
Certains aspirent au pire par défi ou par inconscience; d’autres, par désespoir, par cynisme ou par une logique tordue qui voudrait que le pire soit la voie sacrée vers le meilleur. Ils sont sans doute déçus ce matin, alors que nous nous en réchappons de justesse avec le moins pire qui représente en lui-même une situation aberrante dans laquelle le candidat élu aspire à la création d’un parti unique en franche opposition à la légitimité des voix d’opposition dans une république supposément démocratique. Quant à sa “stratégie de campagne”, dans une commune comme la mienne, elle se solde par un score miroir quasiment inverse des chiffres pour l’ensemble du territoire: ici, Le Pen a récolté 51,91% des voix et Macron, 48,09%. Le bilan est sans doute le même dans d’autres communes durement touchées par le libéralisme triomphant de Monsieur Macron et de ses affidés.
Car le pire n’est pas loin. J’en veux pour preuve le document glaçant que j’ai traduit en français hier, à partir de la traduction anglaise effectuée par un groupe de bénévoles ukrainiens. Publié par l’agence officielle russe RIA Novosti le 3 avril dernier, il détaille le plan de campagne, non seulement à l’encontre de l’Ukraine mais contre la “superpuissance occidentale” dont le “nazisme,” selon lui, surpasse et de loin son expression hitlérienne. Non seulement la “dénazification” de l’Ukraine doit déboucher sur sa disparition, toujours selon ce document, mais les ukrainiens doivent souffrir en vue de leur “rédemption” de leur culpabilité d’avoir considérés la Russie comme une ennemie; leur mort ou leur transfert dans des camps de “travail et de ré-éducation” étant des conséquences inévitables de leur “culpabilité”. Cette “disparition” de l’état ukrainien étant, il va sans dire, une étape dans la défaite du “nazisme” de la superpuissance occidentale. Les quatre derniers paragraphes du document résument l’état d’esprit dans lequel les décisions se prennent dans le régime du Kremlin. Il devrait suffire à soulager Monsieur Macron de ses hésitations à décrire l’action du Kremlin en Ukraine comme s’agissant d’un “génocide”:
“….Afin de mettre en pratique le plan de dénazification de l’Ukraine, la Russie elle-même devra se séparer des illusions pro-européennes et pro-occidentales, se reconnaître en tant qu’autorité finale pour la protection et la préservation des valeurs de l’Europe historique (le Vieux Monde) méritant d’être préservées et que l’Occident a abandonné, se mettant lui-même hors-jeu. La lutte s’est poursuivie durant le 20e siècle, s’exprimant dans la guerre mondiale et la révolution russe, liées de façon inextricable.
La Russie a fait tout en son pouvoir afin de sauver l’Occident au 20e siècle. Elle instaura le principal projet occidental offrant une alternative au capitalisme, et qui battait les états-nations – le projet socialiste rouge. Il écrasa le Nazisme allemand, ce rejeton monstrueux de la crise de la civilisation occidentale. L’acte final d’altruisme russe fut la main de l’amitié tendue pour laquelle elle reçut le coup monstrueux dans les années 90.
Tout ce que la Russie a fait pour l’Occident, elle l’a fait à ses propres dépens, en faisant les plus grands sacrifices. L’Occident a rejeté ces sacrifices au bout du compte, sous-estimé la contribution de la Russie à la solution de la crise occidentale, et décidé de se venger de la Russie pour son aide désintéressée. Dorénavant, la Russie suivra sa propre voie, sans s’inquiéter du sort de l’Occident, se fiant à une autre partie de son héritage – le leadership dans le processus mondial de la décolonisation.
Comme partie de ce processus, la Russie possède un haut potentiel pour des partenariats et des alliances avec des pays que l’Occident a opprimé pendant des siècles et qui n’accepteront plus son joug. Sans les sacrifices et les efforts de la Russie, ces pays n’auraient jamais été libérés. La dénazification de l’Ukraine est en même temps une décolonisation, ce que la population de l’Ukraine devra comprendre en commençant à se libérer de l’intoxication, de la tentation et de la dépendance au soi-disant choix européen.”
Timofeï Sergeïtsev, Que devrait faire la Russie de l’Ukraine? , RIA Novosti, 3 avril 2022
À ce sujet, on peut lire aussi, ma traduction de l’article du 8 avril 2022 du professeur Timothy Snyder, décrivant en quoi “le livret génocidaire de la Russie” établit la preuve des atrocités et de leur intentionnalité :
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Le livret génocidaire de la Russie
La preuve des atrocités et de leur intentionnalité augmente
Par Timothy Snyder
8 avril 2022
La Russie vient de publier un livret consacré au génocide que représente sa guerre contre l’Ukraine. L’agence de presse officielle de la Russie « RIA Novosti » a publié dimanche dernier (3 avril) un programme explicite détaillant l’élimination complète de la nation ukrainienne en tant que telle. Le document est encore disponible, et a fait l’objet de plusieurs traductions en anglais.
Comme je l’affirme depuis le début de la guerre, le terme de « dénazification » dans son usage officiel russe signifie simplement la destruction de l’état et de la nation ukrainienne. Comme l’explique le livret, un « Nazi » est tout simplement un être humain qui s’identifie en tant qu’ukrainien. Selon le livret, l’établissement d’un état ukrainien il y a une trentaine d’années représentait « la nazification de l’Ukraine ». En effet, « tout tentative de construire un tel état » se devait d’être un acte « Nazi ». Les ukrainiens sont des « Nazis » parce qu’il refusent d’accepter « la nécessité pour le peuple de soutenir la Russie. » Les ukrainiens doivent souffrir en raison de croire qu’ils existent en tant que peuple distinct; seule cette souffrance peut les mener à la « rédemption de leur culpabilité. »
S’il y a encore des gens qui croient que la Russie de Poutine s’oppose à l’extrême droite en Ukraine ou ailleurs, le programme génocidaire offre une occasion de reconsidérer la question. Le régime russe de Poutine parle de « Nazis » non pas parce qu’il s’oppose à l’extrême droite, ce qui n’est très certainement pas le cas, mais en tant qu’élément de rhétorique justifiant une guerre non provoquée et des politiques génocidaires. Le régime de Poutine est d’extrême droite. Il représente le centre mondial du fascisme. Il soutient les fascistes et les régimes autoritaires d’extrême droite à travers le monde. En transformant la signification de mots tels que « Nazi », Poutine et ses propagandistes sont à créer davantage d’espace rhétorique et politique pour les fascistes en Russie et ailleurs.
Le livret sur le génocide explique que la politique russe de « dénazification » n’est pas dirigée contre les Nazis dans le sens habituel que l’on accorde à ce mot. Le livret affirme, sans la moindre hésitation, qu’il n’y a aucune présence importante de Nazis en Ukraine, dans le sens habituel du terme. Il s’applique plutôt à la définition russe spéciale d’un « Nazi »: un Nazi est un ukrainien qui refuse d’admettre qu’il est un russe. Le « Nazisme » en question est « amorphe et ambivalent »; par exemple, il faut pouvoir voir sous le monde des apparences afin de décoder les affinités pour la culture ukrainienne ou pour l’Union européenne comme étant du « Nazisme ».
La véritable histoire des Nazis véritables et de leurs crimes avérées dans les années 30 et 40 est donc totalement hors de propos et mis de côté. Ceci est complètement en accord avec la guerre que la Russie mène en Ukraine. Il n’y a pas une larme de verser au Kremlin sur le meurtre de survivants de la Shoah par des russes, ou sur la destruction par les russes de monuments commémorant la Shoah, parce que les juifs et la Shoah n’ont rien à voir avec la définition russe de « Nazi ».
Sur la base de cette définition absurde, où les Nazis doivent être des ukrainiens et les ukrainiens se doivent d’être des Nazis, la Russe ne peut pas être fasciste, quoiqu’elle fasse. Ce qui est bien pratique. Si « Nazi » se voit assigné la signification de « ukrainien qui refuse d’être russe », il s’ensuit qu’aucun russe ne peut être un Nazi. Puisque, pour le Kremlin, être un Nazi n’a rien à voir avec l’idéologie fasciste, des symboles tel que le swastika, des mensonges grossiers, des rallyes, une rhétorique d’épuration ethnique, des guerres d’aggression, des enlèvements d’élites, des déportations de masse et les meurtres en masse de civils, sont choses permises aux russes sans jamais avoir à se demander s’ils ne sont pas du mauvais côté de l’Histoire. C’est ainsi que l’on trouve les russes en train d’instaurer des politiques fascistes au nom de la « dénazification ».
Le livret russe est l’un des documents les plus ouvertement génocidaires qu’il m’ait été donné de voir. Il appelle à la liquidation de l’état ukrainien et à l’abolition de toute organisation ayant une quelconque association avec l’Ukraine. Il pose en postulat que « la majorité de la population » en Ukraine est « Nazi », du fait d’être des ukrainiens. (Il s’agit de toute évidence d’une réaction à la résistance ukrainienne; au lancement de la guerre, la supposition était qu’il n’existait que quelques ukrainiens et qu’ils seraient facilement éliminés. Ceci apparaît clairement dans un autre texte publié par RIA Novosti, la déclaration de la victoire du 26 février). Ces gens, « la majorité de la population », c’est-à-dire plus de vingt millions de personnes, doivent être tuées ou envoyées dans des « camps de travail » pour s’expurger de leur culpabilité de ne pas aimer la Russie. Les survivants seront soumis à la « ré-éducation ». Les enfants seront élevés pour être des russes. Le nom ’Ukraine’ disparaîtra.
Ce livret génocidaire serait apparu à un autre moment et sur une plateforme plus obscure, il aurait peut-être échappé à l’attention. Mais il a été publié au centre même du décor médiatique russe pendant une guerre de destruction russe, légitimée par l’affirmation du chef d’état russe que la nation voisine n’existait pas. It a été publié le jour même où le monde apprenait les meurtres de masse d’ukrainiens commis par les russes.
Le livret génocidaire russe fut publié le 3 avril, deux jours après la première révélation selon laquelle des militaires russes en Ukraine avaient assassiné des centaines de personnes à Bucha et juste au moment où la nouvelle atteignait les principaux journaux. Le massacre de Bucha fut l’un de plusieurs cas de tuerie de masse à émerger avec le retrait des troupes russes de la région de Kyiv. Cela signifie que le programme génocidaire fut publié en pleine connaissance de cause au moment où les preuves concrètes de génocide émergeaient. Le rédacteur et les éditeurs choisirent ce moment spécifique pour rendre public un programme pour l’élimination de la nation ukrainienne en tant que telle.
En tant qu’historien des meurtres de masse, j’aurais du mal à trouver d’autres exemples où les Etats annoncent explicitement la nature génocidaire de leurs propres actions au moment même où de telles actions deviennent de notoriété publique. D’un point de vue juridique, l’existence d’un tel document (dans le contexte plus large d’autres affirmations similaires et des négations répétées de Vladimir Poutine concernant l’existence même de l’Ukraine) justifie d’autant l’accusation de génocide. Juridiquement parlant, le génocide s’applique à des actions visant la destruction entière ou partielle d’un groupe humain, assortie à une intention avouée d’agir ainsi. La Russie commet les actes et avoue son intention.
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There are some who crave the worst from defiance or lack of awareness; others, out of despair, cynicism or through a twisted logic that considers that the worst is the sacred path to the best. They must be disappointed this morning here in France, as we have narrowly escaped with the less worse which is in itself an aberrant situation in which the elected candidate aspires to the creation of a single party, in frank opposition to the legitimacy of voices of opposition in a supposedly democratic republic. As for his “campaign strategy” in a town like mine, it leads to a score that is almost a reversed mirror image of the numbers for the entirety of the territory: Here, Le Pen garnered 51,91% of votes and Macron, 48,09%. The results are probably similar in other towns heavily affected by the triumphant liberalism of Monsieur Macron and his faithful.
For the worst is not far removed. As evidence of this, I see the chilling document published by Russia official agency, RIA Novosti, on April 3rd which I translated into French from the English translation done by a group of Ukrainian volunteers. Not only does the booklet detail the campaign underway in Ukraine, but also against the “Western superpower” whose “Nazism” in this view greatly surpasses that of its Hitlerian manifestation. Still according to this booklet, not only must Ukraine’s “denazification” lead to its disappearance, but Ukrainians must suffer for their “redemption” from the guilt of having considered Russia as an enemy. Their death or transfer to “labor and re-education camps” being the inevitable consequences of their “guilt.” It goes without saying that this “disappearance” of the Ukrainian State is a stage in the defeat of the Western superpower’s “Nazism”. Which really should relieve Monsieur Macron of his hesitancy in applying the word “genocide” to what is occurring in Ukraine:
“...In order to put the Ukraine denazification plan in practice, Russia itself will have to finally part with pro-European and pro-Western illusions, acknowledge itself as the last authority in protecting and preserving those values of historical Europe (the Old World) that deserve to preserve and that the West ultimately abandoned, losing the fight for itself. This struggle continued throughout the 20th century and found its expression in the world war and the Russian revolution, which were inextricably linked with each other.
Russia did everything possible to save the West in the 20th century. It implemented the main Western project that constituted an alternative to capitalism, which defeated the nation-states – the Socialist red project. It crushed German Nazism, a monstrous offspring of the crisis of Western civilization. The last act of Russian altruism was its outstretched hadn of friendship, for which it received a monstrous blow in the 1990s.
Everything that Russia has done for the West, it has done at its own expense, by making the greatest sacrifices. The West ultimately rejected all these sacrifices, devalued Russia’s contribution to resolving the Western crisis, and decided to take revenge on Russia for the help that it had selflessly provided. From now on, Russia will follow its own way, not worrying about the fate of the West, relying on another part of its heritage – the leadership in the global process of decolonization.
As part of this process, Russia has a high potential for partnerships and alliances with countries that the West has oppressed for centuries and which are not going to put on its yoke again. Without Russian sacrifice and struggle, these countries would not have been liberaated. The denazification of Ukraine is at the same time its decolonization, which the population of Ukraine will have to understand as it begins to free itself from the intoxication, temptation, and dependence of the so-called European choice.”
(Final paragraphs in Timofey Sergeytsev’s booklet What Must Russia Do With Ukraine? published by RIA Novosti on April 3rd 2022)
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I first heard of this booklet through the following post on professor TImothy Snyder’s newsletter:
Russia’s genocide handbook
The evidence of atrocity and of intent mounts
| Timothy SnyderApr 8 | 20939 |
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Russia has just issued a genocide handbook for its war on Ukraine. The Russian official press agency “RIA Novosti” published last Sunday an explicit program for the complete elimination of the Ukrainian nation as such. It is still available for viewing, and has now been translated several times into English.
As I have been saying since the war began, “denazification” in official Russian usage just means the destruction of the Ukrainian state and nation. A “Nazi,” as the genocide manual explains, is simply a human being who self-identifies as Ukrainian. According to the handbook, the establishment of a Ukrainian state thirty years ago was the “nazification of Ukraine.” Indeed “any attempt to build such a state” has to be a “Nazi” act. Ukrainians are “Nazis” because they fail to accept “the necessity that the people support Russia.” Ukrainians should suffer for believing that they exist as a separate people; only this can lead to the “redemption of guilt.”
For anyone still out there who believes that Putin’s Russia opposes the extreme right in Ukraine or anywhere else, the genocide program is a chance to reconsider. Putin’s Russian regime talks of “Nazis” not because it opposes the extreme right, which it most certainly does not, but as a rhetorical device to justify unprovoked war and genocidal policies. Putin’s regime is the extreme right. It is the world center of fascism. It supports fascists and extreme-right authoritarians around the world. In traducing the meaning of words like “Nazi,” Putin and his propagandists are creating more rhetorical and political space for fascists in Russia and elsewhere.
The genocide handbook explains that the Russian policy of “denazification” is not directed against Nazis in the sense that the word is normally used. The handbook grants, with no hesitation, that there is no evidence that Nazism, as generally understood, is important in Ukraine. It operates within the special Russian definition of “Nazi”: a Nazi is a Ukrainian who refuses to admit being a Russian. The “Nazism” in question is “amorphous and ambivalent”; one must, for example, be able to see beneath the world of appearance and decode the affinity for Ukrainian culture or for the European Union as “Nazism.”
The actual history of actual Nazis and their actual crimes in the 1930s and 1940s is thus totally irrelevant and completely cast aside. This is perfectly consistent with Russian warfighting in Ukraine. No tears are shed in the Kremlin over Russian killing of Holocaust survivors or Russian destruction of Holocaust memorials, because Jews and the Holocaust have nothing to do with the Russian definition of “Nazi.” This explains why Volodymyr Zelens’kyi, although a democratically-elected president, and a Jew with family members who fought in the Red Army and died in the Holocaust, can be called a Nazi. Zelens’kyi is a Ukrainian, and that is all that “Nazi” means.
On this absurd definition, where Nazis have to be Ukrainians and Ukrainians have to be Nazis, Russia cannot be fascist, no matter what Russians do. This is very convenient. If “Nazi” has been assigned the meaning “Ukrainian who refuses to be Russian” then it follows that no Russian can be a Nazi. Since for the Kremlin being a Nazi has nothing to do with fascist ideology, swastika-like symbols, big lies, rallies, rhetoric of cleansings, aggressive wars, abductions of elites, mass deportations, and the mass killing of civilians, Russians can do all of these things without ever having to ask if they themselves on the wrong side of the historical ledger. And so we find Russians implementing fascist policies in the name of “denazification.”
The Russian handbook is one of the most openly genocidal documents I have ever seen. It calls for the liquidation of the Ukrainian state, and for abolition of any organization that has any association with Ukraine. It postulates that the “majority of the population” of Ukraine are “Nazis,” which is to say Ukrainians. (This is clearly a reaction to Ukrainian resistance; at war’s beginning the assumption was that there were only a few Ukrainians and that they would be easily eliminated. This was clear in another text published in RIA Novosti, the victory declaration of 26 February.) Such people, “the majority of the population,” so more than twenty million people, are to be killed or sent to work in “labor camps” to expurgate their guilt for not loving Russia. Survivors are to be subject to “re-education.” Children will be raised to be Russian. The name “Ukraine” will disappear.

Had this genocide handbook appeared at some other time and in a more obscure outlet, it might have escaped notice. But it was published right in the middle of the Russian media landscape during a Russian war of destruction explicitly legitimated by the Russian head of state’s claim that a neighboring nation did not exist. It was published on a day when the world was learning of a mass murder of Ukrainians committed by Russians.
Russia’s genocide handbook was published on April 3, two days after the first revelation that Russian servicemen in Ukraine had murdered hundreds of people in Bucha, and just as the story was reaching major newspapers. The Bucha massacre was one of several cases of mass killing that emerged as Russian troops withdrew from the Kyiv region. This means that the genocide program was knowingly published even as the physical evidence of genocide was emerging. The writer and the editors chose this particular moment to make public a program for the elimination of the Ukrainian nation as such.
As a historian of mass killing, I am hard pressed to think of many examples where states explicitly advertise the genocidal character of their own actions right at at the moment those actions become public knowledge. From a legal perspective, the existence of such a text (in the larger context of similar statements and Vladimir Putin’s repeated denial that Ukraine exists) makes the charge of genocide far easier to make. Legally, genocide means both actions that destroy a group in whole or in part, combined with some intention to do so. Russia has done the deed and confessed to the intention.