
le rêve n’a rien d’étonnant, vu la quantité de faussetés dans laquelle nous baignons tous et toutes : je tentais de raconter le jour où deux avions avaient percuté les tours à New York, à des gens qui n’en savaient rien et qui me disaient ‘ben voyons, c’est des bobards, une scène de film-catastrophe que tu as vu et que tu prends pour la réalité.”
En effet, vu la réalité en question, scepticisme et déni semblent être les réactions les plus ‘sensées’. Quelques exemples ? Après une chronique dans The New York Times prétendant que Jésus Christ s’est littéralement ressuscité d’entre les morts, juste à côté d’un article décrivant les attitudes à la Mussolini de Trump et la façon dont des candidats politiciens se comportent autour de lui comme “des crabes luttant dans un panier” aux dires d’un commentateur – puis, un article s’interrogeant à savoir comment le personnel militaire brutalisé pouvait se comporter de façon si horrible dans les zones de combat -proposant la Tchétchénie, la Syrie et l’Ukraine en illustration. Après qu’on les ait entraînés à passer outre à tout réflexe humain de respect pour soi-même et pour les autres, on devrait être choqué par cette formation initiale, non? Des siècles à glorifier tel drapeau plutôt que tel autre, à élever les petits garçons à admirer le fait de tuer des ‘ennemis’, et les petites filles à servir de proies pour les vainqueurs, il est évident que la côte vers le bon sens est abrupte, à n’en pas douter. On imagine sans difficulté le rictus cynique du ministre britannique Rees-Mogg répliquant à l’archevêque horrifié par le scandale de la déportation de réfugiés vers le Rwanda qu’en fait, il s’agit ‘presque d’une belle histoire de rédemption pascale’.
Le but ultime de l’intox n’étant pas de produire la version la plus crédible de l’histoire, mais celle qui sera la plus susceptible d’accroître la brume dans le cerveau, le désarroi et l’apathie qui en résulte.
Il n’empêche, chers amis du monde onirique: le 11 septembre 2001, deux avions ont bel et bien percuté intentionnellement deux tours à New York et aucune résurrection ne s’ensuivit. Nous ne sommes pas au théâtre, malheureusement, et les morts ne se relèvent pas pour aller boire un pot avec les copains, ni rigoler entre eux sur la crédulité des imbéciles.
Mais boudu, que l’écriture devient difficile lorsque les humains donnent la honte au diable lui-même.
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the dream has nothing astonishing about it, seeing the quantity of falsehoods in which we swim through daily, all of us: I was attempting to explain the day two planes struck towers in New York to people who knew nothing about it, and they told me “oh come on, those are fakes, a scene from a disaster-movie you saw and mistook for reality.”
In view of what is served up as reality, skepticism and denial do appear to be the most ‘sensible’ reactions. A sample? An opinion piece in The New York Times this morning, claiming that Jesus Christ really and truly rose from the dead, up against an article describing Trump’s Mussolini-like behavior and his hold on political candidates behaving like ‘crabs scrambling in a bucket’, as one commentator says – this after an article wondering how brutalized military personnel could behave so awfully in combat zones – Chechnya, Syria, Ukraine providing examples. After having every normal human reflex of self-respect and respect for others trained out of them, we should be shocked about that initial training, no? Centuries of glorifying this flag over that other one, of raising little boys to admire the killing of ‘enemies’, and little girls to serve as prey for the victors, the hill toward common sense is steep indeed, no doubt about it. One can easily imagine the cynical sneer on minister Rees-Mogg’s face when he responds to the archbishop horrified by the scheme for the deportation of refugees to Rwanda that it is “almost an Easter story of redemption”.
The whole point in intox not being to spew the most believable story but rather the one best suited at increasing brain fog, dismay and the ensuing apathy that sets in.
Notwithstanding, dear friends from the dream world: on September 11 2001, two planes did ram intentionally into two towers in New York and no resurrections followed. We are not at the theater, unfortunately, and the dead do not rise to go have a drink with their buddies, nor a good laugh over the idiots’ gullibility.
But gosh, how difficult writing becomes when humans put the devil himself to shame.