
Je n’ai pas de télé. Les émissions à qui gueulera le plus fort, je ne les connais que par de petits extraits que certains amis mettent en ligne. Le principe semble être le même partout: gueuler plus vite et plus fort que les autres, en balançant les injures les plus tonitruantes et, à défaut d’un quelconque scandale avéré, insinuer l’existence de trucs immondes “qui se sauront bien, un jour.”
Je n’ai pas retenu le nom de la femme qui s’en prenait de cette façon au président ukrainien. Parce qu’on en a marre de leur guerre à la con, éructe la dame. On a mieux à faire, nous, comme d’assommer et de gazer tout ce qui bouge vu qu’en démocratie, il n’y a pas de violence policière, c’est le président qui l’a dit.
La bauge, comme modèle social. Plus ça pue, mieux c’est – en paroles, bien sûr, on imagine sans peine les hurlements si les loges de ces messieurs-dames n’étaient pas im-pec-cables (mais il y a des migrantes pour s’en occuper, pendant que monsieur ou madame déblatère contre elles à plein tube en studio.)
(L’illustration présentant la bouille de Monsieur-Madame, en surplomb du message du jour. Il s’efface tout seul en prévision du suivant.)
*
Encore un peu de Ce qui s’est vraiment passé au Paradis ?
Allez :
Mais, bof, Adam s’en désintéressait déjà.
Dieu prit donc le temps de redescendre dans le temps et d’activer sa vision accélérée, montrant toutes les fois qu’il tenterait d’améliorer cette création-ci (un créateur se faisant fort d’utiliser les imperfections dans son ébauche pour rendre l’oeuvre plus intéressante – eh oui, Dieu étant parfait, il inclut l’imperfection, ce que les théologiens ont tendance à oublier).
Bref, il constata que toutes ses tentatives de faire comprendre les choses à cet imbécile s’avérerait vaine et ne ferait qu’envenimer les choses. Et la conclusion de tout ça serait…mouais.
Alors, il fit tomber toutes les feuilles des arbres – sauf d’un seul – et dit: « Adam, je vois que tu t’emmerdes à cent sous de l’heure; alors pour te distraire, je te propose de ré-épingler les feuilles sur les arbres, à intervalles réguliers; ça fera passer le temps puisque tu sembles t’y trouver mal à l’aise. Je te signale qu’il n’est pas nécessaire de toucher à l’arbre sous lequel je t’ai installé avec ta compagne. C’est l’arbre de vie et il est immortel. Tu n’y touches pas, il n’a pas besoin de ton aide. Il peut t’apprendre bien des choses, tant que tu le laisses tranquille. Allez hop, grouille-toi un peu. »
Et Adam regarda autour de lui. Il vit que tous les arbres avaient perdu leurs feuilles. Il se mit à les ramasser, à remarquer comment elles étaient différentes, selon les espèces. Le jeu était assez intéressant – de les recueillir, les observer, les ranger, les nommer, les analyser, les catégoriser, puis, les ré-épingler sur les arbres…
Sauf que pendant ce temps, c’était au tour de sa compagne de s’emmerder ferme à regarder pousser ses ongles de doigts et d’orteils, sans même se rendre compte qu’elle inventait le calcul sur la base 10, elle restait assise, sous l’arbre de vie. Les bébés humains n’ayant pas encore été inventés puisque Dieu avait voulu en laisser la surprise à Adam et Eve, elle découvrait le temps, et ignorante de tout, elle le trouvait long.
Signalons tout de suite que l’histoire du pommier, c’est une fiction, et la pomme aussi. Le serpent, lui, était bien réel. Il s’approcha en zigzagant et dit à Eve: « dis donc, il vous a bien largués le grand chef, hein? Allez, dit-il, que je te crée un autre monde, et puis tiens, des humains, ça serait une trouvaille. Allez hop et que je te crée des humains. Et que je file créer un autre monde, vu que j’ai des idées à l’infini. Je le connais, oh, je le connais depuis longtemps. Et je te parie qu’il a mis une petite interdiction quelque part, non? C’est son truc, une petite contrainte ou un interdit. De dire: tout est à toi, tu profiteras de tout, tant et aussi longtemps que tu ne toucheras pas à ceci ou que tu n’écouteras pas celui-là. Evidemment, il te plante le désir de l’interdit, tu vois ? Très malin. Ça marche souvent, mais pas toujours. Il y en a qui sont aussi malins que lui et qui disent: ah ouais ? Je ne peux pas toucher ? Rira bien qui rira le dernier. J’en suis et s’il s’imagine que ça m’embête de zigzaguer dans les hautes herbes, il devrait l’essayer lui-même. Par contre ton mec, Adam ? Il est trop con pour braver l’interdit divin, n’est-ce pas, alors que toi, tu es du genre intelligence supérieure, oui, ou je me trompe ? Je te vois, je constate que ça pétille dans le regard. Alors, tu y crois vraiment à son truc de pas-touche à l’arbre? Pendant qu’Adam, lui, il est tellement occupé à découvrir la botanique qu’il ne pense même plus à explorer les possibilités des petites graines que le papa peut mettre dans le ventre de la maman…oui, je vois que tu ne comprends pas non plus. Pas grave, ça viendra. Notamment, si tu touches à l’arbre pas-touche, ça devrait te permettre de déniaiser Adam un peu.
Il a raison, le serpent. Eve n’est pas trop bête. Naïve, peut-être, un peu trop tendance à faire confiance – pourquoi lui voudrait-on du mal quand elle ne sait même pas ce que c’est ? Et puis, c’est vrai que cette interdiction est bizarre. D’abord, si on ne doit pas toucher à l’arbre, pourquoi l’installer ici, au beau milieu de l’espace et le rendre plus magnifique que tous les autres réunis ? « Tu le connais depuis longtemps, tu dis ? » Demande-t-elle au serpent.
« Oh oui. Je suis l’une de ses toutes premières créations dans la zone spatio-temporelle. » Le serpent ricane un peu.
Eve le regarde. Elle est en voie de découvrir la perplexité.
« Pas grave, » dit le serpent. « Je me comprends. Alors kess ten di ? »
Eve ne répond pas tout de suite. Regarde l’arbre de vie. C’est vrai qu’il est très beau.
Suite un autre jour.
*
I don’t own a tv. Shows about who will yell the loudest, I only know through brief excerpts some friends share online. The principle seems to be the same everywhere: yelling louder and faster than the others, while throwing out the most thundering insults and, in the absence of some averred scandal, insinuating the existence of disgusting stuff “that will come out, some day.”
I did not jot down the name of the woman attacking the Ukrainian president in this manner. Because we’re fed up with their stupid war, says the woman, and we have better things to do such as bludgeoning and tear-gassing people because in a democracy, there is no such thing as police violence, the president said so.)
The wallow, as social model. The stinkier the better – in words, of course, one can easily imagine the howls of these ladies and gents if their makeup rooms weren’t im-pec-cable (but there are migrant women to handle that while madame or monsieur badmouths them full blast in the studio.)
(The illustration shows the mug of Madame-Monsieur, above the day’s message. It self-erases, to make room for the next one.)
*
A bit more of What Truly Happened in the Garden of Eden?
Let’s do it:
But ho-hum, Adam was losing interest already.
God took the time to come down into time again and to activate his fast-forward vision, showing all the times when he would attempt to improve this here creation (a creator makes a point of using the imperfections in his first draft in order to make the work more interesting – yes, God being perfect, he also includes imperfection, something theologians tend to forget.)
In short, he realized that all his attempts to explain stuff to humans would be in vain and would only make matters worse. And the conclusion to the whole thing would be…yeah, well…
So he had all the leaves on the trees fall off – except on one of them – and said : « Adam, I see you’re bored witless; so in order to provide a distraction, I suggest you re-pin all the leaves on the trees, at regular intervals; it will move time along, since you don’t seem to be comfortable in it. I simply add that there’s no need to touch the tree under which I installed you and your companion. It’s the tree of life and it is immortal. You don’t touch it, it has no need of your help. It can teach you quite a few things, as long as you leave it alone. OK, up up up, get a move on. »
And Adam looked around. He saw that all the trees had lost their leaves. He started gathering them up, noticing how they were different, depending on the kind. The game struck him as interesting – the gathering, the observations, the naming, the analyzing, the categorizing and then, pinning them back up on the trees…
Except that, during that time, it was his companion’s turn to be bored stiff from watching her finger and toe nails grow, without even realizing she was inventing arithmetic on the base 10, she kept sitting under the tree of life. Human babies hadn’t been invented yet since God had wanted to leave the surprise to Adam and Eve, she was discovering time, and ignorant of everything, she found it long.
Let’s note immediately that the story about the apple tree is a fiction, and so was the apple. While the snake was as real as real can be. He zigzagged his way up and said to Eve: « wadda you know, the big chief’s left you high and dry, eh? Come on, he says, I’m gonna create another world and, hey while I’m at it, humans, that would be a new twist. And zippedee do, I create some humans. And off I go to create another world, since I have an infinity of ideas. I know him, oh I’ve known him for quite a while. And I bet he put some prohibition somewhere, no? That’s his thing, a small constraint or something forbidden. Saying something like: everything is yours, you’ll take advantage of everything, so long as you don’t touch this or that. Obviously, he’s implanting the desire for the forbidden, you see? Very clever. It often works, but not always. Some are just as clever as he is and they say: oh yeah? I’m not allowed to touch it? We’ll see who gets the last laugh. I’m one of those and if he thinks it bothers me, having to zigzag through the tall grasses, he should give it a try himself. On the other hand, that guy of yours, Adam? He’s too stupid to trespass a divine prohibition whereas you, you’re the superior intelligence type, am I right or am I right? I see you, I notice the sparkle in your eye. So, do you really believe his business about don’t-touch-the-tree? While Adam is so busy discovering botany that he doesn’t even think about exploring the possibilities offered by little seeds the daddy puts into the mommy’s tummy…right, I see you don’t understand either. Doesn’t matter, you’ll learn. Notably, if you touch the don’t-touch tree, that should help you teach Adam a thing or two.
The snake is right. Eve isn’t too stupid. Naive, perhaps, with a bit of a tendency to be too trusting – why would someone want to hurt her when she doesn’t even know what that means? Plus, it’s true, this prohibition is bizarre. And first of all, if they mustn’t touch the tree, why put it in the middle of the space and make it somuch more magnificent than all the others combined? « You say you’ve known him for a long time? » She asks the snake.
« Oh yeah. I’m among the very first of his creations in the spatio-temporal zone. » The snake snickers a bit.
Eve looks at it. She’s in the process of discovering perplexity.
« Doesn’t matter, » says the snake. « I understand myself. So wadda you say? »
Eve doesn’t answer right away. Looks at the tree of life. It truly is very very beautiful.
To be continued another day.