation fréquente par les Etats-Uis (comment douter qu’il en soit de même pour la Russie?) En plus des autres puissances nucléaires, en plus des sites d’enfouissement, déclarés ou non, et le risque qu’ils représentent pour les générations futures, s’il devait y en avoir (de générations futures).
Alors, peur, oui, mais surtout refus absolu d’accepter le règne des “ogres” comme une fatalité éternelle sur l’humanité et sur toutes les entités vivantes sujettes à sa volonté.
Car une telle acceptation est la garantie d’une” destruction de la structure physique du monde”, définition que l’écrivain Daniil Harms donnait d’un miracle en 1939, sans se douter que le “miracle” qu’il décrivait ne prendrait pas la forme de morts ressuscités, mais bien du contraire.
Cela dit, le seul “miracle” qui m’intéresse c’est celui de la lucidité l’emportant sur la bêtise. On a assez de preuves du contraire quotidiennement pour avoir de quoi s’occuper dans la “structure physique” telle qu’elle existe.
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In an article announcing shipment to Ukraine of British rocket-launchers, one could read the additional words “risking further provoking an already irritated Kremlin.” Goodness. This left the impression that the whole world should act like small children terrified at the sight of the ogre in the tales. Mind you, he does behave like one, to the point of being cartoonish.
Does this mean the nuclear threat brandished by the Kremlin does not frighten me? No, I am afraid, as are all people equiped with common sense. Afraid to the point of saying “oy oy oy, our leaders must convince the Ukrainians the time has come to negotiate over their dead, their disappeared, their kidnapped, their raped, their tortured, their lost territories, their destroyed towns…”? No. Considering the matter : the “ogre” is already playing at having his pilots fly over ‘peaceful’ nuclear installations, at the risk of setting off a deadly incident (he could then rush in, offering to resolve the matter, the better to blame Ukrainians, accusing them of wishing to destroy their own country); while our local fever brained one dreams of adding fourteen (14) nuclear-powered installations on a territory already counting stations signalled as dangerous because of corrosion. This is without mentioning the “nuclear-lite” bomblets already in use by the USA (this being the case, who can doubt that Russia is also doing the same?). Plus the other nuclear-equiped powers, plus the burial sites of radioactive waste, declared and undeclared, and the risk they represent for future generations, should such (future generations) come to be.
So fear, yes, but more to the point, an absolute refusal to accept the reign of “ogres” as an eternal fatality imposed on mankind and all the living entities subjected to its will.
Because such an acceptance guarantees the “destruction of the physical structure of the world”, the definition Russian writer Daniil Harms gave in 1939 of what a miracle consists of, without realizing that the “miracle” he was describing would not take the shape of the dead ressuscitating, but the exact opposite.
That said, the only “miracle” that interests me is that of lucidity winning out on stupidity. We have enough daily evidence to the contrary to keep us occupied in the “physical structure” as it exists.